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Légalisation du cannabis au Canada: ce qu'il faut savoir avant de traverser la frontière américaine

Surtout, n'essayez JAMAIS de traverser la frontière avec du cannabis.

La légalisation du cannabis au Canada, qui entre en vigueur ce mercredi 17 octobre, risque de provoquer de nombreux bouleversements pour les économies locales, les écoles, les milieux de travail...

Mais que se passera-t-il à la frontière canado-américaine? Que doivent savoir les Canadiens qui se rendront aux États-Unis après l'entrée en vigueur de la nouvelle législation?

Pour répondre à la question, le HuffPost Canada s'est entretenu avec Len Saunders, un avocat basé à Blaine, dans l'État de Washington. Celui-ci travaille régulièrement avec des clients qui sont bannis des États-Unis ou se voient refuser l'entrée en raison de problèmes liés au cannabis.

Voici quelques-uns de ses conseils pour les voyageurs qui traverseront la frontière à partir de mercredi:

N'apportez surtout pas de cannabis avec vous

Le gouvernement fédéral a très clairement spécifié que même si le cannabis devient légal à partir du 17 octobre, il demeurera absolument interdit d'en apporter à l'extérieur du pays.

Même si vous en oubliez par accident dans votre voiture, explique M. Saunders, les agents frontaliers pourraient vous donner une amende salée et vous bannir des États-Unis à vie.

Il est également illégal de ramener du cannabis des États-Unis, même si vous arrivez d'un État où il est aussi légal comme le Colorado ou l'État de Washington.

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Ces règles s'appliquent également au cannabis médical.

Si, pour quelque raison que ce soit, vous avez du cannabis sur vous ou dans votre voiture lorsque vous entrez au Canada ou aux États-Unis, déclarez-le à l'Agence des services frontaliers du Canada. (Mais évitez de vous retrouver dans cette situation, c'est une très mauvaise idée.)

Les agents des services frontaliers américains risquent de poser plus de questions aux Canadiens après la légalisation

À l'heure actuelle, les seuls États partageant une frontière avec le Canada qui ont légalisé le cannabis pour un usage récréatif sont l'Alaska, le Vermont, le Maine et l'État de Washington.

M. Saunders estime qu'il est probable que les agents qui travaillent à ces postes frontaliers soient plus enclins à poser des questions aux voyageurs à propos de leur consommation de cannabis ou de leur implication éventuelle dans l'industrie. Toutefois, il faut s'attendre à se faire poser des questions sur le sujet à n'importe quel point de passage.

Les agents pourraient vous mettre à l'écart pour vous poser plus de questions si vous leur semblez «suspect»

Selon le gouvernement fédéral, les États-Unis ont affirmé que rien ne changerait à la frontière en ce qui a trait aux inspections liées au cannabis.

Stevie O'Brien, la chef de cabinet du ministre de la Sécurité frontalière Bill Blair, a expliqué au HuffPost Canada que les autorités américaines pourraient retenir un voyageur pour une interrogation plus poussée s'ils ont une «raison d'être méfiant».

Mais qu'est-ce qui constitue une «raison» d'être méfiant?

Le pont Ambassadeur, qui relie Détroit, dans l'État américain du Michigan, et Windsor en Ontario.
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Le pont Ambassadeur, qui relie Détroit, dans l'État américain du Michigan, et Windsor en Ontario.

«Quand vous vous approchez de la frontière, ne donnez pas aux Américains une raison de croire que vous commettez une offense, que ce soit parce qu'un arôme s'échappe de votre voiture ou en jetant quelque chose par la fenêtre à proximité du poste de contrôle», conseillait le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale à CTV en juin.

Vous pourriez être bannis des États-Unis si vous admettez avoir déjà consommé ou si vous dites travailler dans l'industrie (légale) du cannabis

Oui, vous avez bien lu. Le simple fait d'admettre d'avoir déjà consommé du cannabis dans le passé pourrait vous valoir une exclusion à vie des États-Unis, selon M. Saunders.

Même si certains États ont légalisé l'usage récréatif du cannabis, la substance demeure illégale aux yeux du gouvernement fédéral américain.

«Ce ne sera pas une substance controlée au Canada, et ce ne sera pas une substance controlée dans plusieurs États limitrophes comme le Vermont et l'État de Washington. Mais ce sera une substance controlée sur cette mince ligne qu'est la frontière américaine», illustre Len Saunders.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement canadien a répété que les voyageurs qui visitent nos voisins du sud devraient toujours dire la vérité si on leur pose des questions sur leur consommation de cannabis. Mais l'avocat estime que ce conseil est «dangereux», puisque le résultat pourrait être une exclusion à vie qui forcerait le voyageur à obtenir une exemption chaque fois qu'il souhaite entrer aux États-Unis - un processus complexe et coûteux.

Vous pouvez refuser de répondre aux questions à propos du cannabis

Len Saunders dit aviser régulièrement ses clients de ne pas répondre aux questions sur l'usage du cannabis à la frontière. En refusant de répondre, vous risquez de vous voir refuser l'entrée aux États-Unis, mais cela vous évitera au moins d'être banni à vie.

Je ne me sens pas confortable de répondre à cette question.

«Afin d'éviter une exclusion à vie... c'est mieux d'éviter de répondre à la question. Ils ne peuvent pas vous forcer à répondre à la question», affirme l'avocat.

«Vous pouvez dire "Je ne me sens pas confortable de répondre à cette question" et retirer votre demande [pour entrer au pays].»

Il explique que les agents pourraient vous refuser l'accès et vous renvoyer au Canada, mais vous ne serez pas barré.

«Vous pouvez retourner à la frontière, à n'importe quel point d'entrée, et retenter votre chance. La plupart des agents, lorsque vous y retournerez... ne s'acharneront pas. Ce n'est pas comme si chaque officier faisait preuve de zèle pour faire avouer à des Canadiens qu'ils fument de la marijuana.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais.

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