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Jean-François Lisée: Les prédictions politiques récentes sont à mettre aux «poubelles de l’histoire»

En entrevue avec le HuffPost, le chef du PQ se dit toujours convaincu qu’il peut remonter le courant.
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MONTRÉAL – Lorsqu'il a dévoilé l'autobus de campagne très coloré du Parti québécois, où l'on peut apercevoir un saumon, le chef Jean-François Lisée a lancé à la blague que son parti était comme ce poisson qui nageait dans la rivière à contre-courant.

Depuis le début de la campagne, le saumon se démène pour faire élire au moins 12 députés à la prochaine élection, avec le prédateur caquiste qui le guette au loin et le petit poisson solidaire qui lui grappille ses vivres.

Le HuffPost a invité les quatre chefs des principaux partis sur son plateau pour une entrevue, mais aussi pour répondre à des électeurs. À voir ci-dessous:

Le chef du PQ était de passage dans les bureaux du HuffPost Québec peu avant le début de la campagne électorale pour faire le point sur plusieurs enjeux de sa plateforme, mais aussi sur l'état de son parti qui bat de l'aile dans les sondages.

«Non, mais ce n'est pas 12 [députés] qu'on veut, c'est 62 [le nombre de députés requis pour former une majorité]», réplique M. Lisée, agacé par une énième question sur sa troisième position.

«Il ne faut pas avoir une vision statique de la politique. La politique, c'est dynamique, OK? Et toutes les prédictions de l'élection en France, de l'élection à Montréal, de l'élection fédérale de 2015 sont toutes aux poubelles de l'histoire», se défend-il.

Passer de troisième à premier dans une campagne, ce n'est pas la norme, mais c'est assez régulier.

Dans les derniers jours, il a récolté des appuis inattendus: même l'ancien premier ministre Jean Charest prédit qu'il va surprendre lors de la campagne. Il en sait quelque chose: lui-même s'est fait prendre au jeu de M. Lisée il y a 20 ans.

«Comme conseiller de [l'ex-chef péquiste] Lucien Bouchard, les gens ne se souviennent pas qu'au début de la campagne électorale en 1998, Jean Charest avait 20 points d'avance. C'est M. Bouchard qui a gagné. Moi, au début de ma course au leadership, les gens disaient: "il va être intéressant, mais il n'a pas de chances de gagner". J'ai gagné», énumère M. Lisée.

«Donc, ça fait partie de notre destin, au Parti québécois, d'être sous-estimé, avance-t-il. On se rend compte, dans les derniers cycles politiques, les underdogs performent très bien. Passer de troisième à premier dans une campagne, ce n'est pas la norme, mais c'est assez régulier.»

Diffusion des rencontres avec les chefs:

» Mardi 4 septembre: Manon Massé

» Mercredi 5 septembre: François Legault

» Vendredi 7 septembre: Philippe Couillard

Parler de souveraineté «à tous les jours»

Les adversaires de M. Lisée ne peuvent plus brandir la menace d'un référendum... parce qu'il n'a pas l'intention d'en tenir un dans un premier mandat. Il a été élu chef du PQ avec cette promesse bien en évidence.

Après près de 15 ans sous les libéraux, dit-il, les Québécois ont honte de leur système de santé et le français est en recul dans la région de Montréal. Il y a aussi des détenus qui sont libérés parce que le système judiciaire déborde, déplore-t-il. «Ça, c'est comme le fondamental de la société.»

«Donc, il faut réparer le fondamental de la société pour que la nation soit assez forte pour dire: bon, on peut envisager de faire le pas essentiel, qui est celui de devenir responsable de l'ensemble de nos choix, de nos décisions.»

Le chef du PQ promet néanmoins de parler de souveraineté «à tous les jours» pendant la campagne électorale.

S'il est élu premier ministre le 1er octobre, M. Lisée compte mettre à jour les études sur l'indépendance qui ont été réalisées il y a plus de 20 ans. Le PQ tiendra ensuite un grand congrès en 2021 où il écrira l'offre indépendantiste qui sera «au cœur» de l'élection de 2022.

«Notre stratégie, ce n'est pas de ne pas vouloir faire l'indépendance, c'est de la réussir», dit-il.

Et si le contraire se produit et qu'il se retrouve à former la deuxième opposition à l'Assemblée nationale? «On discutera du caractère historique le lendemain de l'élection», rétorque le chef du PQ.

Jean-François Lisée en compagnie du chanteur Daniel Boucher devant l'autobus psychédélique du PQ.
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Jean-François Lisée en compagnie du chanteur Daniel Boucher devant l'autobus psychédélique du PQ.

En rafale...

«En français!» avant de venir au Québec

Contrairement à la Coalition avenir Québec – qui propose un «test de français» après un maximum de trois ans, sous peine d'une possible expulsion – le Parti québécois acceptera les nouveaux arrivants qui ont déjà des connaissances de base en français.

«Si vous êtes l'un des 270 millions de Terriens qui parlent français, ce ne sera pas compliqué de passer le test. Si vous êtes un soudeur au Chili et vous voulez venir chez nous, ça va vous prendre six mois à apprendre le français à un niveau suffisant», affirme M. Lisée.

Il fait valoir qu'une mesure est déjà en place dans plusieurs pays européens, comme le Royaume-Uni. «Puis ce n'est pas l'anglais qui est en danger au Royaume-Uni», dit-il.

La «charte des valeurs», toujours un boulet en 2018?

M. Lisée, qui a été critique de la «charte des valeurs» du temps où il était dans le gouvernement Marois, croit-il que cette question hante toujours son parti aujourd'hui?

Il reste prudent sur la question, puisque certains militants y sont toujours favorables. Le PQ propose plutôt d'interdire les signes religieux pour les juges, les policiers, mais aussi de l'étendre aux nouvelles embauches d'éducateurs en garderie et aux enseignants du primaire et du secondaire. Le PQ promet d'agir dans la première année d'un mandat majoritaire.

«Moi, tout ce que je peux vous dire, c'est que je suis très, très satisfait de notre position actuelle. Évidemment, c'est la mienne!»

Voter pour la CAQ, un «risque»

Sans prétendre que la CAQ présente une «menace à la paix sociale», comme l'a dit le président de la campagne libérale, M. Lisée dit que le «risque de voter pour [François] Legault est grand».

À première vue, les propositions caquistes peuvent sembler correctes, mais en les regardant de plus près, elles ne sont pas crédibles, affirme M. Lisée. Il mentionne, entre autres, leur proposition en immigration «insoutenable» ou leur intention de construire des barrages hydroélectriques alors que «personne ne va acheter cette électricité-là qui va être beaucoup trop chère».

«Je n'arrête pas de leur faire de la publicité! rigole-t-il. Moi, je sais que la raison pour laquelle on est si confiants vers une victoire cette année, c'est parce qu'on sait que nos propositions sont crédibles et que celles de la CAQ, le meneur, ne sont pas crédibles.»

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