ÉCOLOGIE - Le réchauffement climatique n'est plus à prouver. Ses conséquences affectent déjà notre quotidien sur cette planète, comme l'a rappelé Nature Climate Change dans sa récente étude. Nouvel exemple de ce phénomène, l'érosion d'une bande de terre de l'île de Mayreau, qui appartient à l'archipel de Saint-Vincent-et-les-Grenadines dans les Caraïbes.
Cette bande de terre s'appelle la "Salt Whistle Bay". Classée 16ème plus belle plage du monde sur les 1800 du classement de la plus grande agence de voyages du Canada, Flight Networkar, cette plage a perdu de sa superbe. Autrefois bien plus large qu'aujourd'hui, cette baie est victime d'érosion intense, au point de se faire engloutir par l'océan. Par conséquent, l'érosion risque non seulement de couper l'île en deux, mais aussi de détruire la célèbre "Salt Whistle Bay". Et aujourd'hui, les derniers parasols plantés sur cette plage paradisiaque risquent plus de prendre l'eau que de s'envoler.
Une côte qui recule
Filius "Philman" Ollivierre, un des 300 habitants de l'île, expliquait le 13 novembre dernier dans les colonnes du site carribeanlifenews ce qui, selon lui, expliquait ce phénomène: "Le niveau de la mer s'est élevé, faisant reculer la côte, jour après jour". Le quarantenaire se souvient de l'époque où cette bande de terre faisait plus de 20 mètres de large, et où une végétation dense y régnait. Aujourd'hui, il ne reste presque rien, seulement 6 mètres séparent l'océan Atlantique de la mer des caraïbes.
"Il y avait là des raisiniers. Petit à petit l'érosion a fait son œuvre, la mer a gagné du terrain, mettant à nu leurs racines. Asséchés, les arbres sont quasiment morts aujourd'hui. Le phénomène n'a pas épargné les coraux. Il n'y aurait plus que de la mousse au fond de l'eau, tout le long de ce qu'il reste de la bande de terre", déplore-t-il encore.
Il n'est pas le seul local à remarquer le problème. Toujours selon Carribeanlifenews.com Wayne Halbich, capitaine d'un bateau, a lui aussi vu l'impact de la montée des eaux sur la baie et raconte le triste record que détient l'île Mayreau: le bras de terre représente la plus courte distance entre l'océan Atlantique et la mer des Caraïbes.
Le marin regrette la mort du récif, qui impacte toute la baie: "Nous constatons des signes très concrets en relation avec le réchauffement climatique. C'est aussi dû au fait que le récif est en train de mourir. Le récif ne peut pas produire de sable et le sable que vous perdez ne revient pas". Pour le capitaine, un cyclone dans l'année suffirait à détruire la "Salt Whistle Bay" si rien n'est fait.
"Nous payons"
Des actions d'urgence sont déjà envisagées par des élus locaux, qui sont montés au créneau pour porter cette situation devant les responsables de l'archipel. Comme Terrance Ollivierre, membre du Parlement des Grenadines du Sud, qui a demandé au Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, ce qu'il était possible de faire rapidement pour remédier cette situation d'urgence.
Le gouvernement cherche des solutions avec des entreprises privées, dont l'une propose par exemple de placer des rochers au bord de la plage pour atténuer les courants. "Mais il faut beaucoup plus que cela et ce sera un projet plus vaste", assure le Premier ministre devant les législateurs, avant de rappeler à ses concitoyens de prendre également leurs responsabilités: "Lorsque nous parlons du changement climatique et que certaines personnes le nient, que beaucoup de nos concitoyens s'en moquent, quand notre peuple n'est pas suffisamment alerte en ne respectant pas les raisiniers, le mancenillier, la mangrove, les cocotiers, ni même le sable, nous payons."
500 arbres plantés
En attendant de trouver une solution, l'organisation non-gouvernementale "Sustainable Grenadines Inc." tente de faire bouger les choses. Son travail consiste à repérer les endroits stratégiques qui nécessitent une restauration. Carribeanlifenews.com rapporteque l'association a restauré l'année dernière la plus grande forêt de mangrove et la plus grande lagune de Saint-Vincent-et-les Grenadines, située à Ashton, Union Island.
Pour Orisha Joseph, la responsable du programme, le gouvernement doit s'associer avec les ONG compétentes pour avoir un espoir de changer les choses: "Nous devons voir comment les ONG et les organisations de lutte contre le changement climatique pourraient vraiment collaborer avec le gouvernement". Pour elle, le gouvernement doit insister pour qu'aucune construction ne soit réalisée à moins de 40 mètres du littoral. Pas évident, pour une île qui vit essentiellement du tourisme.
Aujourd'hui, la terre se noie dans l'eau et risque de bientôt ouvrir un passage qui reliera les deux océans. Au-delà de l'aspect écologique, la destruction de la fameuse "Salt Whistle Bay" risque d'engendrer une baisse de fréquentation touristique qui serait une catastrophe pour l'île, dont la majeure partie de l'économie repose sur le tourisme.
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