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«La force insoupçonnée du réconfort» de Joël Legendre: écrire pour se guérir

«J'étais pris avec tout ce que j'ai vécu et tout ce que j'ai appris ces quatre dernières années...»
Andréanne Gauthier

Raconter la reconstruction et non la démolition : voilà ce que Joël Legendre a eu envie de faire en rédigeant La force insoupçonnée du réconfort. Des écrits qui n'étaient initialement pas voués à la publication, qui se sont tranquillement transformés en un livre de croissance personnelle truffé de pensées, de conseils, d'histoires et de réflexions sur le thème du réconfort. Quatre ans après l'enquête journalistique qui l'a forcé à se retirer des projecteurs et à plonger au plus profond de lui-même, c'est un Joël Legendre tout en lumière et en douceur qui propose ici des pistes de solutions tirées de son histoire. Rencontre avec un homme nouveau.

Ce livre n'est pas une biographie ni un retour sur ce qui vous est arrivé en 2015. Les gens qui voudraient en savoir plus à ce sujet seront déçus n'est-ce pas?

«La première phrase du livre parle de cette journée où j'ai été confronté à moi-même et à cette épreuve qui m'attendait dans le détour; ce moment de vie où je devais prendre soin de moi, me réveiller et avoir une vie beaucoup plus équilibrée. Pour moi, tout tournait autour de l'équilibre qui ne peut pas venir si on a des blessures qui ne sont pas guéries. Ma plus grande blessure était la honte que je traîne depuis que je suis tout petit. Une honte qui venait de mon sentiment d'être différent, que je sentais dans ma tête d'enfant et qui a creusé un fossé. Lorsque j'ai été reconnu pour mes talents, cela a effacé cette honte-là. C'est ce qui fait que cela est devenu excessif et il a fallu que la vie me ramène à l'essence de qui je suis vraiment. C'est de là que part le livre. Ce n'est pas une biographie, c'est un livre de psychologie et de développement personnel me permettant de revenir sur le passé et de voir mon cheminement depuis quatre ans.»

Pour qui avez-vous écrit ce livre? Principalement pour vous-même, comme une sorte de thérapie?

«Tout à fait. À vrai dire, ce n'était même pas destiné à être un livre. En juillet dernier, je me suis réveillé en pleine nuit avec le mot réconfort en tête et cela résonnait tellement fort en moi que je me suis rendu à mon bureau et je me suis mis à écrire. Sur le réconfort venant des autres (essentiel dans une situation de doute ou de tristesse) et sur le réconfort que l'on se porte à soi-même. J'ai ensuite cherché sur Internet et je n'ai rien trouvé de publié portant sur le réconfort comme tel. On ne peut s'imaginer à quel point c'est fort, le réconfort, à quel point ça peut nous donner des ailes et nous extirper d'un sable mouvant dont on pense ne jamais pouvoir sortir. J'ai voulu en faire un thème d'écriture et laisser le tout comme un lègue à mes enfants, parce que j'ai moi-même vu mes parents et ma grand-mère passer à travers des épreuves et s'en sortir. Je les ai vus avoir envie de s'en sortir. L'exemple des gens qui sont ''des survivants'' m'a inspiré à montrer à mes enfants que leur père a été capable de se relever et de se servir des épreuves pour devenir un meilleur être humain.»

Les Éditions de l'Homme

Vous dites à la fin de votre livre que l'écriture a donné un sens véritable à tout ce que vous avez vécu ces dernières années.

« Quand il se passe des choses plus grandes que nous (un malheur qui nous arrive, un drame à surmonter, une gaffe qu'on a faite, un comportement qui était inapproprié), on se demande ce qu'on a fait pour arriver à cela ou pourquoi la vie nous met face à quelque chose de si difficile. Le fait d'écrire m'a rendu fier d'une honte que j'avais. C'est là que cela a donné un sens à ce que j'avais vécu, de me dire que je vais peut-être inspirer une personne qui vit quelque chose de difficile. J'étais pris avec tout ce que j'ai vécu et tout ce que j'ai appris ces quatre dernières années (avec les thérapeutes que j'ai rencontrés, ma famille, mes enfants) qui était dans mon cœur et qui n'inspirait que moi; le fait de l'écrire a donné un sens à ce que j'ai vécu en pouvant le partager avec d'autres.»

Pourquoi maintenant et pourquoi l'avoir écrit sous cette forme, soit un livre de croissance personnelle?

