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La dernière saison d'«Unité 9» sera intense, promet Danielle Trottier

«Je sais que cette violence est difficile à regarder, mais elle est vécue, elle est réelle...»
Radio-Canada

Nous apprenions le mois dernier que la septième saison d'Unité 9 serait la dernière. Pour l'auteure Danielle Trottier, il sera bientôt temps de quitter Lietteville et de dire adieu à ses personnages, par l'entremise desquels elle aura abordé nombre de sujets difficiles, et ce, d'une façon qui aura souvent fait couler beaucoup d'encre.

L'auteure a d'ailleurs expliqué, au moment de cette annonce, qu'il était important pour elle de mettre fin à cette aventure télévisuelle pendant qu'elle avait encore des choses à dire, elle qui, jusqu'à la toute fin, aura éprouvé «un immense plaisir à écrire pour ces personnages».

Pour ce qui est de la saison à venir, Trottier nous a confirmé qu'elle avait un mot en tête : intensité.

«C'est LE mot qui va marquer la septième saison, explique-t-elle. Mais intensité ne veut pas forcément dire que c'est malheureux.»

Radio-Canada

Ce n'est qu'un au revoir

Même s'il ne reste que 24 épisodes au compteur, cette nouvelle saison ne fera pas exception à la règle et marquera aussi l'arrivée de nouveaux personnages. Car l'univers de Lietteville continue d'évoluer malgré tout. Certaines sentences débutent tandis que d'autres prennent fin, de nouveaux IPL font leur entrée, tandis que d'autres quittent le navire.

Cela étant dit, les épisodes à venir auront beaucoup de matière à traiter avant de pouvoir mettre un point final satisfaisant aux parcours on ne peut plus mouvementés des Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay), Jeanne Biron (Ève Landry) et Suzanne Beauchemin (Céline Bonnier).

«Dès le premier épisode, Jeanne va faire face à son accouchement, et ça va faire découler beaucoup de choses, explique Danielle Trottier. Ça marque de façon très importante le début de la saison.»

Comme le suggérait déjà la finale de la saison précédente, les tensions divisant les membres de la direction et du personnel de Lietteville occuperont aussi une place importante dans l'intrigue au cours des prochaines semaines.

«L'affrontement entre le clan Despins-Anctil-Yatabéré et le clan Choquette-Caron, c'est une guerre qui ne peut pas ne pas avoir lieu.»

L'auteur voulait d'ailleurs utiliser ce tremplin pour prendre part à la discussion et faire oeuvre utile en ce qui a trait à l'évolution des rapports hommes-femmes en milieu de travail, voire dans la vie en général.

«C'est une mouvance qui débute. On est en train de changer notre perception. Les rapports ne sont pas encore changés, mais ils sont en train d'évoluer. Il y a des prises de position, autant chez les hommes que chez les femmes, que nous n'aurons jamais vues.»

Radio-Canada

Faire oeuvre utile

Trottier est également heureuse d'avoir pu se pencher sur la détresse des communautés autochtones, sujet dont on ne parle pas assez souvent, selon la principale intéressée.

«Je me suis considérée comme une soeur là-dedans. Je ne pouvais pas ne pas parler de la problématique autochtone alors que j'ai parlé de plein d'autres sujets [...] J'appelle ça nos devoirs de solidarité.

J'ai eu l'occasion de rencontrer des autochtones, de lire sur le sujet, de rencontrer des femmes qui ont vécu l'incarcération. Ce qu'elles récoltent au bout du compte, c'est ma réflexion de quelques années, qui s'est traduite par le personnage d'Eyota Standing Bear.»

D'ailleurs, s'il y a un détail qui a fait énormément jaser au cours de chaque saison d'Unité 9, c'est le traitement on ne peut plus brute de la violence. Une démarche qui marque, qui choque, qui ébranle, mais qui, pour l'auteure, s'inscrit dans un contexte créatif bien précis.

«Je me dois d'abord et avant tout de rester fidèle à mon histoire et à mes personnages, de ne pas les transformer pour qu'ils plaisent, justifie-t-elle. Je vais dans la violence, parce que je l'ai observée. Il était plus que temps qu'on parle de la réalité de certaines femmes.

Les femmes que j'ai rencontrées qui ont vécu l'incarcération, c'a été une révélation dans ma vie, c'a changé ma vision du monde. Je sais que cette violence est difficile à regarder, mais elle est vécue, elle est réelle.

J'entends des femmes qui ont fait du temps et qui se reconnaissent. C'a été un processus extrêmement guérisseur pour certaines de voir qu'on donnait assez de valeur à ce qu'elles avaient vécu pour en écrire une histoire.»

Trottier se montre d'ailleurs plus que reconnaissante envers l'équipe de production chez Aetios et Radio-Canada, qui ne l'ont jamais censurée en demeurant toujours respectueux face à sa démarche et à ce qu'elle désirait raconter.

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Temps de réflexion

Ce qui nous ramène inévitablement à toute la question de la censure dans le milieu des arts dont il a abondamment été question tout au long de la saison estivale à la suite de l'annulation des pièces SLĀV et Kanata de Robert Lepage.

Face à cette controverse, Trottier répond en deux temps.

«Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est qu'ils [les opposants à SLĀV, ndlr] ne sont pas allés sur les réseaux sociaux. Ils sont allés sur la place publique. À partir de là, c'est à nous de créer de nouveaux ponts, des nouveaux modes d'échange.»

L'auteure invite néanmoins le public à prendre davantage le temps de réfléchir sur certaines questions plutôt que de réagir impulsivement.

«Il faut être très prudent, parce que parfois, sur le coup de l'émotion, on va dénoncer quelque chose. Mais la réflexion, ça demande du temps. Il y a quelque chose qui nous a bouleversés, mais avec le temps, on peut se rendre compte que ça nous a rendu plus sensibles, plus ouverts, par rapport à une problématique.»

Si la dernière saison d'Unité 9 promet, certes, d'être riche en émotions, il sera surtout intéressant de voir comment Danielle Trottier pourra demeurer fidèle à son approche et à son style maintenant que le compte à rebours final est commencé.

L'auteure veut terminer les choses en grand. Et toutes les pièces sont certainement en place pour que la fin du long parcours de Marie Lamontagne, Jeanne Biron et cie ne passe pas inaperçue.

La dernière saison d'Unité 9 débute ce mardi 11 septembre à 20 h, sur les ondes d'ICI Télé.

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