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6 raisons de faire un défilé de la Fierté LGBTQ en 2018

La première : pourquoi pas?
La dragqueen Rainbow au défilé de la Fierté gaie à Montréal.
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La dragqueen Rainbow au défilé de la Fierté gaie à Montréal.

Chaque année, des critiques s'élèvent contre la tenue du défilé de la Fierté LGBTQ+, affirmant que l'événement n'est plus nécessaire, parce que toutes les batailles ont été gagnées. Il existe pourtant de nombreuses raisons logiques et factuelles de poursuivre la tradition. En voici six.

1. Les droits LGBTQ+ sont plus fragiles qu'on le pense

On oublie parfois que le mariage entre conjoints de même sexe est légal au Canada depuis moins de 15 ans (la loi a été adoptée le 20 juillet 2005). Il y a seulement 50 ans, l'homosexualité était encore considérée comme un acte criminel. Jusqu'au milieu des années 70, le fait d'être attirée par une personne de même sexe était perçu comme une maladie mentale que les psychiatres traitaient par des électrochocs, de l'insuline ou la lobotomie. Et la discrimination fondée sur l'identité ou l'expression du genre est devenue illégale au pays seulement... l'été dernier.

Bref, les lois qui ont donné des droits à la communauté LGBTQ+ sont encore jeunes. Et les politiciens aux visions conservatrices sont nombreux et de plus en plus puissants à travers le monde. Quand on sait que le président des États-Unis, Donald Trump, remet en question le droit à l'avortement pour les femmes en 2018 et qu'il refuse que les personnes trans s'enrôlent dans l'armée pour défendre leur pays, on est en droit de rester à l'affût pour que les droits obtenus par les minorités sexuelles ne soient pas révoqués de notre côté de la frontière.

NicolasMcComber via Getty Images

L'actuel chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, affirme qu'il ne veut pas rouvrir le débat, mais il s'affiche ouvertement contre les lois ayant permis le mariage entre conjoints de même sexe, l'avortement et le suicide assisté. Personne ne peut donc prévoir que lui ou l'un de ses collègues ne posera pas des actions anti-progressistes en lien avec leurs valeurs plutôt hétéronormatives.

2. L'homophobie persiste à travers le monde

Au Québec, le défilé est une façon de penser aux millions de personnes LGBTQ+ qui ne sont pas traitées comme des êtres humains égaux à travers la planète. On célèbre ausi le fait qu'on puisse tenir l'activité, alors que c'est souvent impossible ailleurs.

Actuellement, l'homosexualité est illégale dans 72 pays, et 14 d'entre eux punissent les gais et lesbiennes avec la peine de mort ou de lourdes peines de prison. Moins d'un État sur quatre protège les personnes LGBTQ+ et leur accorde des droits de base. Aux États-Unis, le ratio des meurtres officiellement répertoriés comme des crimes de haine, où la victime a été ciblée en raison de son genre ou de son orientation sexuelle, a augmenté, passant de 1 crime du genre tous les 13 jours en 2016 à 1 tous les 6 jours en 2017.

D'autres exemples très récents :

  • Vladimir Poutine, celui dont le gouvernement a instauré une loi anti-propagande de l'homosexualité, a été réélu en mars dernier avec 92% des votes.
  • Deux mois plus tard, la Fierté gaie au Liban a été annulée en raison de pressions des autorités.
  • Le 1er juillet dernier, la police turque a dispersé la foule rassemblée pour la Pride avec des gaz lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc.

3. Faire la fête

TT News Agency / Reuters

Au même titre que bien des rassemblements culturels et sociaux, le défilé est une occasion de s'éclater, de se déguiser, de danser, de se laisser aller et de déambuler dans les rues de Montréal avec le sourire, entouré des membres de la communauté ET de ses alliés.

Année après année, certaines personnes sont choquées par les images montrant des participants flamboyants et peu vêtus dans les médias. D'abord, ils ne représentent pas la majorité des 7000 participants, mais plutôt la pointe de l'iceberg qui fait de belles photos et des images colorées. Ensuite, êtes-vous vraiment mal à l'aise avec un humain en maillot qui montre ses pectoraux? À titre indicatif, vous en voyez probablement autant à la piscine municipale qu'au défilé.

Bien sûr, certains participants sont là davantage pour faire le party et pour exposer leurs abdominaux que pour réfléchir à la cause LGBTQ+, mais ils vivent dans un pays où ils ont droit de le faire. Et ça, c'est une victoire en soit.

4. S'afficher comme des alliés

C'est l'occasion pour les partis politiques, les entreprises et Monsieur et Madame Tout-le-monde de s'afficher ouvertement comme un allié à la communauté LGBTQ+. Évidemment, plusieurs observateurs apprécient davantage le soutien que Ginette de Laval offre à sa fille en défilant à ses côtés que la présence des politiciens et des compagnies, qu'on accuse à tort ou à raison de faire de la récupération. La question se pose, assurément.

Marc Bruxelle via Getty Images

Mais dans une province où au moins 25% des personnes LGBTQ+ ne s'affichent pas ouvertement au travail*, selon la Chambre de commerce LGBT du Québec, parce qu'elles craignent que cela nuise à leur carrière professionnelle, personne n'a pas le luxe d'empêcher les entreprises de s'afficher pro-LGBTQ+ et de profiter de la visibilité d'un tel événement. Surtout si leurs actions intra-entreprises sont réellement cohérentes sur le sujet.

Et on n'aura jamais trop de politiciens, des personnes en position de pouvoir, qui affichent leur ouverture d'esprit et leur soutien à la cause. Après des années sans que l'ex-Premier ministre Stephen Harper ne mette le pied à un défilé de la Fierté au pays, la présence systématique de Justin Trudeau est un vent de fraîcheur et un symbole ô combien puissant à l'international.

*Petit rappel : si vous pensez que vos collègues LGBTQ+ ne devraient jamais parler de leur conjoint, de leur week-end en amoureux ou d'un détail évoquant qu'ils n'ont pas les mêmes préférences que vous, alors que vous parlez sans arrêt de votre couple et de votre vie de famille, ou que vous avez le choix de rester discret, vous faites partie des raisons pourquoi un défilé de la Fierté est nécessaire.

5. Tout n'est pas rose au Canada

Le Canada est réputé comme l'un des pays les plus ouverts au monde. C'est vrai. Mais il reste encore énormément d'homophobie, d'incompréhension et d'ignorance.
  • Des familles qui rejettent leur enfant différent.
  • Des violences verbales et physiques à l'école, dans la rue et sur les milieux de travail.
  • Des personnes LGBTQ+ qui se cachent et vivent une double vie.
  • Des citoyens qui n'ont absolument aucune idée des difficultés quotidiennes des personnes trans.
  • Et d'autres qui n'ont aucune idée des privilèges qu'ils ont en faisant partie de la majorité.

Entre autres.

6. Conscientiser la communauté elle-même

N'en déplaise aux gais et lesbiennes qui ne comprennent pas pourquoi ils devraient être regroupés avec les autres représentants d'identités et d'orientations sexuelles marginales, la bataille est commune.

Le défilé est une action symbolique qui leur rappelle la force de la communauté ET l'importance d'être au courant des réalités des trans, des pansexuels, des allosexuels, des non binaires, des queer et de tous les membres de l'acronyme, y compris ceux issus de communautés culturelles et religieuses différentes de la leur.

En attendant le défilé de Fierté Montréal 2018, voici toutes les photos de celui de 2017 :

Fierté Montréal 2017

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