CINÉMA - Ce n'est pas un blockbuster mais il fait déjà beaucoup parler. Les Américains s'étant rendus au cinéma pour voir le second volet des "Indestructibles" ont pu découvrir le court-métrage Pixar "Bao", l'histoire d'une mère dont le fils a quitté la maison, et qui se prend d'affection pour un "bao" (un ravioli chinois brioché) devenu vivant.
Sauf que certains n'ont vraiment pas compris le film, allant jusqu'à exprimer leur scepticisme sur les réseaux sociaux. Le tweet d'une jeune fille a particulièrement attiré l'attention et déclenché un débat autour du dessin-animé.
"C'étaient les dix minutes les plus déroutantes de ma vie"
@JamieMcAliste7 @courtsnyder15 I paid very hard attention to it and I have no idea what the heck was going on!!
— nicole 🌼 (@nicolepietig)
"J'ai vraiment essayé de me concentrer, mais je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il se passait!", lui répond celle-ci, à l'image de nombreux autres en commentaires.
Pourtant, pour beaucoup d'autres, le sens de "Bao", réalisé par Domee Shi est très simple: la Canado-chinoise, première femme à diriger un film Pixar, souhaitait rendre hommage à la culture chinoise, tout en abordant la question du "syndrome du nid vide", ou cette sensation ressentie par des parents quand leurs enfants quittent le foyer.
how are people confused about Bao it’s a 5 minute short about a mom missing her son lmao it’s not inception
— pauline (@Punziella)
"Comment les gens peuvent ne pas comprendre que 'Bao', c'est un film de cinq minutes à propos d'une maman à qui son fils manque, vous me faites rire, ce n'est pas Inception"
Un problème de culture et de représentation
Pour beaucoup, le problème est plus profond que l'appréciation, ou non, d'un court-métrage: les personnes ayant critiqué "Bao" seraient tout simplement inaptes à reconnaître la culture chinoise. Dans un article sobrement titré "Hey, les Blancs: le court-métrage 'Bao' n'est pas à propos de vous", le magazine Inverse estime que le film s'est transformé en sorte de "test de Rorschach", qui permet de révéler la capacité d'un groupe à comprendre des thèmes universels, "à partir d'un point de vue qui n'est ni Blanc ni Américain". Une opinion partagée par plusieurs internautes:
it makes me really angry and sad when people laugh at the short film “Bao.” Not only is it extremely disrespectful… https://t.co/EJqxouR6C8
— maia (@mxmtoon)
"Ça m'énerve vraiment que l'on se moque du film 'Bao'. Non seulement c'est un manque total de respect, mais ça montre surtout à quel point la culture asiatique n'est pas assez représentée dans les médias américains". (Sur Twitter, beaucoup de spectateurs ont relevé entendre rires et moqueries pendant la diffusion du film au cinéma).
like seriously bao is so important for so many people but you know as soon as white people see a part of chinese cu… https://t.co/wbUNWukFkj
— xiu (@xiunens)
"Bao est super important pour plein de gens, mais c'est vrai que dès que des blancs voient un peu de la culture chinoise qui n'est pas massacrée pour rentrer dans leurs stéréotypes ça ne vaut plus rien".
Bao was a love letter to immigrants and their children. As a first-generation American, I saw my childhood - my Pak… https://t.co/cy7a5ZJnqc
— once more, with feeling (@thechaidrinker)
"Bao, c'est une lettre d'amour à tous les immigrants et leurs enfants. En tant qu'Américain de première génération, j'y ai vu mon enfance -ma grand-père Pakistanaise et ma mère cuisinaient des samoussas pour mon frère et moi. Le soin, la science, l'art. La nourriture nous connecte tous, et raconte l'histoire de nos âmes", estime cet internaute.
"Voir les gens rires devant 'Bao' était très gênant et frustrant, j'ai pleuré en le regardant, je me suis vraiment reconnue sans avoir besoin d'être asiatique pour comprendre la métaphore. Les gens sont juste perturbés quand les autres cultures ne sont pas représentées de manière stéréotypée".
Pourtant, pour Domee Shi, la réalisatrice, il est très simple de se retrouver dans son petit conte. "Tout le monde a un parent sur-protecteur qui ne les laisse pas partir. Et ils finissent toujours par se retrouver autour d'un repas", confie-t-elle au New York Times.
Ce n'est pas la première fois que des oeuvres provoquent de telles réactions autour de la question de la représentation des communautés minoritaires et/ou de leurs cultures. Un exemple: le film américain Black Panther, premier blockbuster dans lequel 80% des acteurs mis à l'honneur sont noirs, avait fait couler beaucoup d'encre, certains accusant le film de communautarisme alors qu'un Marvel s'est rarement adressé à autant de monde.
En France, le film "Bao" sortira en même temps que "Les Indestructibles 2", le 4 juillet.
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