ESPACE - Quand on pense vie extraterrestre, on regarde souvent très loin dans l'espace, vers Mars, les satellites de Saturne et Jupiter, voire en dehors du système solaire. Pourtant, des micro-organismes auraient bien pu exister il y a quelques milliards d'années sur la Lune.
C'est en tout cas ce que se demandent deux chercheurs, dans un article publié ce lundi 23 juillet dans la revue Astrobiology, rapporte Business Insider. Et ils estiment que notre satellite a pu avoir tous les éléments nécessaires pour héberger la vie.
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont passé en revue les dernières analyses et modèles mis au point pour essayer de comprendre le passé de notre satellite ces dernières années.
Entre autres, les récents progrès techniques ont permis de réexaminer les échantillons ramenés des décennies plus tôt et de déceler de l'eau "magmatique". Ce qui a permis en 2017 à des chercheurs de dire que la Lune n'a peut-être pas été aussi sèche et déserte qu'on le pensait et que de l'eau liquide a pu exister à sa surface, voire cachée sous une couche de glace, il y a des éons de ça.
Deux périodes propices
Au vu de la littérature actuelle sur le sujet, les auteurs estiment qu'il y a eu deux périodes où de l'eau liquide a pu rester à la surface lunaire pendant des dizaines de millions d'années. D'abord, juste après la formation du satellite, il y a 4,5 milliards d'années, suite à un impact d'un corps avec la Terre. Ou plusieurs, les scientifiques débattent encore de ce sujet.
Juste après cet impact, la Lune était une sorte d'océan de magma recrachant des gaz, ce qui aurait pu aider à créer une atmosphère, nécessaire pour la présence d'eau liquide à la surface. D'autres chercheurs, en 2017, ont suggéré une autre phase de déploiement massif de gaz autour de la Lune, et donc la création possible d'une atmosphère, un milliard d'années plus tard, via une forte activité volcanique.
Une atmosphère est nécessaire pour que l'eau liquide se forme, mais pas suffisante. Il faut également empêcher que l'atmosphère elle-même soit déchirée, mise en lambeaux par les vents solaires. Justement, une étude de 2011 estime que la jeune Lune disposait alors d'un champs magnétique, réduisant la puissance de ces bourrasques venues du Soleil.
De l'eau à la vie, un grand pas
Mais même si (et c'est un grand si) de l'eau liquide a existé à la surface de la jeune Lune, cela ne veut pas dire qu'il y avait de la vie. De ce que l'on sait, il faut également des composés organiques (à base de carbone, nécessaires à la vie) pour que la vie émerge. Et on ne sait pas s'il y en a sur la Lune. Ni combien de temps cela prendrait pour que l'inorganique devienne vivant.
Les chercheurs notent pour autant qu'à l'époque, de nombreuses collisions ont envoyé des morceaux de Terre sur la Lune et vice-versa. On peut donc facilement imaginer que ces composés, voire des formes de vie microscopiques terrestres, aient fait partie du voyage.
En bons scientifiques, les deux auteurs se demandent enfin comment cette théorie pourrait-elle être validée ou réfutée. Problème: depuis le temps, les traces possibles d'eau liquide (comme sur Mars, avec des restes d'anciens canaux et lits de rivières) ont été détruites par les vents solaires, les radiations cosmiques et les impacts de météorites.
"Seul un futur programme d'exploration lunaire agressif" pourrait répondre à la question de savoir si de la vie a prospéré sur la Lune. En attendant, il est possible de faire quelque chose de beaucoup moins coûteux, précisent les auteurs: des simulations en laboratoires.
En effet, sur Terre ou sur la Station spatiale internationale, on arrive de mieux en mieux à simuler l'environnement martien. Alors pourquoi pas celui de la Lune à l'époque? Les deux auteurs recommandent en tout cas de réaliser ces simulations afin de savoir si, oui ou non, de la vie extraterrestre a vraiment pu se développer sur la Lune il y a plus de 3,5 milliards d'années.
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