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«Les honorables»: Kevin Houle et les défis d'interpréter le pervers narcissique Tristan Rabeau

«Mon personnage est si arrogant et psychorigide qu'on se demande quand il va exploser...»
Courtoisie/Club illico

«Il se peut que l'épicerie ne soit pas facile ce mois-ci», lance en riant le comédien Kevin Houle. Une petite inquiétude venant avec un premier grand rôle à la télévision, soit celui de Tristan Rabeau, le vilain de la série Les honorables, présentée sur Club illico. Nous l'avons rencontré (et pouvons confirmer que ce fort sympathique acteur se trouve à mille lieues de son sombre personnage).

Creuser pour comprendre la bête

On l'a vu dans les séries Faits divers et Mensonges. Il a fait partie de nombreuses comédies musicales (« j'ai dû jouer dans Les Misérables 115 fois », dit-il en souriant). Il gagne aussi sa vie en faisant beaucoup de doublage à la télé. Son premier rôle principal, toutefois, le mène dans des sentiers inconnus et obscurs le glissant dans la peau du présumé meurtrier Tristan Rabeau.

«Ce personnage de pervers narcissique est un cadeau, dit-il. Les acteurs qui sortent de l'école de théâtre ne veulent pas jouer des scènes autour d'une table de style : «Passe-moi le beurre»; ils rêvent de scènes comme celles-là. Je pense que toutes mes scènes sont chargées. Je les lisais et je me disais : mon dieu, c'est une scène d'exercice comme celles très intenses qu'on utilisait à l'école pour travailler.»

Courtoisie/Club illico

Une grande préparation et des recherches sur ce qui nourrit et caractérise les pervers narcissiques dénudés d'empathie lui ont permis de créer ce personnage de vilain sans pour autant en faire un archétype.

«Il était important de savoir ce qui l'anime, car mon objectif était de ne pas en faire un méchant qui est simplement méchant. Il a des raisons qui, pour lui, sont sincères et c'est sur cela que je me tenais. Cela en fait un Tristan qui est émotif, qui se trouve émotivement impliqué dans tout cela, même si son gros problème est qu'il est un pervers narcissique sans empathie. Il observe la famille Dessureaux comme on ferait une étude anthropologique sur la façon de vivre un drame, tout cela l'intéresse. Même si, de notre point de vue, c'est complètement tordu, pour lui c'est fascinant.»

Le défi était double pour Kevin Houle : interpréter un être aux antipodes de ce qu'il est dans la vraie vie et éviter d'en faire un personnage unidimensionnel.

«C'est sûr que ça m'inquiète un petit peu, avoue-t-il lorsqu'on lui demande s'il est anxieux de la réaction des téléspectateurs. Je lisais une entrevue sur les acteurs ayant joué de grands vilains et une actrice disait: ''J'ai été chanceuse, ce n'était pas mon premier rôle''. Comme c'est mon premier gros rôle à la télé, je suis un peu nerveux. Mais en même temps, je me dis que je suis tellement gentil dans la vie que les gens vont rapidement s'en rendre compte.»

Tourner en famille

Il n'a suffi que d'un premier souper avec l'équipe avant d'entamer le tournage pour créer des liens entre les artisans des Honorables. «C'est devenu une famille rapidement, explique l'acteur. Patrick (Huard) est un trooper et Macha est une soie. Rapidement, le plaisir a pris le dessus et a duré tout le tournage.»

«J'ai eu énormément de plaisir à interpréter ce rôle et à travailler, par exemple, avec Macha (Grenon), avec qui j'ai des scènes tellement intenses qu'on ressentait le besoin de les terminer en se faisant de gros câlins. On allait jouer dans des choses terribles; nous nous confrontions dans ce que nous avions à jouer. C'était intense.»

Courtoisie/Club illico

Au cadeau de pouvoir jouer un rôle aussi intense en émotions s'ajoutait celui de le faire pour le réalisateur Louis Choquette, pour qui tous les acteurs des Honorables n'ont que des mots bienveillants.

«On connaît le contexte de tournage au Québec; on en parle souvent, il faut faire énormément avec peu et quand je vois le résultat, je trouve cela magnifique, ce qu'on a réussi à faire. Avec Louis, tout était facile. Chaque jour, il nous amenait doucement, comme un petit bateau qui vogue doucement vers son objectif. Ce tournage aurait pu être très difficile. Je crois qu'il n'y a qu'avec Louis qu'on pouvait entreprendre un projet si ambitieux avec les moyens que nous avions.»

Le scénario infiniment bien ficelé de l'auteur - et procureur aux poursuites criminelles et pénales - Jacques Diamant a aussi tôt fait de fasciner l'interprète du malveillant Tristan Rabeau.

«C'est très bien écrit, dit-il. On découvre, au fil des épisodes, ce qui lie Tristan Rabeau à Gabrielle Dessureaux, et on se rend compte qu'il y a beaucoup plus de liens qu'on le pense. On les découvre tranquillement et on se rend compte de qui est véritablement Tristan. Je lisais cela en me disant : oh mon Dieu, je comprends ceci, oh mon Dieu, je comprends cela! J'ai lu le scénario comme on lit un bon thriller.»

C'est dans ce thriller à saveur juridique donc que Kevin Houle fait ses premières armes en tant que vilain. Un rôle qui lui «donne chaud et froid en même temps» lorsqu'il se voit en méchant au petit écran et qu'il espère aussi réaliste que la sincérité avec laquelle il l'a abordé.

«Je l'ai fait en y croyant, en sachant qui est ce personnage que j'ai bien fouillé et creusé. Mais il est certain que de se regarder jouer un tel être n'est pas facile. Mon personnage est si arrogant et si psychorigide qu'on se demande quand il va exploser... et lorsqu'il va exploser, on imagine bien que ce ne sera pas beau...»

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