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La mère d'une Québécoise coincée en Arabie saoudite dénonce l'inaction du gouvernement canadien

Elle se bat pour faire revenir sa fille et ses quatre petits-enfants au Canada depuis 13 ans.
Nathalie Morin (à gauche: en 1999 au Canada, et à droite: en 2007 en Arabie saoudite )
Courtoisie
Nathalie Morin (à gauche: en 1999 au Canada, et à droite: en 2007 en Arabie saoudite )

La mère de Nathalie Morin, cette Québécoise coincée en Arabie saoudite depuis 13 ans, aimerait que le gouvernement canadien accorde autant d'intérêt à sa fille qu'à Rahaf Al-Qunnun.

La jeune ressortissante saoudienne est arrivée à Toronto samedi, après avoir obtenu l'asile canadien. La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland l'a accueillie à l'aéroport.

«Quand je vois la ministre prendre la jeune fille par la taille pour prendre des photos, ça me choque», résume Johanne Durocher, la mère de Nathalie Morin, qui dénonce l'inaction du gouvernement canadien dans le dossier de sa fille.

«Ça me scandalise complètement, continue-t-elle en entrevue téléphonique avec le HuffPost Québec. Devant les Nations unies, ils ont l'air des bonnes personnes... mais il y a cinq personnes qui souffrent en ce moment en Arabie saoudite et ils ne font rien pour les aider!»

Nathalie Morin, mère de quatre enfants, est coincée en Arabie saoudite depuis 2006 avec son conjoint, Saeed Al Shahrani - «un bourreau», selon Mme Durocher. Elle l'avait rencontré à Montréal, en 2001, à l'âge de 17 ans. Elle l'a suivi dans son pays d'origine en 2005, avec leur garçon de trois ans, en croyant qu'elle pourrait revenir souvent au Québec. En 2006, elle est venue visiter sa mère. C'est la dernière fois qu'elles se sont vues.

Je vis beaucoup de colère et de tristesse, de voir ce qu'ils font pour d'autres, mais qu'ils ne sont pas capables de faire pour aider ma fille.Johanne Durocher, mère de Nathalie Morin

Selon sa mère, Nathalie Morin est coupée du monde, enfermée dans un appartement à Dammam, victime de violences physiques, psychologiques et sexuelles de la part de son conjoint. Elle a eu trois autres enfants, en Arabie saoudite, après des relations sexuelles qui, selon sa famille, auraient été forcées. Elle pourrait quitter le pays, mais sans ses enfants, qu'elle refuse d'abandonner.

Johanne Durocher précise d'emblée qu'elle n'est pas contre la venue au Canada de la jeune Rahaf Al-Qunnun, évidemment. Mais elle est découragée que sa fille n'obtienne pas autant d'aide de la part du gouvernement canadien.

«Je ne suis pas capable de regarder ces images à la télé, ça me fait trop mal, confie-t-elle. Je pense à ma petite-fille Sarah, qui a 10 ans... Et elle est coincée là-bas! Je vis beaucoup de colère et de tristesse, de voir ce qu'ils font pour d'autres, mais qu'ils ne sont pas capables de faire pour aider ma fille.»

Nathalie Morin et sa fille Sarah, en 2017
Courtoisie
Nathalie Morin et sa fille Sarah, en 2017

Mme Durocher ne cache pas qu'elle craint aussi que l'accueil de cette jeune réfugiée de 18 ans n'envenime encore davantage les relations diplomatiques entre le Canada et l'Arabie saoudite, et que cela nuise à la cause de sa fille.

Elle dit avoir fait de nombreuses demandes pour rencontrer la ministre des Affaires étrangères ainsi que le premier ministre, qui sont restées lettre morte. Justin Trudeau a fait savoir qu'il rencontrerait cette semaine à Sherbrooke Ensaf Haidar, l'épouse du blogueur saoudien Raïf Badawi, condamné à mille coups de fouet et à dix ans de prison pour avoir notamment fait la promotion de la liberté de religion. Dans une lettre ouverte publiée dimanche, Johanne Durocher réitère sa demande au premier ministre.

Mme Durocher s'inquiète pour sa fille et ses petits-enfants, avec qui elle n'a plus aucun contact depuis le mois d'août.

Le HuffPost Québec a contacté Affaires mondiales Canada lundi avant-midi. Ce dernier a indiqué qu'il ferait connaître sa position actuelle sur la situation dans la journée.

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