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«Astérix: le secret de la potion magique»: la recette du succès

«Uderzo a trouvé qu’on allait un peu loin en évoquant la succession de Panoramix...»
Les Films Séville

Quatre ans après le carton du Domaine des dieux, le plus célèbre des Gaulois moustachus revient au cinéma pour de nouvelles aventures animées. Basé sur un scénario original (une première depuis Les douze travaux d'Astérix sorti en 1976) et coréalisé (comme le précédent film) par Louis Clichy et Alexandre Astier, Le secret de la potion magique a déjà rencontré un franc succès lors de sa sortie en France.

L'histoire? Parti cueillir du gui (plante sans laquelle il est impossible de préparer une bonne potion magique), Panoramix fait une chute et réalise, par Toutatis, qu'il est peut-être maintenant temps pour lui de prendre une retraite bien méritée. Avec ses fidèles compagnons Astérix et Obélix, le druide à la barbe blanche se lance alors dans un périple à travers la Gaule pour tenter de trouver un jeune successeur capable de préparer le mythique breuvage qui donne une force surhumaine à quiconque en boit une gorgée (ou est tombé dedans quand il était petit).

60 ans et pas une ride

«Avec Alexandre (Astier), on voulait partir d'une histoire originale», explique Louis Clichy, en entrevue avec le HuffPost Québec. «Mais il n'a pas forcément été facile de convaincre tout le monde qu'on pouvait s'éloigner un peu de l'univers des bandes dessinées. Albert Uderzo était également persuadé qu'on ne pouvait plus faire de nouvelles histoires. De son point de vue, toutes les recettes autour d'Astérix avaient été plus ou moins écoulées.»

À la lecture du scénario, le célèbre auteur de BD - qui a créé le héros au casque ailé avec son compère René Goscinny - a surtout eu un choc en découvrant que Clichy et Astier étaient prêts à envoyer Panoramix à la retraite. Et pour cause: dans l'univers d'Astérix, les personnages ne vieillissent pas. En 60 ans d'existence, les irréductibles Gaulois n'ont pas pris une ride et résistent, avec toujours autant de véhémence, à l'envahisseur romain.

«Uderzo a trouvé qu'on allait un peu loin en évoquant la succession de Panoramix, raconte Louis Clichy. La temporalité est absente des BD. Astérix a toujours le même âge, un peu comme Bart Simpson aura toujours le même âge. Dans le film, on suggère que Panoramix va peut-être mourir. Ce qui n'a pas trop plu à Uderzo. On a pu s'accrocher un peu sur le sujet, mais ça n'a jamais été tendu non plus entre nous. On l'a vu une bonne dizaine de fois pendant qu'on faisait le film.»

Du reste, après la sortie du Secret de la potion magique, qui a pris l'affiche en France début décembre, Uderzo n'a pas manqué de féliciter Clichy et Astier pour leur travail. De son côté, le public a répondu largement présent. En à peine cinq semaines d'exploitation dans l'Hexagone, le film a réuni pas moins de 3,47 millions de spectateurs, un record qui a fait de cet Astérix-là le dessin-animé le plus vu de la saga.

Une potion au goût de Kaamelott

En plus de plaire aux petits comme aux grands, Le secret de la potion magique a rassemblé les inconditionnels de la première heure d'Astérix comme les fans de l'humour verbal de la série médiévale à succès d'Astier, Kaamelott, par ailleurs en cours d'adaptation au cinéma. «Alexandre a certainement amené son humour dans le film, un peu comme Alain Chabat a pu le faire avec Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre», souligne Louis Clichy.

Le secret de la potion magique introduit une bonne dose de fantaisie historique chez les Gaulois, tout en dépoussiérant un mythe apparu pour la première fois dans les pages du magazine Pilote en 1959. Comme Chabat à l'époque, Astier et son fidèle complice se sont aussi amusés à jouer avec les suffixes latins pour concocter des noms hilarants, tel Climatoseptix (sans doute un cousin Gaulois éloigné de Donald Trump) ou encore Sulfurix, l'ex-druide banni et grand vilain de l'histoire qui complote avec Jules César pour faire main basse sur la potion magique.

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Une pincée de féminisme

Dans la lignée du mouvement #MeToo, le film ajoute aussi une pincée de féminisme dans un univers jusqu'ici dominé par des «môssieurs» qui bombent le torse. Une gamine ingénieuse, Pectine, se retrouve propulsée au cœur de l'intrigue, même si elle doit, pour cela, se faire passer pour un garçon. Et en l'absence des hommes partis chercher un nouveau druide, ce sont les femmes qui ont la lourde tâche de défendre le village face aux Romains.

«Les femmes et un artiste lyrique», précise Louis Clichy, en référence à l'insupportable (mais attachant) barde Assurancetourix, personnage incontournable de la saga. «Quand on relit les BD, ça reste un monde très masculin, un truc de guerriers, où les femmes sont toujours un peu en retrait. Du coup, ça nous plaisait avec Alexandre d'en faire des guerrières, et de les transformer en amazones.»

Une animation «à la française»

Dans l'univers d'Astérix, les affrontements avec les Romains ont toujours été légions. La tradition est perpétuée par les grands chefs Astier et Clichy avec de nouvelles distributions de gifles savoureuses au menu et, en dessert, une grande bataille qui voit l'armée de César troquer son habituelle formation «en tortue» pour un déploiement nettement moins académique digne des Transformers de Michael Bay. Une scène grandiose qui aurait certainement pu avoir sa place dans une superproduction hollywoodienne.

«Même si on n'a pas des budgets aussi importants que les grands studios américains d'animation, on peut quand même pousser les choses à un niveau intéressant», confie Louis Clichy qui s'est fait la main, comme animateur, en travaillant pour Pixar sur Wall-E et Là-haut. «Animer un personnage qui parle français n'a rien à voir avec animer un personnage qui parle anglais, ajoute-t-il. Faire un film en langue anglaise peut être un moyen de toucher un plus grand public. Nous, on a résisté sur les deux films (Le domaine des dieux et Le secret de la potion magique) pour les faire en français. Ça permet de conserver un style d'animation bien français.»

Réalisé par Louis Clichy et Alexandre Astier, Astérix: le secret de la potion magique prend l'affiche le 15 février au Québec.

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