POLITIQUE - Son entourage ne voit vraiment pas où est le problème. Qu'Emmanuel Macron accueille au château de Versailles -pour le sommet Choose France- 150 patrons des plus grandes entreprises mondiales (Microsoft, Uber, Coca, HSBC, Heineken, BMW, Nokia, Samsung...) au surlendemain de l'acte X des gilets jaunes et alors que le grand débat national vient de débuter ne provoque aucune inquiétude dans ses équipes sur le décalage que cela pourrait créer dans l'opinion publique.
"Qu'il passe trois heures pour dire à ces investisseurs 'venez créer des emplois dans nos territoires' n'est pas incohérent dans le contexte actuel", fait valoir l'Élysée où l'on pense au contraire que renforcer l'attractivité de la France fait partie des réponses à apporter à la crise que connaît le pays. "Quand des grands groupes viennent en France, ce sont des emplois dans les territoires. C'est pour cela qu'on se bat pour qu'il y ait des investissements en région", ajoute-t-on de même source.
Malgré le mouvement des gilets jaunes, il n'a jamais été envisagé de reporter cette deuxième édition du sommet à laquelle 25 ministres (dont le premier d'entre eux, Édouard Philippe) participeront. Il n'a même pas été question de changer le lieu, même si le symbole peut faire débat. "L'an passé, nous avons fait le choix de Versailles pour attirer les personnalités dans un lieu emblématique du patrimoine français dont on sait qu'il donne envie. Comme nous sommes à la recherche d'une certaine récurrence, il nous paraissait logique de recommencer ici. Peut-être changerons-nous dans le futur", indique prudemment un conseiller du chef de l'Etat.
Macron va donner "des gages" aux entreprises
Cette opération séduction à la veille du forum économique mondial de Davos prend un sens encore plus décisif pour cette année. Douze mois plus tard, Emmanuel Macron n'est toujours pas parvenu à se débarrasser de l'étiquette de président des riches qui lui collait déjà à la peau en janvier 2018. Plus largement, alors qu'il était encore vu l'an passé comme celui qui pourrait réformer la France et tirer l'Europe dans son sillage, le voici à présent englué dans un marasme dont on peine à imaginer l'issue et qui interroge dans le monde entier.
"L'an passé, on était encore porté par le 'France is back'. Aujourd'hui, on est à un moment où il faut lancer l'acte II du quinquennat", souligne l'Élysée qui annonce un triple message du président de la République. Il rappellera le constat qu'il fait de cette crise: si elle s'exprime pendant son quinquennat, elle serait le fruit de décennies de problèmes. Il "donnera des gages" sur le fait que le cap ne changera pas à l'issue du grand débat, et notamment au sujet de la fiscalité qui continuera d'encourager l'investissement. Et enfin, il répétera la nécessité de faire "émerger un nouveau modèle" au niveau mondial, "comme il l'a souhaité lors de son discours l'an passé à Davos ou à la tribune des Nations unies".
Mais l'Elysée ne semble pas véritablement préoccupé par une éventuelle perte d'attractivité de la France en raison des remous de la période. Certes, des patrons ont fait part de "leurs interrogations sur la magnitude de la contestation et l'omniprésence de celle-ci dans les médias ou sur leur sécurité en France" mais Emmanuel Macron se rassure par des études économiques. L'une réalisée tout début 2019 par Kantar pour Business France auprès "de 600 leaders d'opinion" tend à prouver que le mouvement des gilets jaunes n'a pas d'impact décisif, six cadres dirigeants étrangers sur dix considérant toujours que l'attractivité de la France s'est améliorée depuis 18 mois.
"L'image et l'attractivité d'un pays sont des notions complexes qui ne s'apprécient ou ne se déprécient pas au gré d'événements circonscrits", tente-t-on de se rassurer dans l'entourage présidentiel. Contrairement à l'image du chef de l'Etat qui, elle, s'est considérablement dégradée depuis un an.
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