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«Tout le monde en parle»: Simon Jolin-Barrette défend les «double-standards» de la CAQ en matière de laïcité

Le ministre a aussi défendu sa controversée réforme sur l'immigration.
Simon Jolin-Barrette était invité à TLMEP, lors de l'émission du dimanche 17 février, pour parler d'immigration et de laïcité.
Karine Dufour/Radio-Canada
Simon Jolin-Barrette était invité à TLMEP, lors de l'émission du dimanche 17 février, pour parler d'immigration et de laïcité.

La laïcité de l'État et le crucifix à l'Assemblée nationale, interdire les signes religieux dans les écoles publiques et non les écoles privées: le ministre de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette, se défend de manquer de cohérence dans un autre projet de loi qui s'annonce controversé.

De passage à l'émission dominicale Tout le monde en parle, le ministre a été questionné tant sur sa réforme en matière d'immigration et sur les 18 000 dossiers qui seront bientôt jetés à la poubelle, mais aussi sur sa future loi sur la laïcité.

«La position qui a toujours été défendue par la CAQ avant la campagne électorale, pendant la campagne électorale et après, c'est le fait d'interdire le port des signes religieux chez les personnes en position d'autorité - juges, gardiens de prison, policiers, procureurs - plus les enseignants», a affirmé M. Jolin-Barrette sur ce dernier point.

«Ce n'est pas uniquement l'interdiction des signes religieux, mais c'est le fait d'inscrire dans nos lois, pour la première fois au Québec, que l'État du Québec est un État laïc», a-t-il ajouté.

«Avec un crucifix à l'Assemblée nationale...» a mentionné l'animateur Guy A. Lepage.

«Ça, c'est un autre débat», a répliqué M. Jolin-Barrette.

«C'est le même débat, en fait», a renchéri M. Lepage.

«Oui et non. Vous savez, ça a pour certains un aspect patrimonial, le crucifix, c'est un objet historique», a fait valoir le ministre, qui dit que certaines écoles de sa circonscription portent fièrement la croix.

«Le Québec s'est sécularisé au cours des 50 dernières années, a-t-il poursuivi. Là, il est temps qu'on l'inscrive dans nos lois et qu'on dise que la laïcité est l'une des valeurs de la société québécoise, autant que l'égalité entre les femmes et les hommes.»

L'État sera officiellement laïc, mais le crucifix à l'Assemblée nationale est là pour rester, semblerait-il.
La Presse canadienne
L'État sera officiellement laïc, mais le crucifix à l'Assemblée nationale est là pour rester, semblerait-il.

Or, les enseignants au privé n'auront pas à se soumettre à ces nouveaux standards de la Coalition avenir Québec (CAQ), si l'on en croit le premier ministre François Legault. Son ministre responsable du dossier s'en remet à ses paroles.

«Il y a une réalité distincte que ce ne sont pas des employés de l'État. Ce sont des établissements qui sont privés, malgré le fait qu'ils soient subventionnés. Mais le premier ministre souhaite qu'on aille dans cette direction-là», a déclaré M. Jolin-Barrette.

«Je vais vous en faire une prédiction: avant les prochaines élections, vous allez avoir les cheveux gris!» s'est exclamé le fou du roi, Dany Turcotte, pour détendre l'atmosphère.

Le cas des 18 000 dossiers

Depuis le dépôt de son projet de loi sur l'immigration, les personnes derrière les quelque 18 000 dossiers qui seront annulés dénoncent cette situation qu'ils trouvent injuste et cruelle. Mais le ministre de l'Immigration ne s'est pas laissé émouvoir de passage à TLMEP.

«Durant trop longtemps, les gens qu'on accueillait au Québec, on ne les accueillait pas sur les bases des besoins du marché du travail au Québec, a-t-il justifié. Il y a beaucoup de gens qui ont été accueillis au Québec au cours des dernières années et qui ne se trouvaient pas d'emplois à la hauteur de leurs compétences.»

S'il convient que le Québec «recommence à zéro» dans le cas des 18 000 dossiers, il invite ces personnes à «déposer rapidement leur demande» dans le nouveau portail Arrima.

Le ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion aura un rude printemps avec les réformes en matière d'immigration et de laïcité.
La Presse canadienne
Le ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion aura un rude printemps avec les réformes en matière d'immigration et de laïcité.

Sous les précédents gouvernements, on acceptait tout le monde, dans le fond.

Or, il n'est pas garanti que ces personnes qui déposent leur déclaration d'intérêts dans Arrima - un nouveau système mis en place par les libéraux - recevront une «invitation» du Ministère pour appliquer pour venir au Québec.

«Sous les précédents gouvernements, on acceptait tout le monde, dans le fond. Tout le monde pouvait déposer un dossier et premier arrivé, premier dossier traité, explique M. Jolin-Barrette. Maintenant, ce qu'on fait, c'est qu'on sélectionne [davantage les immigrants].»

«On dit aussi aux gens qui ont déposé leur demande: "Vous pouvez réappliquer dans le portail Arrima et on va traiter votre demande si vous répondez au marché du travail."»

Ceux qui habitent déjà au Québec, parlent français et occupent un emploi au Québec peuvent appliquer au Programme de l'expérience québécoise, qui leur permet d'obtenir leur Certificat de sélection du Québec dans un délai de 20 jours ouvrables.

Il est à noter, cependant, que ce programme ne s'applique pas aux personnes qui étudient présentement au Québec, mais qui n'ont pas déjà un diplôme québécois en poche.

Langue de bois 101

Évidemment, Guy A. Lepage ne pouvait pas laisser M. Jolin-Barrette partir sans le faire réagir sur un segment de l'émission de fin d'année 2018 d'Infoman où le premier ministre Legault dit que son ministre de l'Immigration peut parler 10 minutes sans rien dire.

«Simon, il est capable de parler pendant dix minutes sans donner de nouvelle, sans rien dire finalement. Et moi je lui demande de donner des cours aux autres.»
Capture d'écran/Infoman 2018
«Simon, il est capable de parler pendant dix minutes sans donner de nouvelle, sans rien dire finalement. Et moi je lui demande de donner des cours aux autres.»

«Dans mon ancienne vie, j'étais avocat, a répondu le principal intéressé. Donc on est habitués d'aller à la cour et de plaider et de convaincre le juge. On a du temps. Les avocats sont habitués de facturer, ça fait que...»

«Blague à part, quand on arrive en politique, il y a la réalité des médias où il faut expliquer le tout en 15 secondes, 30 secondes pour être dans la clip. C'est difficile de faire toutes les nuances», a-t-il affirmé.

«Alors c'est vrai que je parle beaucoup. Mais j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur!»

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