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«Carnets de fuite»: le voyage de reconstruction de la comédienne Éliane Gagnon

«Les gens croyaient que j’avais tout pour moi, mais je souffrais. La souffrance ne se voit pas toujours à l’œil nu...»
Courtoisie

Éliane Gagnon a connu le succès alors qu'elle était toute jeune avec l'archipopulaire émission Ramdam. Le 27 février 2017, la comédienne fait une sortie publique qui ébranle dans les pages d'Urbania. Son texte coup-de-poing relate ses 20 années de dépendance à l'alcool et à la drogue. Celle qui célébrera ses trois ans de rétablissement (un terme qu'elle préfère à sobriété) le 27 février prochain lance aujourd'hui Carnets de fuite, un livre rempli d'espoir «pour toutes les personnes souffrant d'un mal d'être».

Au-delà de la fuite

Éliane Gagnon avait besoin de plus que deux ou trois pages pour écrire son histoire et parler du vide ressenti par une personne aux prises avec des troubles de dépendance. Elle devait «mettre cela en plus de mots», d'autant plus que l'écriture fait partie de sa vie depuis si longtemps.

Ce premier livre qu'elle rêvait d'écrire depuis l'âge de 8 ans, l'interprète de Kim Bellavance l'a écrit pendant qu'elle était enceinte de son fils, dans l'espoir «d'ouvrir les cœurs et d'aider les gens qui en ont besoin à se reconnaître dans la partie destruction, mais aussi dans la partie lumière.»

«Car il n'y a pas juste de la noirceur, ajoute-t-elle. Il y a aussi de la lumière. Avec ce livre, je veux propager l'espoir et toucher les gens qui vivent ce que j'ai vécu en leur montrant qu'il y a quelque chose de mieux qui les attend.»

Ce n'est ni un journal intime, ni une autobiographie qu'elle souhaitait ainsi livrer, mais bien une œuvre artistique, penchant légèrement dans l'autofiction (mais si peu, assure-t-elle, 92% du récit étant biographique) à travers ses deux personnages alter ego de Lili-Destroy (l'ego destructeur qui se trouve en elle) et de Lili-Love.

«Cela me permettait d'amener le lecteur dans un voyage, car je voulais offrir aux gens un moment avec eux-mêmes où ils pourraient se retrouver et voyager avec moi à travers toutes ces fuites.»

Des fuites, aussi géographiques qu'artificielles, bien reliées à son rêve de devenir une grande actrice internationale. D'où les nombreux voyages, la fuite de Montréal qu'elle imaginait comme la source de tous ses maux, et ce séjour aux États-Unis.

«Je ne regrette rien, car c'est là que j'ai compris que j'avais un problème, explique-t-elle. Avec le temps, je me suis finalement rendu compte que mon cœur est à Montréal. Il n'y a plus la honte des vieux jours, c'est derrière.»

Éditions Libre Expression

La meilleure version de soi-même

Pour la comédienne, la publication de ce livre – placé sur les tablettes le 30 janvier dernier - marque plusieurs anniversaires : celui du passage du temps, de sa troisième année de rétablissement à venir, de la naissance de son fils qui aura 3 mois le jour d'avant, soit le 26 février et du Défi 28 jours sans alcool de la Fondation Jean Lapointe, dont elle est ambassadrice.

«Mon livre est une lecture qui peut aider des gens qui font le défi - ou pas - à faire des prises de conscience, dit-elle. En prenant conscience de nos maux, on a plus de chance de s'en sortir et d'aller chercher l'aide, les ressources adéquates et les bonnes personnes pour nous aider à cheminer. Les fuites sont tellement différentes et tellement nombreuses, il n'y a pas que l'alcool.»

Pour elle, cette envie de devenir la meilleure version d'elle-même passe aujourd'hui à travers la non-consommation et la sobriété.

«L'abus de substances se transforme souvent en dépendance, mais cela reste de la destruction pure et dure. Quelqu'un qui abuse comme je l'ai fait, cela vient d'un manque d'amour envers soi-même. C'est ce que j'ai vécu et je sais que cela peut résonner dans le cœur des gens, des jeunes, des moins jeunes et même des mamans qui vivent cela en regardant leur enfant. Je trouve cela bien universel comme sujet. Je me disais : il faut en parler, il faut mettre des mots sur cela.»

Elle avoue avoir trouvé difficile de relire ses vieux carnets et tous ses écrits, elle qui voit comme sa bête noire sa capacité à gérer ses émotions.

«J'ai bu et j'ai beaucoup consommé pour geler mes émotions. En revisitant des histoires et des souffrances du passé, des regrets, des chicanes, il est certain que cela est venu jouer dans les bobos. Mais, en même temps, cela fait tellement du bien de juste écrire, de mettre cela sur papier et de tourner la page.»

Malgré les embûches et les années de dépendances, Éliane Gagnon affirme qu'elle ne changerait rien si on lui donnait la possibilité de revenir en arrière. Elle se dit reconnaissante des chances qu'on lui a accordées et des gens avec qui elle a travaillé ayant contribué à la faire grandir «comme être humain, comme actrice et comme créatrice».

«Je réalise la chance que j'ai eue d'avoir eu ce parcours-là pour pouvoir aujourd'hui parler publiquement de cette problématique et de cet enjeu.»

«Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être arrivée quelque part de paisible, d'être retournée dans le royaume qui m'était destiné, moi qui fais souvent référence aux contes de fées. Par contre, je reste très consciente que le chemin n'est pas terminé. Et pour tout être humain, j'ose croire que le processus d'évolution émotionnelle, spirituelle et physique n'est jamais fini, sinon ce serait vraiment, mais vraiment plate.»

Carnets de fuite d'Éliane Gagon est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies.

La comédienne et conférencière est aussi fondatrice de Soberlab, une plate-forme numérique faisant la promotion d'une sobriété cool et accessible à tous.

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