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La PlayStation Classic de Sony, une belle coquille vide

Une fois allumée, la PlayStation Classic cesse de faire rêver...
HuffPost France

«Inspirée» par le succès de la NES Classic de Nintendo lancée en 2016, Sony a cédé à la mode des rééditions de consoles de jeux vidéo rétro en version miniature.

Ainsi, la PlayStation Classic sortie ce lundi 3 décembre en appelle à la nostalgie des joueurs avec une version mini de la cultissime PlayStation 1, elle-même sortie il y a 24 ans jour pour jour. Mais si l'originale s'est écoulée à 100 millions d'exemplaires dans le monde, les ados des années 90 sont désormais des trentenaires barbus beaucoup plus exigeants en matière de jeux vidéo.

Intraitables, les joueurs, notamment ceux officiant dans la presse vidéoludique s'accordent presque tous à dire qu'en dépit de son design, la machine ne fait du «fan service» qu'en surface et ne va pas assez loin pour proposer une véritable expérience de jeu rétro remastérisée.

Le HuffPost a donc demandé à Olivier Lehmann, assistant directeur de publication chez Omake Books, une maison d'édition spécialisée dans l'univers geek, s'il ne valait pas plutôt dépoussiérer sa vielle PS1 plutôt que de craquer pour la PlayStation Classic.

Une belle coquille vide

«Une console qui fait grise mine», titre le site spécialisé Gameblog, «La PlayStation méritait mieux que la PlayStation Classic», lit-on sur Gamekult... Les fans sont déçus de cet appel manqué à la nostalgie qui se résume à une coquille vide pourtant vendue près de 130 dollars canadiens.

Pour Olivier Lehmann, grand fan des consoles de Sony et qui a longtemps travaillé dans le milieu de la presse vidéoludique en passant notamment par le PlayStation Magazine, la console n'apporte rien de plus que l'original.

Sony a en effet opté pour de l'émulation très, voire trop, basique de ses jeux. Si la console se branche en HDMI, le signal vidéo n'ira pas au-delà des 720p... et en 4/3 s'il vous plaît! Avec des jeux sortis au balbutiements de la 3D, le tout a de quoi donner un beau méli-mélo de pixels parfois indigeste à l'écran.

Les amateurs de polygones ne seront pas déçus.
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Les amateurs de polygones ne seront pas déçus.

Ce n'est donc pas la carrosserie de l'engin qui pose problème, mais bien ce qu'il a sous le capot. D'un point de vue esthétique, il n'y a en effet pas grand chose à dire. Le design est reproduit à la lettre si ce n'est que la PS Classic tient désormais presque dans la paume de votre main.

Une réplique de poche esthétiquement très fidèle à l'original
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Une réplique de poche esthétiquement très fidèle à l'original

Manettes en main, on retrouve aussi au toucher la sensation du grain particulier du plastique et la rigidité des touches (surtout des gâchettes) propres aux manettes à l'ancienne comme la première Dualshock. On peut toutefois déplorer l'absence d'adaptateur pour le câble d'alimentation USB. Eh oui... les économies d'échelle ont changé avec le temps elles aussi.

Même à l'allumage, le «fan service» est total avec la musique de lancement de la console qui a fait s'hérisser les poils naissants de tout joueur à la sortie de la console, un véritable hymne à la nostalgie. Mais c'est une fois allumée que la PlayStation Classic cesse de faire rêver.

La douce mélodie de la PlayStation 1:

Outre le design mini, c'est surtout pour le catalogue de jeux de la PS Classic que Sony n'a pas vu les choses en grand. Le menu déroulant inspiré des bornes d'arcade à l'air d'un triste carrousel à mesure qu'il fait défiler les 20 jeux seulement du catalogue de la PS1.

Si l'on retrouve, certes, des classiques comme Tekken 3, Final Fantasy VII, Metal Gear Solid et Resident Evil, on peut regretter l'oubli de titres cultes comme Crash Bandicoot, Tomb Raider et MediEvil.

«Le catalogue est d'ailleurs non évolutif, impossible donc d'espérer pouvoir y ajouter des jeux supplémentaires», déplore Olivier Lehmann qui aurait bien aimé retrouver le classique Silent Hill, premier du nom.

Le menu déroulant du catalogue de jeux: un triste carrousel.
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Le menu déroulant du catalogue de jeux: un triste carrousel.

Un bijou rétro pour les collectionneurs, pas pour les (rétro) gamers

Si le charme de l'ancien, des sensations passées retrouvées et qui éveillent de doux souvenirs de jeunesse enfouis font le succès du rétro gaming, pourquoi alors vouloir remasteriser une console dont l'original a déjà séduit et continue de séduire les joueurs?

Certes, la PlayStation Classic ne propose rien de nouveau et n'est pas indispensable. Mais pourquoi devrait-elle l'être? Si Sony a décidé de sortir cette console, ce n'est pas pour redonner une seconde jeunesse à ses jeux en les rendant plus beaux et plus adaptés aux normes techniques actuelles.

La PlayStation Classic n'existe que pour titiller la collectionnite aiguë dont soufrent les joueurs et les geeks en général. Contrairement aux actuelles PS4 et Xbox One qui (la Switch de Nintendo mise à part) ressemblent à des lecteurs DVD sans grande personnalité, les consoles rétro possèdent des traits particuliers qui en font de parfaits objets de collection.

L'intérêt de la PlayStation Classic, ce n'est donc pas tant ce qu'elle a dans le ventre, mais plutôt l'objet en lui-même. À l'instar d'une figurine à l'effigie d'un jeu ou d'un anime que l'on garde emballée sous vide sans jamais jouer avec, la PS Classic n'est qu'un totem, une effigie de la PS1 qui passe bien au milieu d'une étagère. Une capsule temporelle plus qu'un véritable machine à voyager dans le temps.

On ne veut pas y jouer, mais la posséder, la collectionner et l'admirer. «La quantité très limitée d'unité produites pour ce genre de consoles lui donne une certaine rareté qui pousse à la collection, à la chasse aux trésors», explique Olivier Lehmann.

Un joyaux pour collectionneur plus qu'un bijou pour rétro gamer, la PlayStation reste cependant un peu trop chère pour ce qu'elle est. Si votre amour du jeu dépasse celui pour les bibelots, mieux vaut donc dépoussiérer votre vieille PS1 ou en acheter une d'occasion.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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