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Pourquoi les «dad shoes» sont les chaussures de l'année 2018

D'une monstruosité inélégante pour certains, ces baskets aux semelles imposantes se sont imposées en 2018 comme une nouvelle référence dans la mode.
Ou comment porter les grosses chaussures vintage de sport de son père est devenu cool, en 2018.
ELLE HK
Ou comment porter les grosses chaussures vintage de sport de son père est devenu cool, en 2018.

En cette fin d'année, l'heure est au bilan. Vestimentairement parlant, la mode nous en a fait voir des vertes et des pas mûres. Entre le retour du pantalon à pattes d'éléphant chez Balenciaga, l'antivol de vélo en guise de ceintures pour Burberry ou la tendance aux chapeaux surdimensionnés impulsée par Jacquemus, 2018 a été un excellent cru en termes de créativité. C'est le moins qu'on puisse dire.

Niveau chaussures, aussi. Un modèle de baskets a retenu notre attention. Il faut dire qu'il est partout, sur toutes les lèvres et à tous les pieds. Dans la rue comme sur les podiums, aux guibolles des passants comme à celles des mannequins, sur Instagram ou dans les rayons des magasins de sport, la «dad shoes» (aussi appelée «chunky sneaker») a infiltré toutes les sphères de la planète mode.

«C'est même l'overdose», constate en rigolant Dinah Sultan, styliste chez Peclers, une agence parisienne de conseils en tendances et innovations. Inspirée des grosses (et vilaines) chaussures de sport portées par les papas américains dans les années 90 pour bricoler ou aller faire les courses le week-end, ces baskets aux semelles imposantes n'échappent plus à personne.

C'est en grande partie à Balenciaga et son directeur artistique Demna Gvasalia qu'on doit ce retour en puissance. Même si la Ozweego de Raf Simmons pour Adidas, en 2013, peut avoir amorcé le mouvement, c'est vraiment la Triple S de l'enseigne de luxe française qui a enclenché la machine. Sortie à l'automne 2017, elle a ostensiblement percé en 2018.

De Gucci à Louis Vuitton, en passant par Dior et Versace, toutes les grandes maisons ont, tour à tour, élaboré leur propre modèle. Même les enseignes de prêt-à-porter grand public, à l'instar de Zara, ont investi le marché. Les équipementiers de sport, aussi. Adidas a, par exemple, réédité cette année la Falcon, l'une de ses chaussures phares des années 90 au design large et imposant.

D'après Dinah Sultan, c'est une grande première. L'industrie de la mode s'inspire très souvent des vêtements de sport. Ce n'est pas nouveau. Sauf qu'ici, l'inverse est aussi en train de se produire. «C'est le sport qui est influencé par la mode, souligne l'experte. On n'avait pas connu de tel 'séisme' depuis la Stan Smith», explique-t-elle au HuffPost.

Les «dad shoes», entre confort et créativité

Le succès d'une telle chaussure n'est pas anodin. D'après Eve Dupouy, responsable éditorial chez Promostyl, un autre bureau de tendance de la capitale, la «dad shoes» est confortable et pratique. «Elle permet d'être à l'aise dans ses baskets», explique cette dernière, interrogée par Le HuffPost. Qui plus est, elle rompt avec l'esthétique minimaliste des baskets classiques, comme les Converse.

«Toutes ces nouvelles chaussures jouent avec les couleurs et donnent l'impression de s'amuser avec son style, détaille la spécialiste. Elles laissent transparaître de la créativité chez la personne. Celle-ci ne passe pas par l'oralité, mais par les vêtements, comme un moyen de s'exprimer.»

Un point de vue que partage également Dinah Sultan. «Ce genre de modèles renouvelle le vestiaire, des femmes, mais aussi des hommes, et apporte une touche originale à un style décontracté, concède la styliste. C'est un vrai 'statement' [une prise de position, en français].»

Mais alors, simple effet mode ou projet bien ancré? Les deux spécialistes semblent opter pour la seconde option. Comme l'explique Eve Dupouy, la tendance aux «dad shoes» s'inscrit dans un contexte où la mode s'oriente de plus en plus vers des vêtements amples et larges. «Les jeans slims, c'est fini», assure la professionnelle.

«C'est vraiment une forme qui commence à s'installer dans plusieurs styles, ajoute Dinah Sultan. On la voit se développer dans son format technique, chez Nike, dans une esthétique très 'mode' chez Balenciaga, et plus adoucie dans les enseignes de 'fast fashion' pour séduire le grand public.» Elle est catégorique: «Ça va durer.» N'en déplaise à leurs détracteurs.

Ce texte a initialement été publié sur le HuffPost France.

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