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Le Parti québécois panse ses plaies avant de regarder vers l’avenir

Des candidats défaits se prononcent sur la «claque en pleine face» subie le 1er octobre dernier.
L'ancien chef du PQ, Jean-François Lisée, pointe du doigt une destination inconnue aux côtés de l'autobus psychédélique de son parti pendant la campagne électorale.
La Presse canadienne
L'ancien chef du PQ, Jean-François Lisée, pointe du doigt une destination inconnue aux côtés de l'autobus psychédélique de son parti pendant la campagne électorale.

QUÉBEC – Après avoir subi une véritable «claque en pleine face» le 1 octobre dernier, le Parti québécois (PQ) se réunit samedi pour examiner les raisons de sa défaite historique et panser ses blessures, en tentant de tracer une voie pour les quatre prochaines années.

Les candidats de la dernière élection, les délégués des circonscriptions et des régions, le conseil exécutif national et le conseil exécutif national des jeunes seront réunis en huis clos pendant pas moins de quatre heures pour faire le bilan de la dernière campagne.

Les candidats défaits qui se sont confiés au HuffPost Québec avant cette réunion avaient tous leur mot à dire sur les raisons qui ont contribué à la défaite du PQ, à commencer par l'indépendance qui avait été reléguée au deuxième plan.

«Les souverainistes ne deviennent pas souverainistes... en lisant du Harlequin!», s'exclame en entrevue l'ex-député Alain Therrien, qui a perdu son siège dans Sanguinet, en Montérégie, aux mains de la nouvelle ministre caquiste de la Santé, Danielle McCann.

Dans une lettre ouverte co-signée avec son ancien collègue Nicolas Marceau, M. Therrien estime que la décision de tenir un référendum sur l'indépendance du Québec dans un deuxième mandat a fait craquer le «ciment de la coalition péquiste».

«On n'a jamais été dans le coup», affirme pour sa part Benoît Béchard, ancien candidat du PQ dans Bellechasse. «On a été écartelés littéralement. Les gens plus de gauche, plus progressistes sont allés vers Québec solidaire (QS) et les nationalistes un peu déçus du PQ sont allés à la Coalition avenir Québec (CAQ).»

Je comprends qu'on est au Parti québécois et que tout le monde est un peu névrosé et qu'on se regarde le nombril et qu'on aime bien se plaindre...Frédéric Lapointe, ex-candidat dans Maurice-Richard

L'ancien chef du PQ, Jean-François Lisée, s'est fait élire pour diriger le parti en promettant de former un «ost* de bon gouvernement» dans un premier mandat et de remettre à jour les études sur l'indépendance. Dans un deuxième mandat – majoritaire – son objectif était de «réussir» l'indépendance dans un troisième référendum.

Or, sur le terrain, des électeurs en sont venus à la conclusion que l'indépendance était «reléguée au second rang», admet Dieudonné Ella Oyono, ex-candidat péquiste dans Saint-Henri-Sainte-Anne à Montréal. «Les gens disaient : "vous n'êtes plus un parti indépendantiste".»

«J'ai l'impression qu'en mettant trop l'accent sur la mécanique (référendaire), on finit par perdre l'essence même du projet parce que les gens l'interprètent comme si on mettait ça de côté», admet M. Oyono, qui a répété aux électeurs qu'il n'a «jamais été question d'abandonner l'idée» de faire l'indépendance.

Objectif : faire «rêver» les Québécois

Même si M. Lisée a répété à de maintes reprises qu'il a parlé d'indépendance à tous les jours pendant la campagne, M. Therrien n'est «pas sûr» que c'est le cas. M. Oyono ajoute que le PQ «aurait pu en faire plus» pour faire «rêver» les Québécois au projet d'indépendance.

«Il y en a qu'on va réussir à convaincre avec des arguments, en disant qu'on est les plus crédibles. Mais là où on a manqué un peu de galbe – si je peux m'exprimer ainsi – c'est qu'il y a d'autres qui voteraient pour nous potentiellement, mais qui n'ont pas besoin d'arguments pour les convaincre. Ils ont besoin qu'on les fasse rêver, qui ont besoin qu'on les inspire.»

«Quand on réussit à faire rêver des gens, même si la marche pour y aller peut être haute, les gens finissent par embarquer, poursuit M. Oyono. Ça, je pense, on a essayé de le faire, mais on ne l'a pas fait suffisamment à mon avis.»

