Un Canadien à la tête d'Air France... La compagnie aérienne a annoncé ce 16 août, à l'issue de son conseil d'administration, que Benjamin Smith, numéro 2 d'Air Canada, devient le successeur de Jean-Marc Janaillac, trois mois après sa démission sur fond de conflit social.
Inconnu du grand public, son nom circule depuis les révélations du Monde, le 8 août. Neuf syndicats de la compagnie ont pris les devants ce 16 août en jugeant "inconcevable" de nommer "un dirigeant étranger" aux commandes du groupe franco-hollandais Air France-KLM.
Cette intersyndicale qui a mené quinze journées de grève depuis février pour les salaires (CGT, FO, SUD, SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF, SNPL, Alter) "soutient qu'il est inconcevable que la compagnie Air France, française depuis 1933, tombe dans les mains d'un dirigeant étranger dont la candidature serait poussée par un groupe industriel concurrent", affirme un communiqué.
Une accusation qui vise Delta Airlines, compagnie américaine possédant 8,8% du capital d'Air France-KLM. L'Etat français est lui actionnaire à hauteur de 14,3%. Les syndicats avancent notamment que le groupe a besoin d'un patron rodé au dialogue social à la française.
Salaire de PDG triplé
Mais une fois sa nomination confirmée, un autre sujet va envenimer la situation: son salaire. Selon Libération, "Ben Smith" aurait négocié un salaire annuel de 3,3 millions d'euros, soit trois fois plus que ce que touchait son prédécesseur Jean-Marc Janaillac.
"Benjamin Smith s'est déclaré candidat une fois que le salaire de PDG d'Air France a été aligné sur la concurrence, explique au HuffPost Xavier Tytelman, consultant en aéronautique. Mais c'est ce qui se pratique ailleurs." Ce salaire ne serait en effet que 20% supérieur à celui qu'il touche actuellement chez Air Canada, toujours selon Libé.
Il n'empêche. Cette évolution a forcément reçu l'aval de l'Etat, actionnaire à hauteur de 14% d'AF-KLM, tournant le dos à une politique historique de modération salariale. Et cela ne manquera pas d'être dénoncé par l'opposition, en plus des syndicats.
L'intersyndicale a mené 15 journées de grève sur plusieurs mois pour obtenir 6% d'augmentation générale, puis 5%, au nom des efforts fournis par le personnel pour redresser l'entreprise, désormais dans le vert.
Elle se réunira le 27 août, selon le communiqué, pour "déterminer les actions qu'elle mènera dès la rentrée afin d'obtenir la fin du blocage qu'elle dénonce depuis des mois".
Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.