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Jeanne Calment: le chercheur qui a validé son record dézingue la théorie de l'imposture

«Tout cela est complètement bancal et ne repose sur rien», s'insurge Jean-Marie Robine interrogé par «Le Parisien».
Jeanne Calment photographiée en 1997 à l'âge de 122 ans.
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Jeanne Calment photographiée en 1997 à l'âge de 122 ans.

"On n'a jamais autant fait pour prouver l'âge d'une personne". La théorie développée par Yuri Deigin dans un long billet publié en anglais sur la plateforme Medium, selon laquelle Jeanne Calment aurait usurpé son identité (et donc) son record de longévité, n'amuse pas tellement Jean-Marie Robine. Directeur de recherche à l'INSERM, il est celui qui a co-validé dans les années 90 l'âge de l'ex-doyenne de l'humanité.

Interrogé ce dimanche 30 décembre par Le Parisien sur cette thèse qui affole les réseaux sociaux, le scientifique taille en pièces la démonstration faite par l'auteur russe, PDG d'une entreprise qui lutte contre le vieillissement, lequel a repris les travaux de Nikolay Zak, également russe, généalogiste amateur et docteur en mathématiques.

"On a mis les petits plats dans les grands pour travailler sur elle à l'époque. On n'a jamais autant fait pour prouver l'âge d'une personne", assure-t-il, précisant n'avoir trouvé aucun élément permettant "d'émettre le moindre soupçon sur son âge".

Alors que les deux Russes pointent des incohérences dans le récit qui a été fait de la vie de Jeanne Calment, le spécialiste est catégorique: cette thèse reposant sur des éléments parcellaires ne tient pas la route. "On a eu accès à des informations qu'elle seule pouvait connaître, comme le nom de ses professeurs de mathématiques ou de bonnes passées par l'immeuble. On lui a posé des questions sur ces sujets. Soit elle ne se souvenait plus, soit elle a répondu juste. Sa fille n'aurait pas pu savoir ça", assure-t-il.

Jean-Marie Robine a eu connaissance de la thèse de l'usurpation à l'automne, et s'est donc penché dessus dans la mesure où "des cas de substitution peuvent exister". C'est alors qu'il a constaté que les éléments sur lesquels se basent les deux Russes sont trompeurs. L'extrait de recensement par exemple, sur lequel Yvonne (la fille de Jeanne Calment) n'apparaît pas. "Il y a des ratures et des croix partout quand vous ouvrez les livres de recensement de l'époque. Pour Jeanne Calment, pour ma famille ou pour la vôtre", répond le scientifique. Le coup des frais de succession et de la fraude à l'assurance? "Il n'y a aucune étude qui montre qu'une telle pratique pour éviter de payer les frais d'héritage ait pu être répandue à l'époque", balaie le chercheur.

Autre argument qui conforte Jean-Marie Robine dans son analyse, le gigantesque complot qu'il aurait fallu mettre en place pour bâtir cette arnaque. "Vous imaginez le nombre de personnes qui auraient menti? Du jour au lendemain, Fernand Calment (le mari de Jeanne décédé en 1942, ndlr) aurait fait passer sa fille pour son épouse et tout le monde aurait gardé le silence? C'est abracadabrantesque", s'insurge le chercheur français.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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