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Le spectacle controversé a été soumis à une «réécriture et à une révision complète», assure le metteur en scène.
Le metteur en scène Robert Lepage.
Rene Johnston via Getty Images
Le metteur en scène Robert Lepage.

À la fin d'une année marquée par les controverses, Robert Lepage a admis publiquement pour la première fois qu'il avait fait preuve de «maladresses» et de «manques de jugement» dans sa façon de présenter et de défendre le spectacle SLĀV, retiré de la programmation du Festival international de jazz en juin dernier après avoir été accusé d'appropriation culturelle.

Dans une lettre ouverte envoyée vendredi matin, le metteur en scène a admis ses torts, tout en écorchant au passage les médias, les accusant notamment d'avoir dépeint les membres du collectif «Slāv Résistance» comme des «irascibles militants d'extrême gauche».

Il y explique aussi pourquoi, au coeur de la tempête, il a préféré garder le silence plutôt que de se «prêter au jeu des médias».

SLĀV
Paméla Lajeunesse/HuffPost Québec
SLĀV

«J'avais le sentiment que la durée d'une entrevue accordée à un journal télévisé ou dans le cadre d'une tribune radiophonique est toujours insuffisante pour traiter d'une question délicate comme l'appropriation culturelle, à laquelle s'ajoutent, dans le cas de SLĀV, les enjeux non moins complexes de la représentativité sur scène des minorités et de la décolonisation des arts», raconte-t-il.

«Mais je savais bien qu'en choisissant de me taire, je prenais le risque que d'autres parlent à ma place et que les arguments de mes défenseurs ne soient pas toujours en phase avec mes opinions», ajoute-t-il.

M. Lepage raconte ensuite sa rencontre avec des membres de «Slāv Résistance», à la fin de l'automne, qui semble l'avoir grandement impressionné. «Ces personnes étaient pour la plupart des artistes ou actrices de changement dans leurs communautés, et se trouvaient rassemblées autour d'un même engagement social qui, au cours de l'été, semblait les avoir beaucoup éprouvées», décrit-il.

Dans ce climat d'ouverture et de transparence, il était plus facile pour moi d'admettre mes maladresses et mes manques de jugement et de tenter d'expliquer le bien-fondé de notre démarche.

«Il m'était également important d'admettre que la version de SLĀV que nous avions présentée en juin dernier était loin d'être aboutie et que ce n'était peut-être pas par hasard que les problèmes dramaturgiques dont souffrait le spectacle correspondaient exactement aux problèmes éthiques qu'on lui reprochait», ajoute M. Lepage.

Des engagements

Pour «continuer à faire évoluer [leur] réflexion», le metteur en scène a également fait part de plusieurs engagements, dont celui d'inviter au moins un membre du collectif à assister aux répétitions de SLĀV avant sa reprise prévue en janvier.

Il promet aussi de leur offrir «une tribune afin d'échanger avec le public et les artistes à la suite de certaines représentations», et d'opérer des «changements structurants» dans son entreprise, Ex Machina. Il laisse notamment entendre que des artistes de la communauté afrodescendante seront embauchés dans les productions du futur théâtre Le Diamant, qui doit ouvrir ses portes au printemps prochain à la place D'Youville, à Québec.

«En ce début d'année, je me propose d'essayer de faire mieux. Mais il est évident que ces résolutions n'arriveront jamais à satisfaire tout le monde. Elles me semblent tout de même être quelques pas dans la bonne direction afin de signifier qu'à travers tout ce vacarme, il nous est possible de dialoguer calmement», conclut Robert Lepage.

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