L'année 2018 marque un tournant dans la qualité des infrastructures de Montréal. Pour la première fois depuis la fin des années 1970, la Ville atteindra le strict minimum d'investissements nécessaires pour maintenir en bon état les routes, les égouts, les viaducs et les autres infrastructures municipales.
Selon la Ville de Montréal, le «chiffre magique» pour assurer le maintien est 1,6 G$. L'administration Plante est en bonne voie d'atteindre 1,8 G$ d'ici la fin de l'année, selon une annonce faite en marge de la présentation du budget 2019.
La multiplication des chantiers aura donc porté fruits. D'ici quelques années, Montréal devrait se départir de son image d'une ville qui tombe en morceaux.
Réaliser ce qui est promis
C'est en améliorant le taux de réalisation des promesses en immobilisations que la Ville réussit à atteindre le «chiffre magique».
Sous l'administration de Gérald Tremblay, la Ville réalisait parfois moins de 40% de son Plan triennal d'immobilisations (PTI). À partir de 2013, l'ex-maire Denis Coderre a grandement augmenté à la fois les investissements promis et le taux de réalisation de ces promesses pour atteindre 72%.
Cette augmentation du taux de réalisation se poursuit avec Valérie Plante. Plus de 80% des 2,1 G$ promis l'an dernier auront été effectivement investis.
«Nous n'avons plus le loisir de "sur-pétéiser" nos promesses. On budgétise selon nos besoins et, surtout, on le réalise», affirme Benoit Dorais, président du comité exécutif et responsable des finances de la Ville.
Le nouveau PTI prévoit des investissements de 2,1 G$ dans les infrastructures en 2019. Les infrastructures routières recevront 643,8 M$, alors que les infrastructures de l'eau, notamment les égouts, les aqueducs et les réservoirs, recevront 481,9 M$.
Grosse augmentation de la dette
Cette réussite a toutefois un coût. La dette de la Ville gonflera de presque 9% l'an prochain pour atteindre 5,9 G$. C'est 112% du budget annuel de 5,7 G$.
Le conseil municipal devra donc accorder à l'administration Plante une dérogation à la politique de gestion de la dette, qui limite le niveau d'endettement à 100% du budget.
C'est la première fois qu'une telle dérogation sera utilisée depuis l'adoption de la politique en 2004.
«C'est parce qu'on est performant», affirme M. Dorais.
Celui-ci affirme qu'une stratégie de retour à une dette qui respecte la politique de gestion sera soumise au conseil municipal.
L'opposition ne l'entend pas de la même façon.
«L'administration Plante fait exploser la dette à des niveaux records. Rappelons que la dette peut affecter la note de crédit de la Ville», affirme Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal.
Questionné à savoir quels projets devraient être mis de côté pour réduire l'endettement, M. Perez a dit qu'il prendra plus de temps pour analyser le PTI.