L'ancien chef Jean-François Lisée et la vice-chef Véronique Hivon entourés de candidats de la région de Montréal: Jen Drouin (gauche), Michelle Blanc (centre), Frédéric Lapointe (droite).
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L'ancien chef Jean-François Lisée et la vice-chef Véronique Hivon entourés de candidats de la région de Montréal: Jen Drouin (gauche), Michelle Blanc (centre), Frédéric Lapointe (droite).

Frédéric Lapointe, qui s'est présenté dans la circonscription Maurice-Richard à Montréal, a une lecture plus optimiste de la situation du PQ.

«Il y a bien du monde qui joue toutes sortes de violons parce que ça leur fait mal de voir 10 députés à l'Assemblée nationale, mais ce n'est pas ce que l'histoire va retenir», lance-t-il d'emblée.

«L'histoire du 2 octobre, ce n'est pas la défaite du Parti québécois. L'histoire du 2 octobre, c'est la défaite du gouvernement libéral alors que le taux de chômage est autour de 5%.»

M. Lapointe admet que son parti a pris un «risque» en repoussant le projet d'indépendance pour «être absolument certain que ce gouvernement détestable soit défait».

Dans ce sens, le PQ a atteint son objectif, dit-il, puisque les libéraux ont connu un creux historique avec 25% des voix. En comparaison, les libéraux avaient été élus avec 42% des voix en 2014 en brandissant l'épouvantail souverainiste.

Être ou ne pas être le «vrai» chef

M. Lisée menait une bonne campagne jusqu'au fameux «Face-à-face» de TVA où il a mené une charge frontale contre la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé, soulignent les candidats.

M. Therrien dit avoir senti un changement d'attitude sur le terrain, en faisant du porte-à-porte, avant et après le débat. Malgré tout, le député sortant se montre réticent à critiquer son ancien chef.

«On ne dit pas qu'il a fait un mauvais débat. On dit qu'après ce débat-là, les aiguilles (des sondages) sont retombées (à la case départ)», insiste l'ex-député de Sanguinet.

Selon Nicole Morin, ex-candidate dans Maskinongé, le PQ devait confronter QS sur des questions de transparence et ainsi freiner la progression du parti dans les intentions de vote. Mais elle se questionne sur la façon dont cette tactique a été menée.

«Est-ce que le timing était bon? Est-ce que c'était le bon endroit? Est-ce qu'il aurait pu le faire par quelqu'un d'autre?» demande-t-elle. «Malheureusement, ça a mal sorti ou ça a mal été interprété.»

Même si le PQ est revenu à son point de départ, Mme Morin pense que M. Lisée avait raison d'agir. «Je pense qu'il fallait que ce soit dit. Je crois que les électeurs doivent voter en toute connaissance de cause et (...) savoir qui est le vrai chef», finit par dire la candidate défaite.

Un post-mortem agité à prévoir?

M. Lisée devrait s'expliquer sur sa stratégie électorale, lors de la rencontre en huis clos, samedi à Montréal. Son intervention devrait durer «moins de 30 minutes», selon le Journal de Québec.

Benoît Béchard, qui s'est présenté dans Bellechasse, a lui aussi l'intention de se présenter au micro, question de «brasser la cage» aux péquistes.

«Le 17 novembre prochain, le Parti québécois devra "avoir chaud" et dépasser certains de ses réflexes nerveux de préservation. Il sera de mauvais augure pour sa pérennité si, à la clôture de son conseil national, tout est calme», écrivait-il dans Le Devoir il y a une dizaine de jours.

«Il faut qu'on se mette à réfléchir ensemble pour faire en sorte que les gens se remettent à nous écouter», dit Alain Therrien, ex-député de Sanguinet.
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«Il faut qu'on se mette à réfléchir ensemble pour faire en sorte que les gens se remettent à nous écouter», dit Alain Therrien, ex-député de Sanguinet.

Au lieu de sombrer dans la nostalgie des belles années du PQ, Odette Lavigne, ex-candidate dans Fabre, veut se tourner vers l'avenir et écrire le prochain chapitre du parti. La jeune femme de 30 ans pense qu'il est temps que la relève, dont elle fait partie, entre en scène.

«Oui, on a subi une défaite. Mais avec chaque défaite, il y a des opportunités qui se présentent», estime Mme Lavigne.

Frédéric Lapointe non plus n'a pas l'intention de s'attarder davantage sur les raisons qui ont mené à la défaite historique du PQ. «Je comprends qu'on est au Parti québécois et que tout le monde est un peu névrosé et qu'on se regarde le nombril et qu'on aime bien se plaindre...»

«Moi, je ne vais pas passer le week-end dans un exercice de flagellation quand nous, nos objectifs sont atteints. Les libéraux sont battus.»

Isabelle Charest (Brome-Missisquoi, CAQ)

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