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Environnement: relations froides entre Québec solidaire et le Parti vert

QS vient d’adopter un plan de mobilisation «transpartisan» contre les changements climatiques.
Manon Massé, coporte-parole de Québec solidaire, lors du congrès national du parti tenu du 7 au 9 décembre.
Olivier Robichaud
Manon Massé, coporte-parole de Québec solidaire, lors du congrès national du parti tenu du 7 au 9 décembre.

Ne vous attendez pas à une «convergence environnementaliste», malgré l'importance accordée par Québec solidaire à la lutte aux changements climatiques. Les relations avec le Parti vert du Québec sont actuellement au neutre.

Réunis en congrès national cette fin de semaine, les solidaires viennent d'adopter un plan de mobilisation environnementale. Lors de la dernière campagne électorale, la lutte aux changements climatiques est devenue le principal cheval de bataille du parti de gauche.

La motion adoptée dimanche comprend un appel aux actions «transpartisanes» pour diminuer les gaz à effet de serre (GES).

Or, l'intérêt pour une collaboration accrue avec le Parti vert du Québec, qui tente de se tailler une place sur la scène politique québécoise depuis de nombreuses années, semble toutefois faible auprès des militants.

«L'intérêt est assez minime dans la mesure ou le Parti vert ne fait pas de grands scores au Québec. Je pense que s'il y avait un intérêt populaire envers le Parti vert ou le Nouveau Parti démocratique du Québec (NPDQ), il y aurait probablement une discussion à avoir», affirme un militant prénommé Charles.

«Québec solidaire veut prétendre que le PVQ n'existe pas»Alex Tyrrell, chef du Parti vert du Québec

D'autres militants rencontrés par le HuffPost Québec avaient des propos semblables.

Collaboration refusée?

Alex Tyrrell, chef du Parti vert, affirme avoir approché Québec solidaire à plusieurs reprises pour augmenter la collaboration entre les deux formations politiques. Les solidaires auraient toutefois fermé la porte, notamment à l'approche des élections d'octobre 2018.

«Nous, on était prêts à retirer un ou deux candidats à la faveur de QS. On demandait en retour d'avoir accès à la galerie de l'Assemblée nationale si on ne réussissait pas à faire élire un député. On ne demandait même pas le retrait de candidats solidaires. On ne nous a jamais donné suite», affirme-t-il en entrevue au HuffPost.

«Québec solidaire veut prétendre que le PVQ n'existe pas», ajoute-t-il.

Manon Massé affirme au contraire avoir collaboré à plusieurs reprises avec les verts.

«M. Tyrrell le sait très bien, lorsqu'il a été temps de travailler ensemble, de marcher ensemble dans des manifs, de vouloir réformer le mode de scrutin, on est là quand c'est le temps», dit-elle en point de presse.

Mme Massé ajoute qu'elle souhaite travailler avec les autres formations politiques représentées à l'Assemblée nationale, mais que le PVQ n'a «malheureusement» pas fait élire de députés en octobre dernier.

Des plateformes presque identiques

Les positions environnementales des deux formations sont pourtant assez semblables, et toutes deux fort ambitieuses. Tant les verts que les solidaires souhaitent nationaliser l'industrie forestière, taxer fortement le carbone, augmenter les aires protégées, nationaliser et développer le transport en commun interurbain et augmenter l'offre de transport en commun local à Montréal, à Québec et dans les pôles régionaux.

La plateforme du PVQ est toutefois plus précise sur la majorité de ces propositions et va parfois plus loin que QS, notamment sur la question du prix du carbone. Les troupes de Manon Massé proposent un prix à 110$ la tonne d'ici 2030, alors que celles d'Alex Tyrrell proposent 200$ dès maintenant.

La seule différence majeure concerne les voitures électriques. QS souhaite que toutes les voitures vendues au Québec soient électriques, quitte à créer une industrie complète de piles au lithium, de l'extraction de la ressource au recyclage, en passant par la fabrication des piles. Le but est d'éviter que cette composante essentielle des voitures électriques soit entièrement fabriquée en Chine, où la principale source d'énergie est le charbon.

Les verts veulent, au contraire, mettre fin aux subventions pour les voitures électriques. Ils proposent une multitude de tramways et de métros, tant à Montréal qu'à Québec, ainsi que des autobus électrifiés par des fils aériens, afin de minimiser au maximum à la fois les GES et l'utilisation du lithium.

Les deux partis se ressemblent aussi sur d'autres aspects de leurs plateformes, notamment la protection des terres agricoles, la justice sociale et l'éducation.

La question nationale divise

Ce n'est pas la première fois que la question de la collaboration entre verts et solidaires est à l'ordre du jour. En plus des avances pré-électorales, des discussions auraient aussi eu lieu au moment de la fondation de QS.

C'est la question nationale qui ferait achopper les discussions. Québec solidaire est indépendantiste, alors que le PVQ souhaite travailler à l'intérieur du cadre fédéral canadien.

«C'est sûr que la question nationale fait en sorte qu'il y a un espèce de fossé entre les deux», affirme un militant.

Québec solidaire a fait élire 10 députés le 1 octobre, pour la première fois de son histoire. Le parti a obtenu 16% des votes, soit dix fois plus que le Parti vert du Québec.

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