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Finale «choc» pour la série «Sharp Objects» de Jean-Marc Vallée

La série nous aura bien appris de ne jamais sauter trop vite aux conclusions...
HBO

La série Sharp Objects, réalisée par le Québécois Jean-Marc Vallée et diffusée sur le réseau HBO, s'est terminée ce dimanche 26 août sur une note pour le moins consternante.

Il faut dire que la table avait été mise la semaine précédente, après que Camille (Amy Adams) eut découvert que sa mère Adora (Patricia Clarkson) souffrait du Syndrome de Münchhausen par procuration, et qu'elle était l'unique responsable de la mort de sa jeune soeur Marian. Décès à l'origine de la lente descente aux enfers du personnage principal.

L'heure était maintenant à la confrontation entre Camille et la matriarche de Wind Gap, Missouri.

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L'épisode huit reprend exactement là où le précédent nous avait laissés. Camille fait son entrée dans la maison familiale et est invitée à prendre place à table aux côtés de sa soeur Amma, toujours sous l'influence de la mauvaise médecine d'Adora.

Plutôt que de confronter immédiatement sa mère, Camille décide d'alléger les souffrances d'Amma en prenant sa place sous le regard «salvateur» d'Adora, espérant que sa petite soeur retrouvera suffisamment de forces pour aller chercher de l'aide.

Si Amma préférera demeurer une bonne fille aux yeux de sa mère plutôt que de passer à l'action, Chris et l'éditeur de Camille feront irruption dans la demeure juste à temps pour la sauver d'une mort certaine.

Après une fouille des lieux, les pinces ayant servi à arracher les dents du cadavre de Natalie Keene sont retrouvées.

Adora est jugée pour les crimes, et Camille retourne à Saint-Louis avec Amma, croyant pouvoir lui offrir un climat familial plus sain qui saura la ramener dans le droit chemin.

Ne jamais sauter aux conclusions

Tout au long de la saison, Jean-Marc Vallée et la scénariste Marti Noxon ont fait évoluer en arrière-plan l'enquête sur le meurtre des deux adolescentes de ce coin reclus du sud des États-Unis.

Ces crimes atroces n'étaient au final qu'un prétexte pour dresser le portrait complexe d'une communauté et ses habitants, des relations de pouvoir qui les régissent et les divisent, des concepts et des idées arrêtés qui les définissent.

Le tout dans un climat où la chaleur suffocante, l'alcool qui coule à flots et la direction musicale auront dicté l'évolution - ou la régression, c'est selon - de cet univers.

Tout comme dans Big Little Lies, Vallée a de nouveau dressé le portrait d'une Amérique en regardant le vernis craquer. Une Amérique où toute vérité n'est plus bonne à dire, et encore moins à entendre, où toute information peut devenir une vérité si cela signifie faire parler de soi, ne plus être anonyme.

Dans ce microcosme où le temps s'est arrêté, Sharp Objects n'en avait que faire des découvertes qui auraient pu lancer l'enquête en cours sur une fausse piste, puis une autre, puis une autre, avant que ne soit finalement révélée la vérité.

Il ne fallait au final qu'une seule percée pour que la tour d'ivoire d'Adora s'écroule.

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La dame en blanc

C'est d'ailleurs ici que la décision d'étirer le temps après la chute de celle qui était prête à tout pour se sentir indispensable, et surtout être considérée comme telle aux yeux des autres, prend tout son sens.

Les dix dernières minutes de la série s'écoulent dans le calme, bercées par l'optimisme ainsi que la bienveillance que contemple désormais Camille.

Mais le spectateur sait pertinemment que quelque chose cloche toujours.

Puis, la voisine de Camille cogne à sa porte, et lui demande si elle a vu sa fille aujourd'hui. Camille lui répond qu'elle doit être avec Amma.

L'idée qu'Amma soit un anagramme de «Mama» n'est plus un hasard.

Camille découvre dans la maison de poupées les dents de Natalie, utilisées par Amma pour former une réplique du plancher d'ivoire si cher à Adora.

La mort des deux adolescentes est le résultat d'un mal qui s'est transmis, qui s'est transformé (la seule chose qui ait vraiment évolué dans cet univers). Les crimes d'Amma ne sont pas le fruit d'un désir maladif de se sentir essentiel, de monopoliser l'attention des autres, mais plutôt de ne pas supporter que quelqu'un d'autre puisse obtenir davantage d'attention.

Fin

Comme dans Big Little Lies, la conclusion de Sharp Objects choque et surprend justement parce qu'elle était attendue, voire redoutée depuis un certain temps déjà.

L'idée que l'une des premières hypothèses qui puissent venir à l'esprit soit justement la bonne est ce qu'il y a de plus terrifiant pour Vallée. Le monde est plus prévisible qu'on le pense, ou plutôt que nous sommes prêts à le croire.

Mais entre la naissance de cette idée et sa confirmation, il y aura eu beaucoup à observer, déconstruire et fracasser. Un défi que Jean-Marc Vallée aura de nouveau relevé de main de maître au cours des deux derniers mois.

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