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Pas de signes religieux pour les juges, mais oui au crucifix dans les palais de justice

Le gouvernement Legault se défend de prôner un double-standard quant à la laïcité des institutions.
La CAQ refuse de déloger la réplique du crucifix qui avait été mis en place en 1936 par le gouvernement de Maurice Duplessis.
La Presse canadienne
La CAQ refuse de déloger la réplique du crucifix qui avait été mis en place en 1936 par le gouvernement de Maurice Duplessis.

QUÉBEC – Les juges ne pourront pas porter de croix ou tout autre signe religieux, mais pourront tout de même rendre leur verdict au-dessous d'un crucifix dans les palais de justice, selon la députée Sonia LeBel de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le gouvernement de la CAQ a l'intention de légiférer dans les plus brefs délais pour imposer la laïcité aux employés de l'État en situation d'autorité coercitive – comme les juges, les gardiens de prison et les policiers – ainsi qu'aux enseignants du primaire et du secondaire.

Or, il n'est pas question de toucher au crucifix qui trône dans le Salon bleu au-dessus de la tête du président de l'Assemblée nationale – où les députés débattent et font passer des lois – ni dans les palais de justice – où les juges rendent leurs verdicts.

Pour le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, le crucifix au Salon bleu «fait partie de l'histoire du Québec» et il est «normal» qu'il y demeure.

«Il suffit de se promener un peu partout au Québec et les gens sont attachés, non pas seulement par religion, mais sont attachés à notre histoire», dit-il.

Mme LeBel, ancienne procureure en chef de la commission Charbonneau et nouvelle députée de Champlain, pense que la présence d'un crucifix ne viendra pas «nécessairement» teinter les décisions d'un juge qui agit dans l'enceinte d'un palais de justice.

L'interdiction de signes religieux et la présence d'un crucifix dans un établissement ne sont pas incompatibles, selon elle.

«On va marquer de façon claire le fait que le Québec est une société laïque, c'est se tourner vers l'avenir, c'est se connecter avec le présent, justifie Mme LeBel. Mais il ne faut pas tourner le dos à notre passé.»

Des «symboles de notre histoire»

Le rapport final de la commission Bouchard-Taylor – souvent cité par la CAQ – recommande de retirer le crucifix du Salon bleu et de le replacer dans l'Hôtel du Parlement «à un endroit qui puisse mettre en valeur sa signification patrimoniale».

En entrevue à l'émission radio de Paul Arcand, mercredi matin, Mme LeBel s'est défendue de vouloir protéger la base électorale, qui se situe surtout dans des milieux francophones.

À son avis, il n'est pas non plus question de cibler les personnes de confession musulmane – dont certaines enseignantes qui portent le hijab et qui pourraient perdre leur emploi si la CAQ va de l'avant avec sa charte de la laïcité.

Sonia LeBel, nouvelle députée de Champlain, est pressentie pour devenir ministre.
La Presse canadienne
Sonia LeBel, nouvelle députée de Champlain, est pressentie pour devenir ministre.

«Notre histoire, qu'on le veuille ou non, est fondée sur la religion catholique, a déclaré celle qui est pressentie pour devenir ministre jeudi. Les symboles religieux sont là parce qu'ils sont des symboles de notre histoire. On n'a pas de passé musulman.»

La commission Bouchard-Taylor recommandait d'interdire le port de signes religieux aux magistrats et procureurs de la Couronne, aux policiers, aux gardiens de prison, ainsi qu'au président et vice-présidents de l'Assemblée nationale.

Selon ces mêmes recommandations, les enseignants, fonctionnaires et professionnels de la santé pourraient être autorisés à afficher leur foi religieuse.

Opinions divergentes dans l'opposition

Lors de la dernière session parlementaire, le Parti libéral du Québec a fait adopter une loi sur la neutralité religieuse, qui interdit de donner et de recevoir des services publics à visage couvert.

Le chef libéral par intérim, Pierre Arcand, dit qu'il s'agit du «plus loin où, légalement» son parti était prêt à aller. Il a ajouté que même le co-auteur du rapport, Charles Taylor, n'est plus tout à fait d'accord avec certaines des recommandations émises il y a plus de 10 ans.

Le Parti québécois est d'accord pour interdire les signes religieux pour les enseignants du primaire et du secondaire, mais avec un droit acquis pour les personnes déjà en poste. La CAQ s'est montrée ouverte à la discussion sur ce point.

Québec solidaire est d'accord avec le compromis Bouchard-Taylor, mais estime qu'il ne s'agit pas d'une priorité à l'heure actuelle. Le parti de gauche estime que la CAQ devrait également retirer le crucifix du Salon bleu.

Pierre Dufour (Abitibi-Est, CAQ)

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