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À «Tout le monde en parle», Justin Trudeau explique pourquoi il a légalisé le cannabis

C’est la première fois qu’un premier ministre canadien se «joint» à l’émission.
Le premier ministre du Canada Justin Trudeau à «Tout le monde en parle», le dimanche 21 octobre 2018
Karine Dufour via Radio-Canada
Le premier ministre du Canada Justin Trudeau à «Tout le monde en parle», le dimanche 21 octobre 2018

Le Canada devait légaliser le cannabis – et non pas seulement le décriminaliser – afin de remplacer le marché noir et d'assurer la qualité de la drogue que les citoyens consomment, a déclaré le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, en entrevue à Tout le monde en parle.

M. Trudeau était de passage à l'émission hebdomadaire animée par Guy A. Lepage la semaine où le pays a légalisé le cannabis afin d'expliquer sa décision. Il s'agit de la première fois qu'un premier ministre canadien en fonction accepte de participer à TLMEP - qui fêtait sa 350e émission ce soir-là.

Maintenant que le «pot» est légal, le premier ministre ira-t-il en acheter dans les succursales de la Société québécoise du cannabis?

«Ça n'a jamais été quelque chose qui m'intéressait énormément, mais on a fait le constat que le système de prohibition qu'on a eu pendant 90 ans ne fonctionnait pas pour protéger nos jeunes et ça donnait trop d'argent au crime organisé», a-t-il répondu.

EN VIDÉO: les effets positifs de la légalisation selon Trudeau

M. Trudeau a fait valoir que pas moins de cinq millions de Canadiens avaient consommé du cannabis en 2017, et que ces revenus avaient directement profité au crime organisé.

Plus dangereux pour les jeunes

Malgré tout, il se dit «tout à fait d'accord» que le cannabis est «plus dangereux» pour les jeunes adultes, en raison du développement de leur cerveau.

«C'est dommageable à 50 ans, c'est dommageable à 90 ans. C'est une drogue. Ce n'est pas recommandé. C'est pire quand les ados sont plus jeunes et le défi qu'on a, c'est de remplacer le marché noir.»

Les provinces canadiennes ont arrimé l'âge légal pour l'achat et la consommation du cannabis avec celui pour l'alcool.

Soyons conséquents, créons un système qui contrôle, qui réglemente, qui protège mieux nos jeunes.Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Or, le nouveau gouvernement de François Legault a annoncé que le Québec compte augmenter l'âge à 21 ans – ce qui en ferait la province la plus restrictive en cette matière.

M. Trudeau dit avoir déjà eu une conversation au sujet de cette drogue avec son fils, Xavier, qui vient de fêter ses 11 ans et qui entrera bientôt à l'école secondaire.

«En même temps, c'est dur d'expliquer à un jeune que c'est nocif quand c'est légal», a commenté l'animateur Guy A. Lepage.

«Je dis ça pour l'alcool, ça ne me tente pas qu'il boive non plus, ça ne me tente pas qu'il fume la cigarette», a répondu M. Trudeau.

Ne pas faire le travail à moitié

Le premier ministre canadien affirme qu'il n'a pas voulu seulement décriminaliser la marijuana.

«C'est comme dire : "OK, c'est illégal d'en vendre, d'en produire, d'en acheter, mais si tu en as, on ne va pas te pénaliser." Ce serait de faire les choses à moitié», dit-il.

«Soyons conséquents, créons un système qui contrôle, qui réglemente, qui protège mieux nos jeunes. Au moins de traiter le cannabis comme l'alcool, ça va nous permettre de mieux contrôler ça.»

Il se dit bien conscient que c'est un «gros changement» au Canada et qu'il y aura une «période d'ajustements».

«Tout ne sera pas réglé dans la première semaine, mais je pense qu'on s'en va dans la bonne direction», conclut-il.

Le premier ministre du Canada a aussi été questionné sur le dossier Netflix et la candidature de Michaëlle Jean à l'OIF, entre autres.
Radio-Canada/Karine Dufour
Le premier ministre du Canada a aussi été questionné sur le dossier Netflix et la candidature de Michaëlle Jean à l'OIF, entre autres.

Environnement

La semaine d'avant, à TLMEP, le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, a déclaré que le Canada est un «pays pétrolier» en raison de l'achat du pipeline Trans Mountain, notamment, et a déploré que le Canada raterait ses cibles de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2030.

M. Trudeau a nié les propos de l'écologiste et a vanté le plan de son gouvernement pour la création d'une bourse sur le carbone. «Ce n'est pas vrai qu'on ne va pas les atteindre parce qu'on comprend à quel point c'est la grande menace, pas juste pour le pays, mais pour la planète», a-t-il dit.

«Il y a encore des gens qui pensent que la meilleure façon de tout faire, c'est de tout arrêter. On ne pourrait pas continuer de fonctionner comme pays si on fermait tout demain. Ça prend une transition et cette transition, il faut la gérer comme il le faut.»

Preuve que les élections fédérales approchent, le premier ministre en a profité pour lancer une pointe au Parti conservateur du Canada, qui «ne veut rien savoir» de la lutte aux changements climatiques à son avis.

Arabie saoudite

Alors qu'on apprenait la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, cette semaine, Guy A. Lepage a demandé à M. Trudeau si le lucratif contrat d'armes entre le Canada et l'Arabie saoudite était plus important que la défense des droits humains.

«Absolument pas, et c'est pour ça qu'on va toujours défendre les droits de la personne, y compris avec l'Arabie saoudite», a répliqué le premier ministre.

Il ajoute que les deux pays sont d'ailleurs «en chicane» parce que le Canada a été «très ferme là-dessus».

En vertu des clauses du contrat de la vente d'armes, celles-ci ne doivent pas être utilisées contre la population civile. Si ces clauses ne sont pas respectées, le contrat sera tout simplement annulé, ajoute M. Trudeau.

Netflix

Le dossier Netflix a fait couler beaucoup d'encre dans les derniers mois en raison du refus d'Ottawa de percevoir les taxes. Mais le fédéral est «en train de regarder des façons de faire» pour que les règles soient les mêmes pour tout le monde, a confirmé M. Trudeau.

«Mais pour moi, l'important, c'est de s'assurer qu'on est en train d'investir dans nos créateurs, dans nos artistes, dans nos productions ici, de trouver des façons de raconter nos histoires, pour les emplois, mais surtout pour la réalité identitaire, de défendre notre culture, notre langue», a-t-il dit.

Il dit que Netflix pourrait investir plus que les 500 millions de dollars prévus pour créer du contenu canadien.

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