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La Ligue des Noirs dépose un recours de 4 M$ contre le SPVM pour profilage racial

La police présente aujourd'hui son plan d'action pour lutter contre le profilage.
Gabriel Bazin, vice-président de la Ligue des Noirs du Québec, commente le recours collectif de 4 M$ déposé contre le SPVM pour profilage racial.
Olivier Robichaud
Gabriel Bazin, vice-président de la Ligue des Noirs du Québec, commente le recours collectif de 4 M$ déposé contre le SPVM pour profilage racial.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a un problème «chronique» de profilage racial, estime la Ligue des Noirs du Québec. L'organisme déposera mardi un recours collectif de quatre millions $ contre le corps policier, alors même que celui-ci présente son plan d'action pour régler les problèmes de profilage racial et social.

«Le profilage racial, c'est un problème chronique au SPVM. [...] Les agents n'hésitent pas à faire des contrôles d'identité agressifs en tout temps contre nos jeunes, sans aucun motif», dénonce Gabriel Bazin, vice-président de la Ligue des Noirs.

M. Bazin souligne la sortie récente d'une étude sur le profilage racial dans le quartier Saint-Michel. L'étude décrit un «niveau élevé de surveillance quotidienne des jeunes racisés» ainsi que «les effets négatifs et profonds du profilage racial sur l'estime de soi des jeunes, leur sentiment de sécurité et leur santé mentale».

«Paranoïa schizophrénique»

L'ex-joueur de football et ancien candidat à la mairie de Montréal-Nord Balarama Holness se dit aussi victime de profilage racial de la part du SPVM. Il raconte un épisode où la couleur de sa peau semble avoir inspiré la peur d'un agent de police.

«J'étais à la station de métro Berri-UQÀM et il y avait cinq policiers qui entouraient un jeune immigrant et on lui fouillait les poches. [...] Un policier vient vers moi agressivement et me dit de reculer. Si je ne reculais pas, il allait m'enfarger. Il m'a dit "je ne sais pas tu es qui, je veux rentrer chez nous". Et j'étais habillé en cravate!», raconte-t-il.

Balarama Holness affirme que le SPVM fait preuve de «paranoïa schyzophrénique» à l'égard des minorités visibles.
Olivier Robichaud
Balarama Holness affirme que le SPVM fait preuve de «paranoïa schyzophrénique» à l'égard des minorités visibles.

M. Holness se dit peu impressionné par les journées de formation offertes actuellement aux policiers concernant le profilage.

«Il y a une mentalité de paranoïa schizophrénique du SPVM envers les gens issus de minorités. Pour déconstruire ça, il faut un niveau d'éducation et de sensibilisation systémique», dit-il.

M. Holness, ex-candidat de Projet Montréal dans Montréal-Nord, est à l'origine d'une pétition qui a forcé la tenue d'une consultation publique sur le racisme systémique.

Un nouveau plan d'action... mal reçu

La police montréalaise était devant la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal mardi, afin de présenter son «Plan d'action pour soutenir le personnel du SPVM en matière de prévention du profilage racial et social».

Le plan du SPVM compte une dizaine d'actions à entreprendre. On note une volonté d'identifier, auprès de ses agents, les «comportements à risque associés au profilage racial et social». Le corps policier veut aussi diffuser des «contenus d'apprentissage» traitant du phénomène.

Une meilleure communication du rôle de la police auprès de la population est aussi prévue.

Selon Alex Norris, président de la Commission de la sécurité publique, ce plan d'action est le plus ambitieux jamais produit par le SPVM pour contrer le profilage racial. Toutefois, aucune des personnes rencontrées par le HuffPost Québec à la sortie de la commission ne s'est dite satisfaite par le plan d'action.

«C'est de la joke! Quand tu me dis que ça fait 15 ans que tu travailles sur un problème et que ça n'a donné aucun résultat... C'est de la joke», déplore Anastasia Marcelin, ex-candidate de Projet Montréal dans Montréal-Nord.

L'inspecteur André Durocher, porte-parole du SPVM, répond que les personnes satisfaites «n'ont pas d'histoire» à venir raconter devant une commission municipale.

Hésitation à produire des données raciales

En septembre 2017, la Ville de Montréal recommandait que le SPVM recueille des données raciales ainsi que le statut social des individus interpellés. Le plan d'action ne précise rien à cet égard, mais la dernière action prévue est d'établir «les mécanismes permettant l'analyse des données d'interpellations».

M. Durocher hésite à dire si le corps policier colligera les informations raciales et sociales. L'an dernier, le SPVM émettait de sérieuses réserves concernant cette pratique, pourtant réclamée par le milieu communautaire et des leaders de communautés minoritaires.

Le SPVM a donné l'ensemble des données qu'elle détient sur ses interventions à une équipe de deux chercheurs. Selon le corps policier, ces données comprennent certaines informations sur la race.

Les chercheurs émettront des recommandations sur les façons d'encadrer les policiers et sur les meilleures pratiques en matière de profilage racial et social.

Un citoyen a toutefois souligné que les deux chercheurs sont blancs. Le SPVM cherche actuellement un troisième expert membre d'une minorité visible.

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