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Robert De Niro explique sa colère envers Donald Trump

«Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse exister des gens aussi diaboliques...»
FADEL SENNA via Getty Images

Si le talent de Robert De Niro est universellement reconnu dans le milieu du cinéma, l'acteur fétiche de Martin Scorsese s'est également illustré en politique pour le franc-parler de ses tirades anti-Trump, d'ailleurs souvent décriées. Dans un long entretien avec le Guardian publié le 6 janvier dernier, l'acteur s'est efforcé de mettre des mots sur l'une des raisons - très personnelle - qui nourrissent sa colère envers l'actuel locataire de la Maison-Blanche.

À 75 ans, Robert De Niro se décrit comme un homme «âgé et contrarié de voir ce qui arrive» dans l'Amérique contemporaine. Mais au-delà de ses fréquentes prises de position pour fustiger l'administration Trump, l'acteur oscarisé affirme dans les colonnes du Guardian ne pas avoir toujours été si virulent à l'égard du président des États-Unis:

«Quand on voit quelqu'un comme Trump devenir président, on se dit, bon, ok, voyons ce qu'il va faire - peut-être qu'il va changer. Mais il n'a fait qu'empirer [...] J'avais l'espoir qu'en étant new-yorkais il comprenne la diversité de cette ville, mais il est aussi mauvais que l'impression que j'avais de lui - et même pire. C'est une honte.»

Rattrapé par la réalité discriminatoire de la politique du président élu, ce père de six enfants métis (issus de trois mariages), ne peut rester insensible à la haine qui grandit dans son pays natal, dont les dérives l'alarment:

«Oui, je m'inquiète. L'un de mes enfants est gai, et il est préoccupé par la manière dont il peut être traité.»

Dans cette tribune, il avoue également avoir été «naïf» de croire que deux mandats de Barack Obama avaient changé la mentalité du pays, et notamment son passé profondément raciste: «J'avais l'impression que nous étions dans une nouvelle ère», confie l'acteur. «Je n'avais pas réalisé à quel point certaines personnes étaient contre lui - contre sa couleur de peau, offensés qu'il soit à cette place.»

Quand le Guardian lui demande s'il qualifierait Trump de «suprémaciste» blanc, De Niro n'hésite pas: c'est un «oui» sans équivoque. Quant à un «fasciste», l'artiste estime que c'est vers quoi tend l'actuel président. Il développe, expliquant qu'on s'est souvent moqué des despotes avant de comprendre leur dangerosité: «Ils avaient tous l'air drôles. Hitler avait l'air drôle, Mussolini avait l'air drôle et d'autres dictateurs avaient l'air drôles». Une observation qui le laisse peu optimiste pour la suite...

«Ce qui me tracasse, c'est que dans le futur, certaines personnes le verront comme un exemple. [...] Elles auront les mêmes valeurs que lui, mais seront plus intelligentes, et ainsi capables d'aller beaucoup plus loin en tant que despotes.»

Si la violence des propos de l'acteur envers Donald Trump (cette vidéo de 2016 dans laquelle il confie vouloir «lui mettre son poing dans la figure», ou encore son «Fuck Trump!» aux Tony Awards de 2018) a pu lui être reprochée - et a d'ailleurs failli lui coûter la vie quand il s'est retrouvé destinataire d'une bombe artisanale envoyée par un fanatique de Trump à ses critiques -, Robert De Niro estime pour sa part qu'il faut «combattre le mal par le mal».

Donald Trump au cinéma?

De ces temps troubles, il retient tout de même l'éveil des consciences démocratiques et l'essor des initiatives citoyennes. Quant à la possibilité de revêtir un jour les traits du président républicain dans un biopic, l'acteur bat en retraite:

«Je ne veux pas le jouer, jamais. Je trouve toujours le point de vue du personnage et je peux tout à fait trouver le sien, mais j'ai si peu de sympathie à son égard, pour ce qu'il a fait, la responsabilité qui lui a été donnée et qu'il a jetée.

Je dis toujours que chaque personne a une histoire intéressante, qui dépend juste de la manière dont elle est racontée. La sienne pourrait être intéressante aussi, mais je n'ai jamais vu un seul moment de réflexion venant de lui.

Il sait ce qu'il est et tout ce qu'il dit de négatif sur les gens ou les situations est en réalité une projection de lui-même. Je ne sais pas comment il a été élevé, mais je n'aurais jamais pensé qu'il puisse exister des gens aussi diaboliques.»

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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