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Commerçants, citoyens et diffuseurs disent «non» au mégaprojet Royalmount

Les nombreux désavantages du projet ont été martelés par différents acteurs économiques, sociaux et culturels.
Courtoisie - Carbonleo

Le mégaprojet de centre commercial Royalmount ne semble pas plaire aux différents acteurs socioéconomiques de Montréal, particulièrement ceux du centre-ville. Selon les mémoires et les témoignages présentés en commission mercredi, seule l'industrie de l'hôtellerie voit d'un bon oeil l'arrivée de ce nouveau Dix30 sur l'île de Montréal.

La Ville de Montréal mène actuellement une consultation publique sur le projet de complexe commercial proposé par Carbonleo, l'entreprise propriétaire du Dix30. Même si le projet se trouve entièrement sur le territoire de Ville Mont-Royal, la métropole est concernée par l'impact sur son réseau routier.

Un volet résidentiel récemment ajouté au projet pourrait aussi toucher le territoire montréalais.

Activité économique siphonnée

Selon les mémoires présentés mercredi, plusieurs observateurs n'y voient que du négatif pour Montréal. On craint que Royalmount ne siphonne l'activité commerciale et culturelle du centre-ville, au seul profit de Carbonleo et de Ville Mont-Royal.

«Le projet du Royalmount, dans son état actuel, semble confisquer la majorité de sa valeur ajoutée au bénéfice de ses propres actionnaires, sans se soucier des retombées contre-productives pour les acteurs économiques déjà présents sur le territoire montréalais», lit-on dans le mémoire déposé par l'Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM).

Caroline Tessier, directrice générale de l'Association des sociétés de développement commercial de Montréal, lors des auditions sur le projet Royalmount.
Capture d'écran - Ville de Montréal
Caroline Tessier, directrice générale de l'Association des sociétés de développement commercial de Montréal, lors des auditions sur le projet Royalmount.

Caroline Tessier, directrice générale de l'ASDCM, qualifie le projet de «jetable» lors de son audition devant la Commission sur le développement économique et urbain et l'habitation.

Mme Tessier craint que les 200 boutiques, 100 restaurants, 5 hôtels et deux salles de spectacles n'absorbent une part trop importante des dépenses commerciales de clients qui se rendraient habituellement au centre-ville. Et ce, alors que le taux d'inoccupation des espaces commerciaux sur Sainte-Catherine est déjà de 16%.

«Prendre en otage» les citoyens

Même son de cloche du côté de Projet Genèse, un groupe qui conseille les familles démunies du quartier Côte-des-Neiges, qui borde le site de Royalmount.

«La vision du développement du site Royalmount a été faite en silo, ne prenant pas en compte les retombées en termes d'emplois, d'activités commerciales, de transport et de développement résidentiel sur les secteurs avoisinants», lit-on dans le mémoire du groupe.

Est-ce que la Ville de Mont-Royal a le droit de prendre en otage les citoyenNEs et résidentEs pour son propre bénéfice? La réponse est sans appel: non.Projet Genèse

Projet Genèse, comme d'autres, souligne que le projet ajoutera 140 000 déplacements quotidiens dans le secteur des autoroutes 15 et 40, dont 70 000 en voiture. Une étude commandée par Carbonleo calcule que les automobilistes risquent d'allonger leurs temps de parcours de 10 à 30 minutes en heure de pointe, selon le trajet choisi.

Il s'agit du scénario envisagé si aucune des neuf mesures de mitigation suggérées par Carbonleo ne sont adoptées par la Ville de Montréal et le ministère des Transports. Ces mesures engendreraient tout de même des délais additionnels de plusieurs minutes.

Sans parler de la densité de population accrue avec l'ajout de projets dans le secteur du Triangle et de l'hippodrome, entre autres.

Les spectacles comme moteur économique

Le monde de la diffusion culturelle s'est aussi prononcé sur les deux salles de spectacles prévues, dont une deviendrait la troisième en importance dans le Grand Montréal après le Centre Bell et la Place Bell (à Laval).

«Les objectifs culturels visés par les salles du projet Royalmount visent explicitement des événements et des publics qui constituent le marché principal des acteurs culturels du Quartier des spectacles et du grand centre-ville de Montréal», lit-on dans le mémoire du Partenariat du Quartier des spectacles.

L'organisme, qui regroupe notamment la Place des Arts, le Théâtre du Nouveau Monde et le Festival de Jazz, souligne que l'attractivité des spectacles et des festivals au centre-ville amène des retombées importantes pour les commerçants du secteur, puisque les spectateurs vont souvent dans les restaurants et les boutiques avant ou après le spectacle. Il craint que Carbonleo ne cherche le même effet, mais pour ses propres boutiques.

Les hôteliers satisfaits

Seule l'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM) s'est montrée favorable au projet. Les hôtels de luxe proposés par Carbonleo ont l'appui de l'association.

«Notre regroupement salue tout investissement qui permet d'accroître la position concurrentielle de Montréal à titre de destination touristique. Une attention particulière est portée aux projets qui viendront bonifier l'offre dans des créneaux prometteurs, notamment celui du luxe», écrit Eve Paré, présidente-directrice générale de l'AHGM.

D'autres voix pour et contre le projet s'ajouteront au cours des prochaines semaines, notamment celles de Tourisme Montréal, de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, de l'organisme Vivre en ville ainsi que des villes et arrondissements touchés par le projet.

La prochaine séance publique de la Commission sur le développement économique et urbain et l'habitation aura lieu le 9 janvier, à 19h, à l'hôtel de ville de Montréal.

PRÉCISION: Une version antérieure de ce texte ne précisait pas que les délais de 10 à 30 minutes envisagés constituaient le pire scénario envisagé.

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