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«Fame»: vibrant hommage à l’art et à la jeunesse

Il est absolument impossible de rester de glace devant la fougue et la dévotion de ces brillants interprètes...
Paméla Lajeunesse

Quelques semaines après la première de la version scénique du film Les Choristes, c'était au tour des aspirants artistes de l'école Fame de prendre le plancher. Une occasion qu'ils ont saisie haut la main!

Dans cette école new yorkaise plus ou moins intemporelle, où de jeunes gens perfectionnent le chant, le jeu, la danse et la musique, le talent est roi. Si les émissions comme Star Académie, Virtuoses, La Voix et Danser pour gagner ne vous ont pas déjà persuadés du nombre incalculable de Québécois qui possèdent un don artistique, la comédie musicale finira par vous convaincre : durant plus de deux heures et demie, les spectateurs ont eu droit à du slam, de la claquette, du flamenco, de la danse urbaine, du ballet, du violon, des cuivres, du piano, de la batterie, une composition «en direct» et une multitude de tours de chant. Il est absolument impossible de rester de glace devant la fougue et la dévotion de ces brillants interprètes.

Plus que jamais, Fame démontre la solidité grandissante de la comédie musicale à Montréal. De Sister Act à Hairspray, en passant par Grease, Mary Poppins et Footloose, la qualité de chaque production augmente d'année en année. Si bien que le niveau global des comédiens-chanteurs-danseurs n'a jamais été aussi relevé. Et ce, même si aucun des interprètes de Fame ne vole la vedette comme par le passé.

Alors que Joëlle Lanctot, Philippe Touzel, Éléonore Lagacé et Gardy Fury nous donnaient l'impression d'être une tête au-dessus de tout le monde, avec leur capacité à jouer, chanter et danser, avec une authenticité et un panache hors catégorie, personne dans Fame n'attire tous les regards. Et ce n'est pas nécessairement un défaut. La cohésion des talents est une qualité dont ne pouvait se targuer aucune des comédies musicales des dernières années, elles qui comptaient toujours dans leurs distributions un chanteur qui jouait incroyablement faux, une personnalité connue qui ne savait plus jouer, un comédien avec un filet de voix qu'on tentait d'enterrer ou un jeune artiste avec des contacts qui ne méritait pas sa place dans la troupe.

La comédie musicale «Fame»

Cela dit, n'allez pas croire que Fame est dénuée de moments marquants. Dans son rôle de professeure de français sévère, mais bien intentionnée, Marie-Denise Pelletier a reçu une ovation debout en plein spectacle, au terme d'un solo pendant lequel elle a démontré à quel point elle possède l'une des plus grandes voix du Québec, même si elle se démenait avec une chanson affreusement mal écrite d'un point de vue rythmique et mélodique.

De son côté, le jeune Ibrahim Elmi Galib a offert une série de mouvements hip hop époustouflants, en plus de livrer une portion slamée fort convaincante, mais son jeu était inégal, ses capacités vocales limitées et son timing d'acteur laissait parfois à désirer. En le regardant aller, on a l'impression que le rôle qu'il interprète, Tyrone le jeune danseur surdoué qui doit être poussé pour exceller, lui colle parfaitement à la peau : s'il apprend à canaliser son talent brut, il pourra devenir un des grands.

Quelque 38 ans après la création du film Fame, on apprécie tous les moments où la comédie musicale nous plonge dans des réflexions - toujours pertinentes - sur les inégalités raciales et sociales, le cadre dans lequel la société veut enfermer les artistes et les marginaux, l'orientation sexuelle, le désir de célébrité instantané et le travail de longue haleine. Et cette année encore, on salue l'extraordinaire capacité de Serge Postigo de créer une mise en scène aussi vivante et la belle variété des chorégraphies en groupes, en duos ou en solo.

Par contre, on doit soulever l'inégalité du jeu entre les acteurs, la présence incongrue d'un personnage à l'accent italien-franco-anglo-acadien-des-Îles-de-la-Madeleine, la diction défaillante de plusieurs jeunes interprètes (qui auraient intérêt à prendre des notes en écoutant l'impeccable Marie-Denise Pelletier), le son qui laissait souvent à désirer, avec une musique qui enterrait souvent les chanteurs pourtant très en voix (un problème récurrent d'année en année), ainsi que les trop nombreuses portions de chansons dont la traduction rendait le mariage entre la prononciation et le rythme incongru, empêchait la voix de se déposer correctement et créait quelques moments légèrement embarrassants.

Par-dessus tout, mentionnons le malaise ressenti durant le numéro d'un apprenti comédien qui faisait état de son incapacité à contrôler son sexe endiablé... dans une comédie musicale produite par le festival jusqu'à tout récemment associé à Gilbert Rozon! Sachant que le moment n'apporte absolument rien à l'histoire, on aurait pu le couper.

N'empêche, on sort du Théâtre Saint-Denis avec l'urgent besoin de danser, de crier, de courir et de chanter la seule chanson connue du spectacle.

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