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L'anxiété, ce mal du siècle qui touche nos enfants

Deux spécialistes nous parlent des causes de l'anxiété chez nos petits et des outils dont nous disposons.
Getty Images

L'anxiété est le mal du siècle, les chiffres parlent: 10 à 12% de la population adulte, soit un tiers de la population, sera touchée au cours de sa vie par l'anxiété. Il n'y a pas de données officielles pour les enfants, mais on évoque 25% d'enfants touchés. Mais selon le Dr Johanne Lévesque, neuropsychologue, les enfants représentaient 2% de ses consultations en 2002, aujourd'hui c'est 50%!

Un phénomène de société qui a été l'un des moteurs à l'écriture de cet ouvrage Anxiété, sois mon invitée! signé par la Dr Johanne Lévesque et Sylvain Guimond, docteur en psychologie du sport.

Qu'est-ce que l'anxiété?

Commençons par le commencement, l'anxiété est la peur d'avoir peur. Le problème vient du fait que la très grande majorité de nos peurs sont irréelles et ne surviennent jamais comme l'expliquent en préambule nos deux auteurs.

Quant aux causes, on pourrait évoquer les antécédents familiaux - un enfant dont l'un des parents souffre d'anxiété par exemple. Il y a aussi l'activité chimique du cerveau - dont une une régulation inadéquate de sérotonine, de norédraline, ou de GABA qui auraient une incidence sur l'anxiété - sans oublier les facteurs médicaux (prise de drogue, alcool...), et bien sûr les traumatismes (accidents, décès... violence). Voilà autant de causes qui pourraient expliquer et entraîner l'anxiété.

Comment expliquer cette hausse de l'anxiété chez nos enfants?

La première question qui nous vient à l'esprit: comment des enfants et adolescents peuvent-ils développer des troubles anxieux, eux qui n'ont pas le poids des responsabilités comme les adultes?

«On vit dans une société de performance à outrance. Un enfant vit dans le moment présent, il ne se projette pas comme un adulte. Mais à leur planifier un agenda fou et surchargé comme on le fait pour nous, on entraîne l'enfant dans ce stress - lui qui normalement n'aurait pas connaissance de ces sentiments. Ce sont les adultes qui participent à le transmettre aux enfants» - expliquent d'une seule voix nos deux auteurs.

Par nature, les enfants agissent beaucoup par mimétisme et imitation. «Tout ce qui vient de la bouche des parents ne se conteste pas» - si un enfant entend son parent parler d'anxiété, cela lui paraîtra naturel comme état.

Le parent ne doit pas oublier qu'il est le guide.

Des agendas de ministres...

Si nos vies roulent à 1000 km à l'heure, celles de nos enfants aussi. Entre l'école, les multiples activités sportives et/ou musicales, pas de trêves pour nos petits aux agendas surchargés comme des ministres. Plusieurs conséquences à cette course folle qui, ultimement, entraînera des signes d'anxiété.

«Quand les parents proposent des activités à leurs enfants, ils veulent leur offrir le maximum d'opportunités possible, mais à trop en faire, on les fatigue et on peut engendrer de l'anxiété. Je pense que les parents devraient en premier lieu étudier le plaisir que les enfants en retirent! », explique Dr Johanne Lévesque.

L'estime de soi...

«Nos enfants sont hyper stimulés, il faut leur apprendre à s'ennuyer, à être libre aussi. À trop les entertainer et les surcharger d'activités, on tue leur créativité. Aujourd'hui il sont tellement guidés qu'ils ne se créent plus d'imaginaire et ainsi ne construisent pas leur estime de soi ce qui entraîne des dépendances et des peurs notamment.»

Les signes de l'anxiété chez l'enfant

Si l'adulte a du mal et ressent même de la honte à verbaliser cet état, que dire des enfants... ?! Palpitation, transpiration, douleur ou gêne thoracique, peur de mourir, sensation de vertige, ... ce sont les symptômes que ressentent les adultes.

Mais chez l'enfant, cela se traduit par des maux de ventre, des maux de tête, des étourdissements, la peur du noir ou de la nuit... «L'enfant peut aussi être dans le NON permanent ce qui peut amener parfois à des faux diagnostics de trouble d'opposition, alors que l'enfant essaie juste d'éviter ce qui l'inquiète», explique Dr Johanne Lévesque.

Pour Sylvain Guimond, docteur en psychologie du sport, pour ceux qui performent dans le sport, c'est alors l'anxiété de performance qui domine. «C'est comme si on plaçait l'enfant au travail au lieu de lui présenter le sport comme un jeu. D'ailleurs ceux qui performent le plus, ce sont ceux qui s'amusent!»

Consulter ou non? Quels outils?

Pour le Dr Johanne Lévesque, il est très important de faire parler les enfants. Eux, ils ne savent pas, ils n'ont pas notre vécu, et manquent d'expériences bien entendu, ils sont donc très faciles à réconforter.

«L'anxiété à long terme nous amène à épuiser nos batteries et à terme on fonce vers la dépression.»

La première des choses est de faire parler l'enfant et de l'inviter à partager ses sentiments et ses sensations. C'est le postulat de départ de nos deux spécialistes, mais comme il n'est pas facile de faire parler un enfant, avoir recours à un spécialiste peut être franchement recommandé.

«Je dirais qu'il faut consulter rapidement, je les réfère à un psycho-éducateur. Mais il ne faut surtout pas stigmatiser. Le mot consultation peut aggraver l'anxiété et faire grossir inutilement le problème.»

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