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Une des scènes les plus violentes de «The Handmaid's Tale» fait fortement réagir

La série ne nous avait pourtant pas épargnés jusqu'à maintenant...
MGM Television

Regarder The Handmaid's Tale, c'est rarement l'assurance de passer un moment de détente devant son écran, et il faut encore avoir l'estomac bien accroché pour regarder le dixième épisode de la saison 2. 55 minutes de violence parfois insoutenable, plus encore que ce à quoi nous avait habitués la série adaptée de l'ouvrage de Margaret Atwood.

«Aussi anodin q'une abeille avec une fleur»

Comme pour nous rappeler les fondations mêmes de Gilead, l'épisode débute sur une scène de viol : celui d'Emily (Alexis Bledel), de retour des Colonies, et forcée de subir à nouveau cette torture. «C'est comme un travail. Un travail à exécuter le plus vite possible», raconte June (Elisabeth Moss) en voix off. «C'est aussi anodin qu'une abeille avec une fleur», poursuit-elle, tandis que le corps lourd du mari pèse sur Emily, amorphe. L'homme s'effondrera quelques minutes plus tard, atteint d'un infarctus, sans qu'Emily ne réagisse aux cris de l'Épouse. Le ton est donné.

Plus tard, c'est lors d'une discussion à l'épicerie avec d'autres Servantes que June sentira ses premières contractions. Rapidement ramenée chez les Wateford, la cérémonie se met en place : June, qui voudrait pourtant rester seule avec son bébé, est placée dans la chambre maritale, entourée de toutes les Servantes pendant que Serena, ravie, mime elle-même l'accouchement de son côté, entourée des Épouses. Le bonheur de cette dernière sera de courte durée : quelques minutes plus tard, June trône fièrement sur le lit, assise, une main sur son ventre rond. «Vous feriez mieux de chronométrer les contractions la prochaine fois», indique le médecin, qui table sur «une à deux semaines» pour l'accouchement.

Mais Serena ne peut plus attendre. Alors que June vient de demander au Commandeur, dans un acte désespéré, d'être transférée près de sa fille Hannah après l'accouchement, elle lui révèle sous le coup de la colère que l'enfant n'est pas de lui. «Elle a oublié sa place», estime-t-il ensuite dans une discussion avec sa femme. Son «insolence» et l'envie d'avoir le bébé au plus vite les poussent à vouloir déclencher l'accouchement. «Il doit bien y avoir des moyens pour l'encourager à sortir», soulève le Commandeur, tandis que Serena approuve : «Je pense qu'il faut privilégier la méthode naturelle».

Un viol peut-il être pire qu'un autre?

Le téléspectateur pensera vite au pire, et il aura raison. June, qui ne se doute de rien, est convoquée dans la chambre maritale. Serena la fait asseoir sur le lit. «Nous devons aider à sortir le bébé de manière naturelle», lui explique-t-elle en lui plaquant fermement la main contre le matelas. Peu à peu, June comprend ce qu'ils prévoient, et ses protestations ne changeront rien. «Vous allez faire du mal au bébé», chuchote-t-elle, mais leur décision est déjà prise.

En miroir avec la première scène de viol au début de l'épisode, et toutes celles de la première saison, l'Épouse tient les poignets de la Servante au bord du lit, pendant que le Mari descend son pantalon et s'apprête à accomplir son «devoir».

Le viol est brutal, douloureux, June hurle de souffrance, pleure de désespoir, alors que le Commandeur répète des versets de la Bible durant l'acte. «Il faut voir ça comme un travail», répète la voix off de June, en contradiction avec son visage crispé et baigné de larmes. «C'est aussi anodin qu'une abeille avec une fleur», entend-on à nouveau au dessus des cris de terreur. La scène laisse June effarée, en larmes, incapable de bouger, tandis que le couple s'éclipse. La fin d'une «Cérémonie» bien différente de celle d'Emily, qui redescendait sagement sa robe avant de marcher doucement vers la sortie.

La série nous pose là une question difficile : le dernier viol de June était-il pire que celui vécu par Emily? La réponse a beau être «non», car les viols n'ont pas à être comparés sur l'échelle de l'horreur, les sentiments des téléspectateurs ne sont pourtant pas les mêmes durant les deux scènes.

So, about Handmaid's Tale last night... Disturbing! Creepy! Intense!

Maybe a reference to children being separated from their parents? #HandmaidsTale

— Renata (@lurelojo) 21 juin 2018

Après cette scène presque insoutenable, le Commandeur décide d'obtenir une faveur pour June en l'absence de Serena. «Tu le mérites bien», lui glisse-t-il à l'oreille, tandis qu'il l'embarque dans une voiture conduite par Nick, vers une destination inconnue. June est incapable de même répondre à son amant qui l'interroge sur la nuit dernière, et regarde, hagarde, le paysage défiler par la fenêtre. Arrivée dans une grande maison abandonnée perdue au milieu des bois, on la prévient qu'elle n'a «que dix minutes».

Dix minutes pour quoi? Pour retrouver sa fille, Hannah, enlevée il y a déjà plusieurs années. L'aboutissement d'une demande répétée de June à ses ravisseurs. La scène est touchante, déchirante, puis presque aussi difficile que celle du viol lorsque sa petite fille doit lui être enlevée à nouveau. Mais June n'est pas au bout de ses peines : enlacée par Nick sans pouvoir retenir ses hurlements de désespoir, celui-ci a un soudain mouvement de panique en entendant une voiture arriver. Si June se cache bien dans le manoir, Nick, de son côté, est emmené par deux gardes, sous le prétexte que cette zone est interdite.

June voit la seule personne qui tient à elle dans ce terrible monde se faire emmener dans une voiture sombre, tandis qu'elle est laissée, à nouveau, seule au milieu de nulle part, et sans aucun moyen de se déplacer... Avec un bébé qui semble finalement bien décidé à sortir.

«À regarder avec quelqu'un qui vous fera un câlin»

Au terme de cet épisode, qui use autant de violence physique que psychologique, on comprend pourquoi Elisabeth Moss parlait, la veille déjà, d'un épisode «intense, à regarder avec quelqu'un qui vous fera un câlin». Les nombreuses critiques qui se sont fait entendre depuis le début de la saison 2 pour protester contre une violence quasi-systématique et injustifiée envers les femmes dans de nombreuses scènes des premiers épisodes ne devraient pas être rassurées par ce dernier.

Toutefois, cette énième scène de viol a pour mérite d'être plus lourde de sens, et moins «anodine» que les précédentes. Quant à la violence, plus subtile, de la séparation d'Hannah et June, c'est le compte Twitter de la série qui en a le mieux parlé :

«La place d'un enfant est dans les bras de sa mère.»

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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