Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Arrêté, menotté et emprisonné pour ne pas s'être identifié

Il a reçu 4 billets de contravention.
Courtoisie Christian Päissé

Un homme de 54 ans de Boisbriand a été arrêté, menotté et emprisonné pour avoir refusé de s'identifier à un agent de la paix.

Christian Päissé se dirigeait à pied vers le stationnement lorsqu'un policier de la Régie Intermunicipale de Police Thérèse-de-Blainville l'a interpellé en lui demandant s'il était le propriétaire d'un véhicule qui était stationné.

«J'ai dis c'est la voiture à ma mère. Pourquoi?», a-t-il raconté au HuffPost Québec.

M. Päissé a ajouté que le policier lui aurait alors demandé de s'identifier et de lui remettre son permis de conduire.

«J'ai immédiatement demandé au policier si j'étais suspecté de quelque chose. Vous pensez que j'ai volé cette voiture? Vous me reprochez quoi pour avoir droit à cette intervention?».

Le policier aurait répondu que «non», mais qu'il voulait simplement l'identifier formellement.

«Je lui ai dit que je refusais de m'identifier, car je garde ma vie privée pour moi. Il n'est pas question que je vous remettre mon permis de conduire non plus alors que je suis à pied même pas au volant d'un véhicule motorisé», a rétorqué le quinquagénaire.

En poursuivant son chemin et en prenant place au volant du véhicule, Christian Päissé était conscient qu'il se ferait officiellement arrêter dès qu'il prendrait la route.

Avant même qu'il ait pu rouler 50 pieds, le même policier aurait allumé les gyrophares de son autopatrouille.

«Il s'approche de moi et demande de nouveau mes papiers, tels permis de conduire, immatriculation et assurance. Ce que je refuse encore de lui remettre en ajoutant que la Charte des droits et libertés ne m'y oblige pas. Et je demande au policier s'il connaît bien la Charte».

«Je connais ma Charte», aurait-il répondu sur un ton agressif avant d'ajouter: «Tu veux jouer à ça. On va jouer à deux».

Le policier aurait alors demandé du renfort. Quatre voitures de police ont rapidement été dépêchées sur les lieux dans le stationnement du Super C aux coins des rues Faubourg et Grande-Allée à Boisbriand.

«Je comprends mon petit policier d'avoir eu peur du haut de ses 5 pieds 6 et moi un grand 6 pieds 3, mais je n'ai jamais été agressif envers lui», a ajouté Christian Päissé.

À l'arrivée des autres policiers, M. Päissé refuse toujours de s'identifier.

«J'ai redit la même chose aux policiers à l'effet que je ne voulais pas m'identifier pour garder ma vie privée».

Les policiers auraient informé M. Päissé qu'il risquait d'être en arrestation pour entrave au travail d'un agent de la paix.

«Faites ce que vous avez à faire, mais moi je ne donne pas mes papiers. Je peux vous donner les numéros, car je les sais par coeur, mais pas plus».

Devant son refus d'obtempérer, Christian Päissé a été arrêté et menotté devant des dizaines de curieux.

«Pendant qu'ils me menottaient devant les gens en plein jour, il y a un policier qui a pris mes clefs dans mes poches sans mon consentement pour fouiller mon auto. Je lui ai dit que je refusais qu'il fouille et qu'il n'avait pas le droit sans mandat, mais ils se pensent tous au-dessus des lois parce qu'ils portent un revolver».

Celui qui a été propriétaire de quelques entreprises dans le passé a ensuite été amené au poste pour interrogatoire. Refusant toujours de collaborer une fois rendu au poste, il a été placé dans une cellule.

«J'ai demandé au policier: "si je ne veux pas être obligé de dormir derrière les barreaux, je te donne mon nom et mon adresse et tu me relâches?"». Le policier aurait répondu par l'affirmative.

Christian Päissé, sans dossier judiciaire, a donc pu retrouver sa liberté, mais pas avant d'avoir reçu 4 billets de contravention, dont 3 de 63$ pour ne pas avoir eu en main ses papiers de permis de conduire, immatriculation et assurance et un de 484$ pour entrave au travail d'un agent de la paix.

Le criminaliste, Me Jean-Pierre Rancourt, trouve que M. Päissé a eu raison de tenir son bout, du moins en partie. «Personne n'est obligé de montrer des papiers d'auto quand tu es à pied. Une fois qu'il était au volant du véhicule, la police peut exiger des papiers pour vérifier par exemple si la voiture n'a pas été volée, mais si le policier lui a dit qu'il n'était suspecté de rien, il y a des limites à obliger un individu à s'identifier sans raison».

Christian Päissé contestera les constats d'infraction en évoquant la Charte des droits et libertés. «En moins de 30 minutes, les policiers ont brimé au moins 5 articles de loi de la Charte, notamment mon droit à la vie privée et atteinte à ma réputation. Ce sont des droits intrinsèques auxquels tous les humains devraient avoir recours plus souvent.»

La Régie Intermunicipale de Police Thérèse-de-Blainville n'a pas été en mesure de commenter cette histoire.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.