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«M’entends-tu?»: une nouvelle série drôle et bouleversante

«J’ai cherché à donner une voix aux gens venant de milieux défavorisés qui ne sont pas entendus dans notre société.»
Courtoisie Télé-Québec

Il y a de ces milieux qui nous sont rarement donnés de voir à la télévision. Des vies, des gens et des destins que l'on préfère souvent, en tant que société, mettre de côté, réfuter ou tout simplement oublier. L'exact opposé que ce qu'a souhaité faire la comédienne et auteure Florence Longpré avec M'entends-tu? Véritable ode à la différence, la série dramatique dont l'action prend place dans un milieu défavorisé se dévoile à l'image de son auteure et de l'environnement qu'elle dépeint : franche, touchante, directe et remplie d'humour.

Seules, ensemble

Le titre de la série dit tout. M'entends-tu? semble clamer, dès les premières minutes du premier épisode, le surprenant trio d'héroïnes imaginé par Florence Longpré. Ada (Florence Longpré), Carolanne (Eve Landry) et Fabiola (Mélissa Bédard), de grandes complices du secondaire autant liée par une amitié véritable que par le mode survie dans lequel elles se trouvent, chacune à leur manière.

«Le nom M'entends-tu? est inspiré d'une chanson de Justin Timberlake, Losing my way, qui dit quelque chose comme: "Est-ce qu'il y a quelqu'un qui m'entend, je suis en train de perdre mon chemin, j'ai besoin de me faire entendre maintenant", explique Florence Longpré. J'ai cherché à donner une voix aux gens venant de milieux défavorisés qui ne sont pas entendus dans notre société.»

C'est par la musique que trouvent voix et refuge ces trois jeunes femmes au langage aussi coloré que leurs habits. Par la musique qu'elles extériorisent leurs craintes, leurs angoisses et leur douleur, elles qui sont aux prises avec une horde de problèmes reliés à leur milieu de vie: pauvreté, anxiété, solitude, toxicomanie, dépendances, prostitution, vol, violence, familles dysfonctionnelles...

«J'avais envie d'une télé plus réelle, ajoute l'auteure. Comme ado et comme jeune adulte, j'aurais adoré voir à la télévision des émissions présentant des familles et des parcours plus croches. Dans M'entends-tu, on est dans ces parcours qui ne sont pas droits, qui sont chaotiques, mais qui ne sont pas sans amour, ni sans passion.»

Si on plonge aussi intensément dans les histoires et les quotidiens de ces trois jeunes femmes qui se cherchent, c'est que la série met en scène des personnages imparfaits et balafrés criants de vérité. Sans doute parce que l'équipe de M'entends-tu? a pu entreprendre une recherche anthropologique et aller directement sur le terrain rencontrer et discuter avec les commerçants, les policiers, les intervenants et, surtout, aux gens de ce milieu.

De ces témoignages «souvent difficiles à recevoir» est née la brochette de personnages de M'entends-tu? ainsi qu'un désir de la part de toute l'équipe de porter de façon juste et respectueuse ces vies et ces histoires partagées.

«On ne voulait pas que ce soit misérabilisme, mais on avait cela sur nos épaules, ces vies à porter. On ne pouvait pas le nier et on désirait traiter le tout avec profondeur sensibilité et dignité. On voulait aussi que ce soit drôle, car ces gens sont aussi drôles, ont un sens aigu de la répartie et portent en eux beaucoup d'amour. On a essayé d'osciller le plus habilement entre les deux», poursuit Florence Longpré qui a longtemps travaillé comme préposée aux bénéficiaires auprès de ce même type de clientèle.

«Souvent, ces gens ne sont pas si différents de nous qui avons plus d'argent, ajoute la comédienne Eve Landry dont le personnage se fait paradoxalement quasi muet. Ils n'ont souvent tout simplement pas les mêmes moyens, c'est tout, mais c'est souvent là où ils vont se perdre.»

«Le milieu me touchait, poursuit la chanteuse Mélissa Bédard que l'on retrouve pour la première fois au petit écran. Je connais des gens qui ont été et qui sont dans cette situation-là. J'ai donc accepté de donner une voix à ces gens qui représentent tout ce qu'on ne voit pas à la télé. Je me suis dit: pourquoi ne pas oser. Il fallait être le plus naturel possible pour ne pas les caricaturer et permettre aux gens de tomber en amour avec des filles qui ne sont pas si bien habillées que ça et qui n'ont pas un si beau langage que ça. Peut-être que cette série va donner la chance à des gens qui vivent ce genre de vie de se faire ouvrir la porte ou de se faire tendre la main.»

Musique et humour

Si l'humour et la musique viennent se joindre aussi parfaitement aux personnages colorés de M'entends-tu? (*mention spéciale au personnage de Pretzel, une prostituée transsexuelle brillamment interprétée par Christian Bégin), c'est qu'ils font partie intégrante de la vraie vie de son auteure.

«La musique, je trouve que c'est le partenaire idéal dans toute situation, explique-t-elle. Il y a tellement de chansons qui m'ont aidé à passer à travers des moments de ma vie, que ce soit des moments heureux ou plus tristes. Cela revient dans presque tout ce que je fais.»

Les mélodies se font ainsi éclectiques au possible alors que l'on vogue de pièces interprétées par le trio (des chansons originales religieuses et plus crues composées pour la série) à une trame sonore partant dans tous les sens: New Kids on the Block, Les Trois Accords, Kathleen...

«L'humour aussi vient de l'intérieur dans cette série. On a beaucoup été en interaction avec les gens du quartier où on a tourné. Le tout a été fait dans l'amour de ce milieu et de ces gens en tentant de poser un regard intérieur.»

M'entends-tu? sera en ondes dès le 16 janvier à 22h et sera aussi présenté en primeur et gratuitement sur le site de Télé-Québec du 15 décembre au 6 janvier.

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