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Le vote électronique stimulerait-il la participation des jeunes?

Faut-il miser sur les nouvelles technologies pour raccrocher les jeunes à la démocratie?
ArtemSam via Getty Images

Oubliez le vote électronique pour le 1er octobre 2018. Les électeurs devront se rendre aux urnes traditionnelles pour faire valoir leur droit démocratique.

Toutefois, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a été mandaté par l'Assemblée nationale en juin dernier afin d'évaluer la possibilité de tenir un vote électronique pour les élections scolaires, qui ont été repoussées en 2020. Cela ne veut toutefois pas dire que ce vote se fera de facto par voie électronique. Le DGEQ doit d'abord évaluer s'il est adéquat en matière de sécurité et d'efficacité ou non.

Toutefois, s'il s'avère positif, le test pourrait s'étendre à terme aux deux autres paliers de gouvernement (municipal et provincial). «En matière de sécurité et d'intégrité du vote, les mêmes critères doivent être respectés que ce soit au palier scolaire, municipal ou provincial», indique au HuffPost Québec Ahissia Ahua du bureau du DGEQ.

Selon cette dernière, le DGEQ prend le mandat très au sérieux. «Nous sommes sensibles aux avantages que pourrait procurer le vote par Internet, notamment pour simplifier l'accès au vote par les électeurs. Cependant, nous ne pouvons ignorer qu'il y a des risques. Dans toute démocratie, il est impératif de préserver la confiance des électeurs envers leur système démocratique et l'introduction du vote par Internet présente des défis importants (sécurité, secret du vote, acceptabilité sociale, coût, etc.)», expose Mme Ahua.

Mais est-ce que le vote électronique pourrait stimuler la participation chez les jeunes?

Pour Félix Mathieu, chargé de cours en science politique à l'UQÀM qui étudie le rapport entre les jeunes générations et la politique québécoise, la réponse se situe entre le oui et le non. «Ce qui est certain, c'est que les conséquences de cette forme d'innovation technologique par rapport à la démocratie sont extrêmement floues», concède-t-il d'entrée de jeu, ajoutant que certaines études tendent à démontrer qu'il pourrait y avoir un engouement chez les jeunes pour le vote électronique, mais il n'y a pas une masse critique d'études pour en dégager une tendance forte.

Cette façon d'exercer son droit de vote aurait certes ses avantages, conçoit M. Mathieu. «Clairement, ça va faciliter l'accès au vote: on n'a pas à se déplacer, on peut voter dans le confort de notre salon si on le souhaite», souligne-t-il. D'ailleurs, ajoute-t-il, les jeunes générations sont habituées d'exprimer un choix sur une multitude de plateformes «que ce soit Tinder ou des sondages sur Facebook».

Le vote électronique permettrait également de connaître les résultats d'une élection quasi-instantanément, surtout s'il devient à terme le seul moyen d'exprimer son vote. «Ça pourrait amener un autre type de suspense pour suivre les votes. Et si on suit les tendances des jeunes générations à justement voir les fils de nouvelles se développer sur Twitter pour suivre en direct ce qui se passe, clairement ici il y a des avantages qui peuvent en découler», analyse-t-il.

S'il révèle des avantages, le vote électronique traîne également son lot de désagréments. Le premier, mais non le moindre, est l'idée qu'un tel système peut être piraté ou hameçonné. «Il y a la possibilité que si le système flanche qu'on perde la valeur des votes exprimés. Ça nous obligerait à reconduire les élections, donc on ne serait pas plus avancé», a-t-il prévenu. Les élections «à l'ancienne» du 1er octobre coûteront quant à elles 93 M$.

C'est sans compter qu'avec un vote électronique, il faudrait revoir la façon dont on authentifie l'identité des électeurs. «Quand on doit aller voter dans l'isoloir, il faut présenter une pièce d'identité avec photo, il y a quelqu'un qui vérifie qu'on est bien inscrit sur la liste électorale, dans cette circonscription, dans ce sous-agrégat de la circonscription. Il y a filet qui permet d'authentifier, bien qu'il ne soit pas parfait, les citoyens qui viennent voter», décrit-il, un processus qui ne pourrait s'effectuer de la sorte dans le confort de son salon.

Ce sont des inconvénients importants, mais ils ne sont pas insurmontables. Ce n'est pas insensé de croire que les avancées technologiques nous permettraient de les dépasser, de les contrôler.Félix Mathieu

D'un côté plus philosophique, M. Mathieu voit dans le vote électronique l'abandon du principe solennel de se déplacer pour aller voter et de prendre sa décision dans l'isoloir. «Ça enlève la profondeur de la participation politique pour le rendre similaire aux pratiques technologiques de la vie quotidienne», plaide-t-il.

D'autres moyens de stimuler la participation des jeunes

Pour stimuler le vote des jeunes, il y a d'autres chose à faire que le vote électronique, pense Félix Mathieu, et ça passe d'abord par l'éducation. «L'effort le plus important à faire continue d'être celui d'une plus grande éducation à la citoyenneté, une éducation aux principes de la citoyenneté: qu'est-ce que voter?, pourquoi c'est important?, quels sont les enjeux de voter ou encore de ne pas voter?», propose-t-il.

Cette éducation à la citoyenneté pourrait se faire dès le primaire et se poursuivre au secondaire, et même au collégial. À ce niveau, l'universitaire soumet l'idée que le DGEQ s'associe aux associations étudiantes pour mousser la participation électorale.

«Je crois que ces idées sont plus importantes que de miser sur les outils technologiques», conclut-il.

Que font les associations étudiantes pour stimuler le vote du 1er octobre?

Union étudiante du Québec

  • Campagne «Élève ton Québec»: cinq enjeux qui fédèrent les étudiants, soit l'importance des stages, le soutien en santé psychologique des étudiants, le financement de la recherche, l'amélioration des services aux étudiants et la déréglementation des frais de scolarité des étudiants internationaux.
    • Rencontres avec les étudiants et pose d'affiches pour expliquer les positions.
  • Promotion des jours de vote sur les campus 21, 25, 26 et 27 septembre.
    • Campagne de sortie de vote, qui vise à convaincre de l'importance du scrutin.

Informations recueillies auprès de Guillaume Lecorps, président

Fédération étudiante collégiale du Québec

  • Campagne «Ma génération vote»: axée sur la participation des 18-24 ans au vote.
    • La FECQ jouera le thème «si on ne vote pas, les aînés vont décider pour nous du Québec de demain», un jeune sur deux se prévaut de son droit de vote, ce qui est beaucoup moins que leurs aînés.
  • Promotion des jours de vote sur les campus 21, 25, 26 et 27 septembre.
    • Tous les campus avec au moins 300 électeurs vont recevoir des bureaux de vote.
  • Série de grands tableaux non partisans qui reprennent le travail fait par la boussole électorale de Radio-Canada.
    • 30 grandes questions ont été mises sur des tableaux qui indiquent où campe chaque parti.
  • Six sujets prioritaires de la FECQ feront l'objet de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux de la Fédération au cours du mois de septembre.

Informations recueillies auprès de Philippe Clément, vice-président et attaché de presse

Jour 36 - PLQ

La campagne électorale en images

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