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Sondages: les firmes devront faire une introspection

La différence entre les derniers coups de sonde de campagne et le résultat du vote ne s'explique pas par une simple marge d'erreur.
François Legault, très heureux d'avoir fait mentir les sondages.
PC/Ryan Remiorz
François Legault, très heureux d'avoir fait mentir les sondages.

La question est sur plusieurs lèvres aujourd'hui: comment les sondeurs ont-ils pu être aussi à côté de la marge? On nous disait pourtant en début de campagne qu'ils étaient fiables.

Lundi soir, le dépouillement du vote a mené la Coalition avenir Québec à un gouvernement fortement majoritaire en récoltant l'appui de 37% de la population, alors que ses adversaires libéraux obtenaient 25%, les péquistes 17% et les solidaires 16%.

Les derniers sondages publiés par les firmes Mainstreet, Ipsos et Léger pointaient pourtant tous vers une chaude lutte entre les caquistes et les libéraux. Que s'est-il donc passé?

Professeure titulaire à l'Université de Montréal et spécialiste des sondages politiques, Claire Durand estime qu'il est maintenant temps que les firmes de sondages se regardent dans le miroir et évaluent leurs pratiques pour trouver ce qui est arrivé.

Résultats des derniers sondages:

Mainstreet: 32% CAQ / 29% PLQ / 20% PQ / 16% QS

Ipsos: 32% CAQ / 31% PLQ / 18 PQ / 16% QS

Léger: 32% CAQ / 30% PLQ / 19% PQ / 17% QS

Plusieurs avenues devront être explorées, croit la professeure. Les sondeurs pourraient évaluer leurs échantillons en rappelant les citoyens qui ont répondu pendant la campagne, par exemple. Les erreurs de sondages ont souvent été expliquées par des problèmes d'échantillon, relate Claire Durand.

«[Il faudrait] vérifier avant publication si l'échantillon est représentatif sur le plan sociodémographique, mais aussi sur le plan sociopolitique. On peut demander aux gens pour quel parti ils ont voté à l'élection précédente, et voir si notre échantillon est biaisé là-dessus. Ce n'est pas la panacée, ce n'est pas la super solution, mais ça peut sonner des cloches.»

Pour le consultant et chargé de cours à l'UQTR et auteur de l'ouvrage Sondages - outils de démocratie ou opinion réalité?, René Gélinas, il est un peu tôt pour connaître tout ce qui a mal tourné dans la collecte des données des sondeurs. «On n'a pas assez de recul encore. Il va falloir qu'on ait des sons de cloche des sondeurs. Les sondeurs ont récolté des opinions jusqu'à trois jours avant l'élection. Ça se peut que ces points de vue aient évolué», indique-t-il.

Plusieurs questions devront se poser au cours des prochaines semaines chez les sondeurs, juge M. Gélinas, qui estime qu'il ne peut s'agir que d'une question de méthodologie. «Est-ce que les gens disent vraiment ce qu'ils pensent quand ils répondent à un sondage? Ont-ils dit la vérité? Ont-ils changé d'idée après coup?»

C'est vraiment le comportement de l'électeur qui n'a pas été capté comme il faut. René Gélinas

La chute du taux de participation à l'élection ne peut expliquer seule cette différence entre sondage et vote, ajoute pour sa part Claire Durand. «On peut penser que l'électorat était différent, c'est-à-dire que Québec solidaire peut avoir mobilisé plus les jeunes. Mais ça, ça peut expliquer deux-trois points d'écart, pas l'écart qu'on a vu là.»

L'écart entre les sondages et le vote n'est pas sans rappeler celui vécu en Alberta en 2012, qui donnait le Wildrose Alliance vainqueur devant les conservateurs... qui ont formé un gouvernement majoritaire. Ou encore les sondages de l'élection de 2013 en Colombie-Britannique qui n'avaient pas vu venir la montée des libéraux. «Les erreurs ont toujours été utiles dans l'histoire des sondages parce que ça a toujours permis de les améliorer», philosophe Claire Durand.

Comme le rappelle le vieil adage des politiciens: le seul sondage qui compte, c'est celui de l'élection!

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