POLITIQUE - "Soit il est vraiment con soit il nous cherche." Alors que l'exécutif s'échine à reprendre la main dans la crise des gilets jaunes, un décret sur le contrôle des chômeurs pourrait venir brouiller le message d'apaisement et apporter un nouveau souffle à la contestation.
Publié dimanche 30 décembre au Journal officiel, soit entre Noël et le jour de l'An, le texte durcit les sanctions à l'encontre des chômeurs en cas de manquement à leurs obligations. Certaines dispositions vont même plus loin que ce qu'avait initialement annoncé le gouvernement, notamment sur la suppression de l'allocation dès le premier manquement et la durée de la radiation des listes en cas d'absence à un rendez-vous.
Un "coup en douce" dénoncé par bon nombre de syndicats tout comme les oppositions de gauche et les inévitables gilets jaunes. Sur Facebook, là où le mouvement a débuté et où il perdure encore, ces Français en colère s'indignent du "cadeau de Noël" empoisonné offert par Emmanuel Macron aux chômeurs. Certains déplorent le fait que ces mesures viennent une nouvelle fois frapper les plus faibles quand d'autres exigent les mêmes sanctions pour les députés absentéistes.
"À quand la radiation pour les députés ou sénateurs absents?"
L'objectif du gouvernement? "Aller chercher les gens qui fraudent", à en croire Christelle Dubos, la secrétaire d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé. Mais pour les gilets jaunes, il s'agit surtout de s'en prendre aux plus vulnérables. Beaucoup se sentent particulièrement visés par ce durcissement imprévu des sanctions.
"POLE EMPLOI VA RADIER EN MASSE. DES MILLERS DE PERSONNES DANS LA MISERE! MERCI MACRON POUR CE CADEAU!", s'insurge par exemple Alex Mat sur la page Facebook "la France en colère!!!", une des plus populaires du mouvement avec près de 400.000 membres. D'autres avouent, avec plus ou moins de violence, ne pas comprendre les choix faits par le président de la République alors que plusieurs milliers de Français crient leur colère et leur désespoir depuis plus d'un mois. "Deuxième jour de l'année, Macron s'attaque déjà aux plus faibles, les chômeurs. Je crois vraiment qu'il a pas compris (sic)" commente par exemple une internaute.
Comme souvent sur ces pages Facebook, cet événement est aussi l'occasion de s'en prendre aux élus. De nombreux gilets jaunes réclament en effet les mêmes sanctions financières pour les parlementaires qui sèchent les séances à l'Assemblée nationale ou au Sénat.
"Réveillez-vous les chômeurs"
Une musique quelque peu différente se fait également entendre au sein de ces communautés. Plusieurs gilets jaunes estiment que les chômeurs ne se font pas assez entendre et ne garnissent pas assez les rangs de la contestation. "Chomeurs! Macron durcit vos droits. Vous êtes 6 millions. Où êtes vous??? Imaginez 50 % seulement et nous serions 3 000 000 de GJ dans la rue", estime par exemple une internaute sur la page Facebook "la france en colere !!!"
Même son de cloche sur les autres groupes dédiés au mouvement. Si certaines publications -parfois violentes à l'égard des demandeurs d'emploi- disparaissent subitement de certains groupes appelant à stopper les divisions, les appels à la mobilisation fleurissent. "J'espère que les 6 millions de chômeurs se joindront au gilets jaunes contre macron dans les manifs", lance un de ces Français en colère sur la page "💥Gilet Jaune💥" quand un autre se montre plus direct: "oh putain réveillez vous les chomeurs (sic)."
Avant de voir si ces appels portent leurs fruits, la majorité va peut-être devoir rassurer certains de ses membres. À l'image du député Aurélien Taché, qui semble gêné aux entournures notamment sur le timing de ce décret. "Les sanctions beaucoup plus dures, ça doit s'accompagner de propositions d'emplois plus importantes et d'accompagnements plus importantes", plaide cet élu LREM co-rapporteur de la loi "avenir professionnel", sur France Inter avant d'affirmer: "J'ai toujours dit quand j'étais rapporteur de cette loi que je n'étais pas du tout pour qu'on traque les chômeurs."
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