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Abitibi-Ouest: qui prendra la place du péquiste François Gendron?

Son successeur aura de grands souliers à chausser, alors que le projet minier de Sayona sème la discorde dans la région.
Sylvain Vachon, un entrepreneur agricole de la région, est le «poulain» du député sortant François Gendron.
Catherine Levesque
Sylvain Vachon, un entrepreneur agricole de la région, est le «poulain» du député sortant François Gendron.

Les électeurs d'Abitibi-Ouest perdent leur député des 42 dernières années. Élu sans interruption depuis les années de René Lévesque au Parti québécois (PQ), François Gendron tire sa révérence et cède sa place à la relève.

M. Gendron a un pincement au cœur à l'idée de laisser sa place, mais ne croit pas pour autant que les électeurs se sentiront comme des «orphelins» politiques. «Ça ne sert à rien de dire ça!» dit-il, en marge d'un événement à Amos, lors du passage de son chef Jean-François Lisée.

Depuis quelques mois, le député sortant brandit son «poulain»: Sylvain Vachon, président régional de l'Union des producteurs agricoles et propriétaire de la ferme Kébé à Palmarolle. Il se présente pour la première fois sous la bannière du PQ.

L'autre jour, les deux hommes se sont présentés dans une activité agricole où il y avait environ 2000 personnes. «J'ai été reçu comme si c'était le pape François 1! Mais il était avec moi. C'est mon poulain! Puis de temps en temps, je ne l'attache pas», rigole M. Gendron.

«Le monde me demande: il est-tu aussi bon que toi? Je leur dis: "il va devenir aussi bon si vous lui faites confiance!"»

Le candidat aux côtés de sa «Sylvain-mobile».
Catherine Levesque
Le candidat aux côtés de sa «Sylvain-mobile».

M. Vachon, lui, ne prétend pas pouvoir remplacer celui qu'il appelle son «mentor» et n'est pas plus stressé qu'il faut à l'idée de possiblement échapper le bastion péquiste face à la montée de la Coalition avenir Québec.

«Les bottines à François Gendron, je les lui laisse. Elles sont à lui. Il n'y a personne qui peut les mettre. Mais j'ai appris à faire de la politique avec le meilleur - c'est-à-dire être présent sur le terrain, entendre ce que les gens ont à dire et porter la voix des gens, s'occuper de notre monde. On est député avant tout le reste, et c'est cette voie que je vais suivre», dit-il.

Un bon «timing» pour se lancer, dit Suzanne Blais

La candidate de la CAQ, Suzanne Blais, est une entrepreneure connue dans la région avec sa boutique de vêtements pour femmes et enfants Frérot Soeurette. Avant de se lancer en affaires, elle a été infirmière au Centre hospitalier Hôtel-Dieu d'Amos.

Elle a donc soigné ou habillé plusieurs de ses concitoyens dans les 40 dernières années, en plus de faire du bénévolat auprès de personnes aînées et de siéger à de multiples conseils d'administration.

«Lorsque la CAQ m'a approchée, c'était un rêve», dit-elle. «Ma communauté a été généreuse pour moi et je veux redonner à ma région, à ma communauté.»

Suzanne Blais dit avoir été encouragée par le nombre de femmes dans l'équipe de la CAQ.
Facebook/Suzanne Blais - Coalition Avenir Québec
Suzanne Blais dit avoir été encouragée par le nombre de femmes dans l'équipe de la CAQ.

Elle dit avoir été séduite par la parité dans les candidatures de la CAQ, rendue possible parce que le chef François Legault les choisit lui-même.

Qu'importe: à 60 ans, Mme Blais estime que le «timing» pour son entrée en politique est «excellent». Elle se défend de vouloir se présenter pour le parti parce qu'il est premier dans les sondages.

«Moi, j'ai comme principe: quand le train passe, tu le regardes passer ou tu embarques. Alors j'ai décidé d'embarquer dans cette belle aventure avec la CAQ», dit-elle.

Le «changement», c'est le départ de Gendron

Martin Veilleux, le candidat libéral, tombé dans la marmite de l'implication quand il était petit. À 16 ans, il était dans les jeunes libéraux. À 24 ans, il s'est présenté en politique pour la première fois contre François Gendron et – sans surprise – a perdu.

L'ancien président de la Chambre de commerce d'Amos estime qu'il a maintenant des chances comme les circonstances ont changé. Il est convaincu que ce sera une «course à trois».

Même si la majorité des Québécois désirent un changement de gouvernement? «Ici, c'est différent parce que ça fait 42 ans qu'on a le même député, dit-il. Le changement, pour nous, c'est de changer le Parti québécois.»

Martin Veilleux (droite) en compagnie de son collègue libéral Guy Bourgeois (gauche).
Facebook/Martin Veilleux - Candidat PLQ Abitibi-Ouest
Martin Veilleux (droite) en compagnie de son collègue libéral Guy Bourgeois (gauche).

Il ajoute qu'il «n'aime pas beaucoup les sondages parce qu'ils ne prennent pas le temps de le faire en région».

À son avis, même des fédéralistes votaient pour François Gendron parce qu'ils soutenaient l'homme. Ces électeurs pourraient revenir dans le giron libéral, selon Martin Veilleux.

«Les gens me connaissent aussi. Je suis revenu ici, dans ma communauté. Ils savent à qui ils ont à faire davantage», dit-il.

Des réticences sur le projet minier de Sayona

Le projet de la minière australienne Sayona Mining s'immisce dans la campagne électorale en Abitibi-Ouest, puisque les candidats ont été obligés de prendre position à ce sujet.

S'il voit le jour, le projet de lithium serait situé à La Motte, mais à moins de 500 mètres de l'esker Saint-Mathieu-Berry, qui fournit une eau potable d'excellente qualité. On lui doit d'ailleurs l'eau Eska en bouteille.

En raison des réticences des citoyens, les candidats Sylvain Vachon du PQ et Suzanne Blais de la CAQ demandent que le projet minier soit soumis à une évaluation du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Martin Veilleux, du PLQ, est carrément contre le projet parce qu'il estime que l'entreprise n'a pas été transparente et contrôle l'information.

«On a d'excellentes entreprises qui ont travaillé très fort pendant plusieurs années à essayer de redorer le blason des entreprises minières, puis il débarque une entreprise de l'extérieur avec ses grosses bottes qui vient défaire des années de travail», dénonce-t-il.

«Moi, je ne suis pas un scientifique. Ce n'est pas à moi à décider, réplique Sylvain Vachon. Je porte la voix des gens. Je n'ai pas la connaissance scientifique pour ça. Le BAPE est l'organe reconnu pour faire ce style d'analyse-là.»

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