«Quatre ans, c'est le temps que ça m'a pris pour mettre le doigt sur les blessures que j'avais à guérir ainsi que sur la leçon de vie que j'avais à apprendre. En analysant chaque partie de moi-même, cela a donné ce petit outil. Comme je n'écrivais pas pour être publié, je n'étais pas pressé de l'écrire. Comme j'avais adoré mes lectures des livres de croissance personnelle de Nicole Bordeleau, qui m'ont fait tellement de bien, je suis allé cogner à sa maison d'édition (Les Éditions de l'Homme) pour leur présenter ce livre dans lequel j'ai mis beaucoup d'amour et de tendresse.»

Vos parents, votre conjoint, vos enfants, votre amie mère porteuse... Ce sont tous des gens qui vous ont réconforté. Ce livre se veut un peu un hommage à eux, j'imagine?

«C'est sûr que c'est un hommage, mais c'est aussi une façon de démontrer la chance qu'on a dans la vie d'être bien entouré. Ma mère m'a toujours dit : ''Moi je n'ai pas investi dans l'immobilier, j'ai investi dans mes relations''. Elle n'est jamais mal prise et a des amis à travers le monde. C'est ce que j'avais perdu ces dernières années en investissant tout dans ma carrière. J'ai vu qu'en quelques jours tu peux tout perdre. C'est un métier d'image alors quand tu ne corresponds plus à cette image, tu t'en vas. Heureusement, je fais toujours ce métier et j'en suis reconnaissant, mais je ne le fais plus de la même façon : ça fait partie de ma vie, mais ce n'est plus toute ma vie.»

Andréanne Gauthier

Vous parlez des médias sociaux et des critiques dans votre livre. Vous dites que vous lisez les commentaires négatifs et méchants en vous disant que ces gens sont probablement plus malheureux que vous. Ce doit être un exercice vraiment difficile...

«Maintenant, je suis capable de le faire. Juste avant d'aller regarder, il faut vraiment se protéger en étant conscient qu'on s'apprête peut-être à lire des commentaires qui seront bons et des commentaires qui seront méchants. Les commentaires qui sont bons, je les prends, et les commentaires méchants, je les prends aussi, mais je vais retourner cela en pensant à la personne qui l'a écrit. Ça ne nous est jamais adressé à nous : la personne ne fait que parler de ce qu'elle ressent, d'où elle est rendue dans SON cheminement de vie. Quelqu'un qui envoie promener des gens sur les réseaux sociaux le fait parce qu'elle ne s'aime tellement pas elle-même qu'elle déverse sa haine sur quelqu'un d'autre. Quand tu es heureux et amoureux, tu ne vas pas écrire des vacheries sur les réseaux sociaux. Parfois, je récris à la personne de façon gentille et 90% du temps, les gens sont finalement heureux d'être entendus et changent d'opinion.»

Que souhaitez-vous que les gens retiennent de ce livre?

«Dans ce livre, j'y suis allé de réflexions, de confidences, de lectures inspirantes et d'histoires. C'est un livre sur «apprendre à se relever», sur le fait de se dire qu'en tant qu'être humain, c'est normal de tomber et c'est normal d'avoir deux choix lorsqu'on tombe : s'en aller le plus loin possible en fuyant ce qui nous arrive ou décider de se lever doucement en allant chercher tranquillement en soi – avec l'aide de nombreuses personnes – ce qui ne marche pas. C'est ce que j'ai décidé de faire et je pense que cela peut inspirer certaines personnes. En fait, j'ai voulu que ce livre soit une ode au réconfort, comme un câlin quand on en a besoin.»

Avec ce livre, avez-vous l'impression d'avoir tourné définitivement la page sur ce qui vous est arrivé en 2015?

«C'est clair, ce livre est un peu la fin de tout cela. Je n'aurais pas été obligé d'écrire ce livre pour tourner la page, je pense qu'elle était déjà tournée. Mais j'ai poussé plus loin en choisissant d'écrire sur cela et d'en reparler. Mon désir d'inspirer les gens et de prouver qu'il est possible de passer à travers quelque chose et d'en tirer le meilleur était plus fort que mon désir de taire tout cela en continuant. J'avais besoin de le faire pour moi et je voulais le faire aussi pour mes enfants. Si chaque personne qui avait gaffé dans sa vie était restée dans sa solitude et sa tristesse, on n'aurait jamais eu vent de gens qui sont maintenant inspirants, car ils sont capables de tout. On a tous des épreuves à vivre et on n'est pas obligés de les exposer, mais parfois cela permet de se guérir, et tant mieux si cela peut aider les autres.»

La force insoupçonnée du réconfort de Joël Legendre est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies.

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