SCIENCE - Si vous trouvez les tomates un peu fades, des chercheurs brésiliens de l'université de Viçosa ont peut-être trouvé la solution à votre problème. Leur idée: modifier génétiquement une tomate pour la rendre pimentée.
Dans une tribune publiée ce lundi 7 janvier dans la revue Trends in Plant Science, les scientifiques expliquent que la tomate et le piment font partie de la même famille, les Solanacées. Mieux: il y a quelque 19 millions d'années, les deux plantes avaient un ancêtre commun. Depuis, la tomate a perdu son piquant, qui provient de molécules particulières, les capsaïcinoïdes.
Mais ce que les auteurs ont découvert, en analysant les génomes de ces espèces, c'est que la tomate a gardé les gènes permettant de créer ces molécules qui donnent leur goût aux piments. Ils sont simplement "dormants". Leur idée, c'est donc de les réveiller grâce à des modifications génétiques, en utilisant Crispr-Cas9, des ciseaux à ADN révolutionnaires.
L'année dernière, les auteurs ont publié une étude dans Nature. Dans celle-ci, ils expliquaient avoir réussi à améliorer la taille et le rendement d'une espèce de tomate sauvage. Bref, à faire ce que l'humanité a réalisé en plusieurs décennies de croisement et de sélection de plans de tomates. Mais pour réussir à faire une tomate-piment, il reste beaucoup de travail, avec des modifications génétiques bien plus compliquées.
Mais pourquoi faire cela, au juste (en dehors de l'intérêt pour les gourmands friands de cuisine pimentée)? Les chercheurs rappellent que la tomate se cultive très facilement, avec un très bon rendement, alors que la culture du piment est plus compliquée, dépend beaucoup de l'environnement, de l'espèce, etc.
En ayant une production massive de tomates pimentées, il serait également possible d'extraire les capsaïcinoïdes, utilisés en médecine ou dans le spray au poivre.
Pour autant, leur avis n'est pas partagé par tous. Deux généticiens interrogés par Popular Science estiment que la production de tomates est certes optimisée, mais très spécifique. La culture de tomate consomme également beaucoup d'eau et les fruits sont plus fragiles.
Mais les auteurs de la tribune affirment que créer des tomates pimentées pourrait également les aider à mieux comprendre le génome du piment, encore mal connu. "Par exemple, on ne sait toujours pas expliquer pourquoi certaines variétés de piments sont plus fortes que d'autres", explique à Inverse Agustin Zsögön, auteur principal de l'étude. Et puis, il confesse tout de même "adorer la cuisine mexicaine" et utiliserait probablement une tomate-piment pour faire du guacamole très relevé.
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