QUÉBEC – Le gouvernement Legault abaissera-t-il les cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) de 2020? C'est ce que craignent les partis d'opposition, qui le pressent de prendre des mesures concrètes pour agir en matière d'environnement.
La Presse rapportait mardi que la Coalition avenir Québec (CAQ) voudrait fixer des cibles «plus réalistes» pour la réduction des GES et que le discours d'ouverture du premier ministre François Legault mercredi risque de décevoir les environnementalistes.
Questionné à ce sujet, M. Legault a confirmé qu'il était en attente des chiffres des dernières années «pour voir jusqu'à quel point c'est réaliste» d'atteindre les cibles fixées pour 2020 – soit de diminuer les GES de 20% sous le niveau de 1990.
2020, je ne peux pas répondre à la question actuellement. Je n'ai pas assez de données pour répondre à cette question-là.François Legault, premier ministre du Québec
«Ce sont des cibles que tous les États, que plusieurs pays dans le monde se sont donnés, a-t-il dit. Il faut tout faire pour les atteindre. Mais je veux d'abord voir ce qui a été fait ou ce qui n'a pas été fait par le gouvernement libéral parce qu'on est à deux ans de l'échéance.»
«2020, je ne peux pas répondre à la question actuellement. Je n'ai pas assez de données pour répondre à cette question-là. C'est sûr que moi, je veux m'assurer que notre plan va permettre d'atteindre la cible de 2030», a ajouté M. Legault.
Le Québec s'est doté d'une cible de réduction de 37,5% sous le niveau de 1990 d'ici 2030.
Un «très mauvais signal»
Chose certaine, les trois partis d'opposition l'attendent de pied ferme dès mercredi sur ce dossier qui est prioritaire à leurs yeux.
«Réviser les cibles comme telles, c'est un très mauvais signal. Ça donne l'impression qu'il lâche la serviette alors que les Québécois et les Québécoises sont prêts à faire des efforts», a critiqué Marie Montpetit, porte-parole libérale en matière d'Environnement.
À son avis, M. Legault «souhaite les réviser pour les rendre plus réalistes, donc les diminuer» et ce, alors qu'il y a une mobilisation en cours de la part de la population – comme le prouve l'appui massif au Pacte pour la transition, entre autres.
Le Parti québécois presse la CAQ de faire adopter une loi anti-déficit climatique, qui forcerait le Québec à atteindre ses cibles en matière de diminution des GES. Il y aurait aussi une entité indépendante qui mesurerait les résultats.
«L'urgence de la situation commande d'avoir une loi, comme ça se fait en France, au Royaume-Uni, en Finlande, qui fixe l'atteinte de ces cibles avec des moyens et avec quelqu'un d'externe qui vient dire à chaque année si le gouvernement est en voie d'atteindre ses cibles», explique Sylvain Gaudreault, porte-parole du PQ en matière d'Environnement.
M. Gaudreault précise que son parti est déjà à pied d'œuvre pour écrire une telle loi, même s'il forme le deuxième groupe d'opposition et bénéficie de moins de ressources qu'avant. Il souhaite que la CAQ en fasse tout autant pour déposer un projet de loi pendant la courte session parlementaire avant Noël.
«Si le gouvernement, avec toute son équipe, ses ressources, ses employés, ses fonctionnaires, n'est pas capable de faire une loi anti-déficit climatique et de la déposer avant le début de la COP, ça veut dire qu'il n'y a pas de réelle volonté», déplore M. Gaudreault.
Québec solidaire a quatre priorités pour les deux prochaines semaines : l'environnement, l'environnement, l'environnement et la lutte aux changements climatiques. Le parti souhaite voir «minimalement» une ébauche de plan pour atteindre les cibles et ce, avant le début de la COP24.
«Si M. Legault veut diminuer ces cibles-là, il n'a pas conscience de ce que ça veut dire comme impact pour la planète, dit Manon Massé, chef parlementaire. Soyons clairs: ce ne sont pas les cibles qu'il faut diminuer, ce sont les gaz à effet de serre.»