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L'ancien ministre Paul Gérin-Lajoie meurt à 98 ans

Il a mis de l'avant plusieurs principes du système d'éducation québécois.
Paul Gérin-Lajoie, 12 novembre 2013
PC
Paul Gérin-Lajoie, 12 novembre 2013

Paul Gérin-Lajoie, l'un des artisans de la vaste réforme du système d'éducation au Québec pendant la Révolution tranquille, dans les années 1960, est mort à l'âge de 98 ans. Il avait été le tout premier ministre de l'Éducation du Québec, de 1964 à 1966.

La fondation qu'il avait créée en 1977 a indiqué que M. Gérin-Lajoie est décédé "entouré des siens" lundi.

Peu après l'annonce de son décès, sa famille lui a rendu hommage, parlant d'un "visionnaire, un grand bâtisseur, un infatigable travailleur, mais aussi un père, un grand-père et un arrière-grand-père aimant".

"Il a aussi été un époux affectueux qui vient de s'éteindre dans la sérénité, quelques mois après son épouse Andrée Papineau-Gérin-Lajoie à qui il a été marié durant 74 ans. Andrée et Paul auront constitué un couple exemplaire mais aussi un extraordinaire duo, devant les joies comme devant l'adversité de la vie", ont déclaré ses enfants François, Bernard, Sylvie et Dominique dans un communiqué.

Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé lundi que M. Gérin-Lajoie aura droit à des funérailles nationales.

M. Gérin-Lajoie aura été l'un des ministres les plus importants du gouvernement de Jean Lesage, qui a dirigé le Québec de 1960 à 1966. Avec M. Lesage, René Lévesque et Georges-Émile Lapalme, notamment, il s'est attelé, dès l'élection du gouvernement libéral le 22 juin 1960, à faire passer le Québec duplessiste dans la modernité.

Nommé ministre de la Jeunesse, responsable de l'instruction publique, Paul Gérin-Lajoie lance aussitôt une vaste enquête sur l'éducation des Québécois, tâche qu'il confie à un pédagogue de renom, Mgr Alphonse-Marie Parent. À la suite des recommandations de la Commission Parent, un nouveau système scolaire est créé en 1964 - de même que le ministère de l'Éducation pour le chapeauter.

Plusieurs principes sont mis de l'avant par le ministre Gérin-Lajoie: gratuité de l'instruction publique, obligation de fréquenter l'école jusqu'à 16 ans pour tous les jeunes Québécois, mise en place du réseau secondaire, entente pour des échanges d'étudiants de niveau supérieur avec la France, amélioration de la formation des maîtres.

À la suite de la défaite électorale des libéraux aux mains de l'Union nationale en 1966, M. Gérin-Lajoie appuiera, comme député de l'opposition, la poursuite des progrès du monde québécois de l'éducation, notamment par la création des collèges d'enseignement général et professionnel (les cégeps) en 1967, et la mise en place de l'Université du Québec en 1968.

M. Gérin-Lajoie est aussi l'auteur d'une politique qui porte son nom, la "doctrine Gérin-Lajoie", observée scrupuleusement par tous les gouvernements québécois depuis 1970. Cette "doctrine" veut que le Québec exerce, en toute exclusivité et sans la supervision d'Ottawa, ses compétences internationales dans les secteurs qui relèvent de sa compétence exclusive, comme l'éducation ou la culture.

Coopération internationale

Né le 23 février 1920 à Montréal, cet avocat a été l'un des tout premiers Québécois, à la suite de brillantes études en droit, à mériter une bourse Rhodes en 1938, à l'âge de 18 ans seulement. Il devait, à la suite de sa carrière politique, diriger l'Agence canadienne de développement international (ACDI) de 1969 à 1977. Il saura redonner un second souffle à l'aide internationale que dispense le Canada à l'endroit des pays plus pauvres.

Paul Gérin-Lajoie élargira notamment cette aide aux pays francophones, à une époque où plusieurs anciennes colonies françaises d'Afrique acquièrent leur indépendance. Il élargira également le rôle de l'ACDI pour les situations d'urgence, et accroîtra le rôle des organisations non gouvernementales dans la coopération avec l'étranger.

Sa réputation de juriste l'amène, de 1977 à 1981, à remplir plusieurs mandats juridiques internationaux. Puis, en 1981, il est nommé par Ottawa président directeur général de la Société du Vieux-Port de Montréal. Il en profite pour améliorer les installations portuaires désaffectées, leur tracer une vocation sociale et culturelle, et donner aux Montréalais une fenêtre nouvelle sur le fleuve Saint-Laurent.

À compter de 1986, il préside la Fondation qui porte son nom, et qui a pour mandat d'assurer la formation et l'éducation des jeunes Africains. La Fondation Paul-Gérin-Lajoie prône notamment le parrainage de jeunes étudiants africains par des Canadiens. Elle a aussi mis en place la célèbre "Dictée Paul-Gérin-Lajoie", qui vise à améliorer la connaissance du français pour tous les élèves francophones du monde, dans le cadre d'une saine émulation. En 2012, lors de la 21e édition, la Dictée atteignait son 5 millionième participant.

Des récompenses

Les mérites de M. Gérin-Lajoie ont été reconnus par l'attribution d'une multitude de décorations de haut niveau. Il a été reçu membre de l'Ordre national du Québec, Compagnon de l'Ordre du Canada, Grand Officier de l'Ordre national du Sénégal, Commandeur de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et de l'Ordre de Malte, en plus d'être récipiendaire d'une douzaine de doctorats honorifiques d'universités internationales.

Il avait reçu du gouvernement du Québec en 2013 le prix Georges-Émile-Lapalme, décerné "à une personne ayant contribué de façon exceptionnelle, par son engagement, par son oeuvre ou par sa carrière, à la qualité et au rayonnement de la langue française parlée ou écrite au Québec".

Le 15 juin dernier, son fils François, président du conseil de la Fondation, recevait au nom de son père l'Ordre de l'excellence en éducation, des mains de la ministre de l'Enseignement supérieur, Hélène David, et du ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Sébastien Proulx.

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