HOMOPHOBIE - Pas moins de 42 associations se mobilisent ce dimanche 21 octobre place de la République à Paris pour organiser un grand rassemblement en soutien aux victimes d'agressions homophobes et pour appeler le gouvernement à prendre des mesures concrètes afin d'endiguer ce fléau.
Une manifestation organisée notamment pour répondre à la multiplication depuis début septembre des attaques contre des personnes LGBT dans la capitale. Vendredi 19 octobre, on découvrait une nouvelle agression dans le 12e arrondissement, par un chauffeur VTC qui n'a pas supporté qu'un couple d'hommes échange un baiser sur la banquette arrière. Samedi 20, un homme insulté et roué de coups par quatre personnes.
Alors que certains s'inquiètent d'une vague de violence qui déferle sur Paris aux premières heures du débat sur l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, la préfecture de police enregistre que les actes à caractère homophobe sont pourtant en baisse de 37% entre janvier et septembre par rapport à la même période en 2017.
Des agressions difficilement quantifiables
"Il y a un fossé entre le nombre de témoignages et les dépôts de plaintes", indique au HuffPost Joël Deumier, président de SOS Homophobie. "On ne peut pas mesurer l'homophobie avec ces chiffres. Pour beaucoup, cela reste compliqué, voire une honte, d'aller témoigner d'une agression. Il y a tout un travail de pédagogie à faire auprès des victimes pour expliquer que la police est formée pour les recevoir", estime-t-il tout en reconnaissant que quelques cas d'interactions difficiles avec les forces de l'ordre remontent encore aujourd'hui.
Sans compter que "nombres d'actes ne sont pas couverts par la loi ou très compliqués à prouver" et ne sont donc pas reflétés dans ces statistiques, note Joël Deumier en citant notamment le rejet dont font parfois l'objet les personnes LGBT ou les harcèlements scolaires ou sur le lieu de travail.
Indice tangible que la tendance des agressions n'est pas réellement à la baisse, la ligne d'écoute de l'association. La cinquantaine de personnes qui répondent au téléphone du lundi au vendredi 18h de 22h et l'après-midi les samedis/dimanches voient la différence: en septembre 2018, le numéro anonyme national a été composé près de 40% de plus qu'en septembre 2017.
Les violences dont Paris est actuellement témoin font-elles donc partie d'une soudaine vague de libération de paroles et actes homophobes? Cette haine "difficilement quantifiable existait déjà hier et existe encore aujourd'hui, c'est la visibilité qui lui est donnée qui change cette fois", relève le président de SOS Homophobie.
Une personne agressée physiquement tous les trois jours en France
Le 18 septembre, un jeune comédien a été insulté et frappé alors qu'il se trouvait avec son copain à la sortie d'un théâtre. Le 24 septembre, les locaux de Garçon Magazine ont été vandalisés. Le 13 octobre, un jeune homme a été agressé parce qu'il était maquillé. Le 17 octobre, le président de l'association Urgence Homophobie s'est fait casser le nez... À chaque fois, des images de ces agressions ont été publiées et largement partagées sur les réseaux sociaux.
Un acte ouvertement militant. "Il faut en parler le plus possible pour faire changer les mentalités, dénoncer et surtout porter plainte. Nous, on s'est fait casser la gueule, c'est trop tard mais essayons de faire bouger les choses pour que les jeunes qui sont en train de grandir en France ne subissent plus cela dans quelques années", expliquait par exemple le comédien qui a été blessé mi-septembre.
"Nous saluons le courage des victimes qui publient des photos de leur visage tuméfié, cela invite les autres à prendre la parole, entraîne une augmentation des témoignages et donc leur visibilité", encourage le président de SOS Homophobie qui voit dans ces cas des dernières semaines "un effet boule de neige salutaire" plutôt qu'une déferlante homophobe sur la capitale.
Selon le rapport de l'association daté de 2018, on dénombrait en effet déjà une agression physique tous les trois jours en France en 2017.
D'où l'appel de ce dimanche à se réunir pour exiger des mesures concrètes qui aideront à en finir avec l'homophobie, conclut Joël Deumier qui convient que la situation est surtout le reflet du quotidien de nombreuses personnes LGBT. "Pour cette dizaine de cas, combien de milliers ne sont pas répertoriés?"
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