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«Plan B»: une entrée en matière parfaitement bouleversante

Les auteurs Jean-François Asselin et Jacques Drolet ont accompli quelque chose de plutôt rare en télévision...
Radio-Canada

La deuxième saison de Plan B était évidemment très attendue, surtout après les victoires éclatantes de la série lors du dernier Gala des Gémeaux dans les catégories Meilleure série dramatique et Meilleur premier rôle féminin dans une série dramatique.

Disponible dès aujourd'hui dans la section Véro.tv d'ICI Tou.tv Extra, on nous promettait une nouvelle histoire «touchante, choquante et bouleversante» pour ce deuxième tour de piste. Et on ne nous a pas menti.

Mais avant d'analyser plus en profondeur cette nouvelle intrigue, nous devons d'abord encenser le travail des auteurs Jean-François Asselin et Jacques Drolet, qui ont accompli quelque chose de plutôt rare en télévision : une parfaite entrée en matière.

Sophie Lorain et Luc Guérin dans la deuxième saison de «Plan B».
Radio-Canada
Sophie Lorain et Luc Guérin dans la deuxième saison de «Plan B».

Réussir un premier épisode est parfois plus facile à dire qu'à faire en télévision. Celui-ci vient toujours avec un certain stress, surtout si nous considérons la surabondance de l'offre télévisuelle à laquelle le spectateur a désormais accès. Le but est évidemment de convaincre ce dernier de poursuivre son visionnement au-delà des présentations.

Il faut donc savoir jouer ses cartes, présenter ses personnages, implanter les bases de son récit et établir un ton en prenant le temps de bien faire les choses... tout en trouvant une façon de demeurer concis.

À titre d'exemple, la série Le jeu avait connu un mauvais départ avant de réussir à dévoiler ses forces au fil des épisodes suivants. Même Demain des hommes - assurément l'une des meilleures séries québécoises de la cuvée 2018 - n'avait pu éviter quelques dérapages en début de parcours.

Dans le cas de la deuxième saison de Plan B, qui propose une toute nouvelle intrigue avec un seul lien (mais non le moindre) avec la saison précédente, nous avons affaire à un premier épisode qui accomplit beaucoup de choses en très peu de temps.

Le tout à travers une facture visuelle souvent plus cinématographique que télévisuelle, Jean-François Asselin (qui agit également à titre de réalisateur) guidant ses interprètes à la perfection et multipliant les scènes marquantes dès les premiers moments de la saison.

Suspendre le temps

Asselin et Drolet réussissent évidemment l'essentiel (présenter leurs personnages de façon convaincante, révéler les liens qui les unissent, etc.) avec un savoir-faire et un souci du détail dignes de mention.

Le duo accorde d'ailleurs tout le temps nécessaire au personnage principal, Florence (Sophie Lorain), pour prendre ses aises dans son rôle d'animatrice de radio du matin, ainsi que dans ses relations interpersonnelles (avec son amant vingt ans plus jeune qu'elle, ses collègues, son ex, ses enfants).

La vie de Florence est chamboulée lorsqu'elle retrouve sa fille morte dans son appartement.

Un moment au cours duquel Jean-François Asselin illustre avec une force dramatique ahurissante le sentiment d'impuissance totale de la mère par l'entremise d'un plan séquence de près de quatre minutes. Une séquence durant laquelle il parvient à suspendre le temps, à nous imprégner de la détresse de Florence.

Cette dernière erre entre les murs de son appartement en état de choc, tandis que s'activent les services d'urgence pour tenter de sauver la vie de sa fille, et que nous est expliquée la dynamique familiale particulière qu'elle entretient avec son ex (Luc Guérin).

Bref, un grand moment de télévision.

Précision, patience et empathie

Ensuite viennent les explications d'usage, la quête de réponses, la reprise en main. Étant donnée sa profession, Florence est exposée aux commentaires de son compétiteur comme ceux des auditeurs, qui ressentent évidemment le besoin de partager publiquement leur opinion sur le drame.

Puis il y a la chance de revenir en arrière pour tenter de corriger le tir et sauver la vie de sa fille. Évidemment, chaque choix, chaque geste, équivaut à un bouleversement, une conséquence, dans Plan B.

Si les auteurs traitent, certes, de sujets extrêmement difficiles (les amours violents, le suicide, le deuil), ce ne sont pas tant les événements qui retiennent l'attention au départ, mais plutôt l'incroyable précision, la patience et l'empathie avec lesquelles ils sont mis en scène.

L'univers de cette nouvelle intrigue devient palpable, instantanément familier, car rien n'est fait hâtivement. Car le temps - élément évidemment plus qu'important dans Plan B - est manipulé ici pour nous permettre de prendre pleinement conscience d'un détail ou décupler la force dramatique d'une séquence.

Avec une introduction aussi puissante, imaginez maintenant la suite...

La deuxième saison de Plan B est disponible dès aujourd'hui dans la section Véro.tv d'ICI Tou.tv EXTRA.

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