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Montréal investira moins dans le maintien des routes, plus dans le réaménagement

Les budgets de réaménagement sont doublés alors que ceux pour le maintien sont amputés du tiers.
La rue Laurier Ouest, à Outremont, a été réaménagée pour élargir les trottoirs.
Olivier Robichaud
La rue Laurier Ouest, à Outremont, a été réaménagée pour élargir les trottoirs.

Montréal met de côté le pavage temporaire pour mettre l'accent sur l'aménagement sécuritaire des rues et des intersections. L'administration Plante crée d'ailleurs deux nouveaux programmes en ce sens.

C'est tout un rebrassage des priorités qui a été annoncé jeudi. Alors que 71% des budgets de voirie étaient destinés au maintien des actifs jusqu'en 2018, cette proportion chutera à 46% en 2019. Avec le nouveau Programme d'aménagement des rues et le Programme Vélorues, l'aménagement passe de 17% des budgets de voirie à 40%.

Ainsi, de 2019 à 2021, la Ville compte investir 857 M$ en maintien des infrastructures et 741 M$ en aménagement. Le reste (247 M$) est destiné aux projets de développement.

L'administration précédente avait pourtant augmenter les budgets de maintien pour éliminer le déficit observé entre l'état des routes de Montréal et celles des autres villes canadiennes.

«Les programmes actuellement en place visant à assurer le maintien de nos infrastructures tenaient compte du déficit d'entretien de la chaussée, mais pas suffisamment des déficiences en matière d'aménagement. Cette révision en profondeur des programmes nous permettra de saisir toutes les opportunités pour bonifier les aménagements et ainsi répondre aux besoins de tous les usagers pour assurer leur sécurité», affirme Éric Alan Caldwell, responsable du transport et de l'urbanisme au sein de l'administration Plante.

Éric Alan Caldwell, responsable du transport et de l'urbanisme à la Ville de Montréal.
Olivier Robichaud
Éric Alan Caldwell, responsable du transport et de l'urbanisme à la Ville de Montréal.

L'administration a déjà annoncé qu'elle profitera de chaque projet de réfection de rue ou d'infrastructures souterraines pour revoir l'aménagement. Les nouveaux programmes permettront à la Ville de réaménager des rues qui ne sont pas visées par ce genre de travaux.

Malgré cette diminution des investissements en maintien des infrastructures, M. Caldwell promet que les progrès faits au cours des dernières années pour rattraper le déficit ne seront pas anéantis. Des travaux de maintien auront d'ailleurs lieu pendant les travaux de réaménagement.

«Élan arrêté», déplore l'opposition

Cette annonce remplit une importante promesse électorale pour l'équipe de Projet Montréal. Le parti avait dénoncé les programmes de planage-revêtement, qui permettent de prolonger de quelques années la durée de vie d'une route, en attendant un projet de réfection plus majeur.

L'ancien maire Denis Coderre avait accéléré l'utilisation de ces programmes pour couvrir presque 300 km de rues par année, contre 70 km par an antérieurement. Il prévoyait atteindre 500 km annuellement d'ici quelques années afin d'éliminer le déficit par rapport aux autres villes en cinq ans.

Le chef de l'opposition Lionel Perez, qui a repris les rênes du parti de M. Coderre, déplore la nouvelle approche de l'administration Plante.

«On est finalement à une étape où on a un élan pour rattraper le déficit, et là, juste avant d'avoir une vitesse de croisière, Projet Montréal veut arrêter cet élan. [...] Je pense que la majorité des Montréalais vont être très déçus de cette nouvelle orientation, parce que ça veut dire que pendant plusieurs autres années, on va devoir subir des rues qui sont en très mauvais état», dit-il.

Une cadence insoutenable?

La cadence de 500 km par an aurait été intenable selon M. Caldwell. L'administration Plante maintiendra les 300 km actuels, en tenant compte des nouveaux programmes de réaménagement.

«Dans le plan antérieur, on voulait juste accélérer le maintien à un niveau plus élevé. On ne se permettait pas d'intervenir au niveau de la sécurisation de l'intersection parce que ça ralentissait cet espèce de rouleau compresseur de kilomètres d'asphalte qu'il fallait livrer», dit-il.

La résorption du déficit se fera donc plus lentement que prévu: dix ans plutôt que cinq.

Près de la moitié des rues de Montréal sont considérées par la Ville comme étant en mauvais état ou en très mauvais état.

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