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Lorsque l’humour rencontre le rap

Ce sont les humoristes, pourtant moins rodés à la discipline du «battle rap» qui ont eu l’avantage lors de ces joutes oratoires.
Facebook WordUP! Battles/ Dja Photographie

Humour et battle rap s'affrontaient samedi soir aux Katacombes dans le cadre de la deuxième édition du WordUp! Vs Zoofest.

L'événement organisé conjointement par le festival et WordUp! Battles opposait les humoristes de la relève Coco Belliveau, Charles Deschamps, Julien Bernatchez et Mike Beaudoin aux rappeurs D-Baby, Lodgicko, Rex Reizo et Parka à travers quatre duels. Étonnamment, ce sont les humoristes, pourtant moins rodés à la discipline du battle rap qui ont eu l'avantage lors de ces joutes oratoires.

Trois minutes pour vaincre

Chacun des adversaires avait droit à trois rondes d'une minute, qu'ils s'échangeaient, afin de prendre l'avantage sur son adversaire. Dans ces duels livrés a cappella, tous les coups bas sont permis. Les participants -et les spectateurs- doivent donc s'attendre à être témoin de nombreuses attaques personnelles sans pitié. Pas de place pour le politically correct non plus, alors il arrive que des propos explicites, frôlant parfois le sexisme, le racisme ou l'homophobie, soient exprimés.

L'instigateur du mouvement WordUp! au Québec et animateur de la soirée, FiligraNn, a toutefois spécifié en lever de rideau que «si des propos pouvaient choquer, le mouvement était antisexiste, antiraciste et anti-homophobe.»

La foule, qui semblait constituée à parts égales de fans de battle rap et d'humour, n'a cependant bronché à aucun moment et a semblé apprécier le spectacle, n'hésitant pas à applaudir vigoureusement les bonnes lignes de chacun.

Belle prestation des humoristes

Le premier duel de la soirée opposait l'humoriste Mike Beaudoin à Parka. Malgré la fougue et le flow de ce dernier, Beaudoin a été davantage convainquant, alors que ses couplets incisifs comportaient à la fois blagues et références. La foule a également semblé lui donner l'avantage, applaudissant chaleureusement sa répartie.

Le deuxième combat a légèrement brisé le rythme instauré par le premier alors que Julien Bernatchez a opté pour l'autodérision en dérogeant aux règles de la compétition et en lisant d'un ton mal assuré un texte rempli d'attaques plus absurdes les unes que les autres. L'humoriste a par exemple fait allusion à Super Mario, Spirou et Fantasio et à Gaston Lagaffe, des références n'appartenant pas vraiment au milieu du rap. Son adversaire, Rex Reizo, n'a pas su profiter de l'occasion et n'a pas présenté de couplets susceptibles de lui donner la victoire.

Charles Deschamps et Lodgicko ont présenté un troisième affrontement rempli de lignes percussives. Deschamps, l'un des propriétaires du Bordel-comédie club, a opté pour plusieurs jeux de mots et double-sens («Si tu veux percer, faudra que tu fasses un DEP en menuiserie»), tandis que son adversaire a plutôt versé dans un style plus agressif, critiquant d'ailleurs le nom du spectacle de l'humoriste, Mon père est plus mort que le tien Damn right que ton père est plus mort que le mien, mon père utilise sa tombe comme urinoir.»)

C'est cependant l'ultime duel qui a semblé plaire le plus à la foule. Coco Belliveau a offert une performance quasi sans faille et a surpris par son aisance, malgré un léger oubli en mi-parcours, et sa vivacité («Ta seule manière d'être big, c'est de manger des cupcakes»). Son adversaire, D-Baby, n'a cependant pas donné sa place et pouvait compter sur une technique impressionnante, en plus de jeux de mots cocasses («T'es l'artiste plate qui a aucune vision, t'es Stevie Wonder»).

Une soirée réussie

Au final, malgré une performance impressionnante de la part des rappeurs, ce sont les humoristes qui ont semblé bénéficier le plus des faveurs du public.

Ceux-ci ont d'ailleurs semblé apprécier leur expérience, alors qu'ils ont suscité l'hilarité de la foule à plus d'une reprise. Coco Belliveau dit d'ailleurs voir désormais d'un autre œil la discipline : «J'ai vraiment du respect pour ça, maintenant. Il y a tellement de bruit et de stress! [...] Pour une première fois, c'était l'fun!»

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