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François Legault réplique à Charles Taylor: «C’est lui qui a changé d’idée»

Le co-auteur du rapport Bouchard-Taylor accuse la CAQ de malhonnêteté intellectuelle.
Le premier ministre François Legault lors de sa première réunion avec son conseil des ministres, le 18 octobre 2018.
La Presse canadienne
Le premier ministre François Legault lors de sa première réunion avec son conseil des ministres, le 18 octobre 2018.

QUÉBEC – La sortie virulente du co-auteur du rapport Bouchard-Taylor sur les signes religieux, Charles Taylor, a piqué le premier ministre François Legault, qui affirme suivre la voix de la majorité des citoyens.

Lors d'une entrevue à CBC News, M. Taylor, qui s'est dissocié du rapport qu'il a co-produit, a déclaré que le plan de la Coalition avenir Québec pour imposer la laïcité de l'État est «soit très ignorant ou intellectuellement malhonnête».

Le philosophe prétend que le nouveau gouvernement «utilise le rapport pour faire des choses que le rapport condamnait complètement», comme bannir les signes religieux pour les enseignants de l'école primaire et secondaire.

Je comprends que M. Taylor ne soutient plus ce rapport – c'est son choix – mais la population est d'accord avec les recommandations.François Legault, premier ministre du Québec

Parmi les recommandations de Bouchard-Taylor, il est aussi recommandé de retirer le crucifix du Salon bleu de l'Assemblée nationale, où ont lieu les débats, et de le placer ailleurs afin d'exposer son caractère patrimonial. La CAQ refuse d'y toucher.

Questionné à ce sujet, le premier ministre a rejeté les critiques de M. Taylor du revers de la main.

«Premièrement, c'est lui qui a changé d'idée. Il a co-signé ce rapport», réplique M. Legault.

«Deuxièmement, quand je parle de nos propositions, je ne réfère habituellement pas au rapport Bouchard-Taylor parce que nous l'avons changé.»

Les co-présidents de la commission Bouchard-Taylor, Gérard Bouchard (à gauche) et Charles Taylor (à droite), lors des travaux en 2007.
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Les co-présidents de la commission Bouchard-Taylor, Gérard Bouchard (à gauche) et Charles Taylor (à droite), lors des travaux en 2007.

M. Legault note qu'après le dépôt de ce rapport – il y a plus de 10 ans – la population était «largement en faveur» des recommandations, comme le fait de bannir les signes religieux pour les personnes en position d'autorité coercitive comme les juges et les policiers.

«Je comprends que M. Taylor ne soutient plus ce rapport – c'est son choix – mais la population est d'accord avec les recommandations», ajoute-t-il.

Ne pas enlever le crucifix, une idée «ridicule»

Toujours en entrevue à CBC News, M. Taylor dit s'inquiéter des conséquences de la future charte de la laïcité de la CAQ, qui seront négatives à son avis.

«Ils vont aliéner beaucoup de personnes. Ils feront en sorte que certains de nos immigrants les plus talentueux vont déménager en Ontario ou dans le reste du Canada, où ils n'ont pas ce genre de harcèlement.»

Je veux dire, si ce n'est pas un symbole religieux, qu'est-ce qu'un symbole religieux?Charles Taylor, co-auteur du rapport Bouchard-Taylor

Par ailleurs, le philosophe juge «très, très ridicule» l'idée de ne pas considérer le crucifix de l'Assemblée nationale comme un symbole religieux, mais plutôt comme un «symbole de notre histoire».

«Je veux dire, si ce n'est pas un symbole religieux, qu'est-ce qu'un symbole religieux?»

M. Taylor croit tout simplement que le gouvernement ne devrait rien faire pour gérer les accommodements religieux. De toute façon, dit-il, la jeune génération est plus ouverte à la diversité religieuse et il croit que les futures lois de la CAQ ne dureront pas.

«Nous faisons face à une situation qui va se cicatriser avec le temps parce qu'au fur et à mesure que les gens apprennent à se connaître, ces peurs disparaissent.»

Geneviève Guilbault, vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la Capitale-Nationale

Le premier conseil des ministres du gouvernement Legault

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