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Simon Boulerice jongle avec télé, radio et écriture

Alors qu'on peut le voir à «Cette année-là», il enchaîne les chroniques à ICI Première et présente un roman inspiré de Cédrika Provencher.
Simon Boulerice.
Alex Paillon
Simon Boulerice.

En une décennie seulement, Simon Boulerice s'est imposé comme une figure majeure du monde littéraire et théâtral québécois, rejoignant les enfants, les adolescents et les adultes avec ses multiples publications chaque année.

Si son nom est depuis longtemps associé à l'adjectif « prolifique » pour les journalistes en manque de synonymes, il est depuis peu décrit comme un chroniqueur émérite à la radio et à la télé. Cet automne seulement, on peut l'entendre à Plus on est de fous, plus on lit à ICI Première, le voir à Cette année-là sur les ondes de Télé-Québec et lire son roman Je t'aime beaucoup, cependant, une histoire inspirée de l'affaire Cédrika Provencher.

As-tu toujours rêvé de mélanger ces disciplines?

Je me suis toujours trouvé multiple. J'aime 1000 affaires et j'avais envie de toucher à tout, mais je ne suis pas quelqu'un rempli d'ambitions qui planifie les choses ou qui défonce des portes. Je préfère me laisser porter par la vague. Je suis très bien sur la scène et j'ai besoin du contact direct avec le public, mais quand j'ai commencé à faire de la radio, j'ai beaucoup aimé le médium. Surtout qu'on me disait à l'école de théâtre que je n'avais pas une belle voix, alors je ne pensais jamais faire de radio dans ma vie. Puis, l'année dernière, j'ai commencé à faire de la télévision plus régulièrement avec mes chroniques à Formule Diaz. Je me sentais à ma place. Au fond, je me vois comme un artiste et un passeur. J'ai toujours aimé partager de mes coups de cœur.

Apprécies-tu le public plus vaste de tes nouvelles tribunes?

Oui! J'écris beaucoup de romans, mais ça demeurera toujours anonyme. J'ai un succès d'estime très chouette, mais je n'ai pas un rayonnement comme India Desjardins ou Michel Tremblay. Je ne peux pas m'adresser au même bassin de personnes que je le fais avec la radio et la télé. Il y a quand même 200 000 personnes qui regardent Cette année-là.

Un large public vient aussi avec des commentaires plus nombreux. Comment ça se passe jusqu'à présent?

Étonnamment, je suis plutôt épargné. Depuis le début de l'émission, je reçois des commentaires dithyrambiques, ce qui me fait plaisir, mais j'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas croire les gens qui disent qu'on est un génie, parce que lorsqu'ils vont dire qu'on est un trou de cul, on va les croire aussi. J'ai toujours su que je n'étais ni un ni l'autre. Je me considère intéressant et valable. J'ai reçu des pots, mais ils ne me font pas si mal.

Sens-tu que tu offres quelque chose de différent dans le paysage médiatique?

Je suis moins formaté. Quand j'écris, ma pensée se précise et je suis plus articulé, mais quand je parle, mon enthousiasme prend le dessus et ça se précise ensuite. Tout sort trop vite. Je me prépare pourtant beaucoup. J'ai même un côté assez scolaire, mais quand on débute, tout ce que j'ai préparé fout le camp. Je suis dans le moment présent tout le temps. Je trouve ça l'fun de pouvoir être complètement moi-même quand le «kodak» s'allume.

Est-ce que tes chroniques ralentissent ta machine à création?

Énormément. J'écris au compte-gouttes ces temps-ci. Ça me fait du bien de prendre une pause de la création. Je dois préserver des moments libres pour avoir une vie de couple, une vie sociale et du temps pour moi. J'ai besoin de moments où je peux errer et écrire tranquillement. Je ne veux pas être dans la surcharge.

Tu viens de publier Je t'aime beaucoup, cependant, qui s'inspire de la disparition de Cédrika Provencher, alors que ton roman précédent, L'enfant mascara, s'inspirait d'un crime homophobe et transphobe. Pourquoi les faits divers t'inspirent?

À partir du moment où ça devient une obsession, ça fonctionne. Dans le cas de L'enfant mascara, je me documentais dans les journaux et sur le web par fascination. De son côté, Cédrika, est devenue un nom mythique à travers les années, comme Julie Surprenant. Ça faisait partie de mon imaginaire. J'ai eu envie d'écrire une histoire en voyant la meilleure amie de Cédrika prendre parole, un jour, à la télé. Comme je m'intéresse toujours à ce qui se passe en périphérie de la personne qui est au cœur de l'action, j'ai voulu écrire sur la meilleure amie d'une petite fille disparue. Je me suis nourri du fait divers pour nourrir la fiction.

Que voulais-tu exprimer sur la perte que vivait Rosalie, la meilleure amie dans ton roman?

Elle est hantée par la disparition, mais tout ça fluctue d'année en année. À 9 ans, Rosalie était dans un état d'ingénuité inéluctable et on l'a tirée dans la dureté de la vie, lorsqu'on lui a appris que sa meilleure amie était disparue ou assassinée. Par la suite, elle a dû faire plusieurs deuils de moments amicaux qu'elle ne pourra jamais vivre avec son amie. Et comme ça prend des années avant de savoir si son amie est morte ou non, elle ne peut pas entamer son deuil réellement, comme si elle était sur hold.

La disparition a brisé quelque chose chez Rosalie. On la sent consciente de ses qualités, mais incapable de croire que ses amis ou son chum la trouvent aimable. Pense-t-elle qu'elle ne mérite pas le bonheur?

J'aime les contradictions qui nous animent tous et qui sont nécessaires à la création d'un personnage. Pour moi, Rosalie est une fille qui s'aime et qui se trouve drôle. Mais elle est à la remorque de son copain Vincent. Elle est passive amoureusement et ne sait pas comment entrer dans la vie. Elle ne comprend pas ce qu'elle a de beau. Elle a tendance à idolâtrer les gens, ceux qui sont habiles, comme son copain et sa nouvelle meilleure amie. Mais il faut dire aussi qu'à 17-18 ans, elle est encore en pleine construction. Elle est encore impressionnée quand un beau gars lui adresse la parole.

Je t'aime beaucoup, cependant est présentement disponible en librairie.

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