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Catherine Beauchamp, l’infatigable travailleuse

Catherine Beauchamp a été l'objet d'un hommage au gala des Femmes du cinéma, de la télévision et des médias numériques.
Courtoisie Catherine Beauchamp

Après une décennie à fouler les tapis rouges des premières et des grands festivals de cinéma avec son célèbre micro rose, Catherine Beauchamp a été l'objet d'un hommage au gala des Femmes du cinéma, de la télévision et des médias numériques (FCTMN) au début mai, quelques semaines avant de recevoir une 12e nomination au Gala des prix Gémeaux.

Dans les médias, plusieurs te perçoivent comme une ultra travaillante. Que penses-tu de cette image?

Je suis hyper contente de savoir que les gens reconnaissent que je suis une battante, tenace, que je me suis revirée de bord 385 fois en dix ans et que je me suis réinventée en donnant toujours de la qualité. Mais mon travail est-il reconnu à la hauteur de l'énergie que j'ai investie dans Le Tapis Rose depuis 10 ans? Je ne suis pas certaine. Il y a encore de gros préjugés dans le milieu télévisuel. Si tu n'animes pas à la télé, on ne veut pas de toi dans la liste d'invités de plusieurs émissions. Je ne fais pas partie des vedettes d'usage qu'on invite sur les talk-shows à tour de rôle. Il y a une espèce de snobisme en trame de fond.

Tu penses quoi de la vidéo préparée pour ton hommage au gala des FCTMN?

Ça m'a fait plaisir! Parmi les gens qui ont parlé, il y a entre autres Véronique Cloutier et France Beaudoin que j'adore. J'ai rencontré France il y a plusieurs années, quand elle animait l'événement soulignant les 50 ans du magazine Châtelaine et que j'y tournais une vidéo. On partageait la même loge et on a parlé pendant trois heures! Ça a vraiment cliqué entre nous. J'ai aussi développé une relation avec Véronique Cloutier avec le temps. On n'est pas amies dans la vie, mais c'est une des personnes que j'ai rencontrées le plus souvent en entrevue, avec Xavier Dolan. Comme j'ai une grande mémoire de ce qu'on se dit en entrevue, je n'ai pas besoin de réécouter ce qu'on s'est raconté la fois précédente. C'est une conversation qui se continue avec Véro. Ça permet d'aller plus en profondeur.

Il y a 10 ans, pourquoi as-tu lancé Le Tapis Rose?

J'ai longtemps rêvé de travailler à Flash, mais comme il n'y avait pas de volet reporter dans le programme de communications à l'Université Laval, j'avais mis de côté ce rêve-là. Je suis allée travailler dans une agence de pub, mais je n'étais pas super heureuse. J'avais l'impression d'être juste au service des autres. Je n'avais pas le sentiment d'exister. Plus tard, en faisant de la radio à CIBL, j'ai réalisé une entrevue avec le cinéaste Claude Lelouch. Je pouvais mettre en ondes trois extraits de trente secondes, alors que j'aurais voulu que ces moments-là durent bien plus longtemps! J'ai donc eu l'idée de les filmer. J'ai fait un démo pour le film Les 3 p'tits cochons en 2007: je voulais interviewer Patrick Huard, mais comme il manquait de temps, on m'a demandé de le rencontrer sur le tapis rouge. Je suis arrivée avec mon kodak et j'ai eu un coup de coeur!

Tu ne voulais pas également créer ton propre travail?

Il y avait aussi ça. Je m'étais dit que je ferais une série de vidéos pour les montrer à des producteurs, en espérant que quelqu'un me trouve tellement chouette qu'il m'engage. Mais, ça ne s'est pas passé de même. Je me suis ramassé avec 10 vidéos et j'ai décidé de faire un site web comme si j'avais mon propre show télé. Comme on était dans un élan de girl power, j'ai eu l'idée d'appeler ça Le Tapis Rose de Catherine.

Pourquoi tes vidéos se concentrent-elles davantage sur le côté féminin désormais?

Quand j'ai gagné mon deuxième prix Gémeau, j'étais fatiguée de porter le projet à bout de bras. En marchant dans l'allée, je me suis dit que je pourrais soit remercier les gens et leur dire que c'était terminé, faute d'argent. Ou leur annoncer que je porterais désormais une attention particulière aux femmes en entrevues. Et c'est ce que j'ai annoncé sur scène, il y a trois ans, soit bien avant le mouvement de girl power qu'on connaît aujourd'hui. Maintenant, tout le monde veut parler des femmes. On peut donc dire que j'ai innové deux fois, en lançant un magazine web il y a 10 ans et en mettant l'accent sur les femmes.

Tu n'as pas délaissé le cinéma pour autant, comme en fait foi ta couverture du Festival de Cannes. Pourquoi couvres-tu encore l'événement?

J'ai grandi en voyant Xavier Dolan éclore et j'ai envie de suivre son travail. C'est très difficile de faire une bonne couverture à Cannes, mais à un moment donné, j'ai trouvé mes aises là-bas. Ça me donne la motivation d'y retourner. Je rapporte un contenu unique qu'on ne voit pas au Québec. Mais c'est un grand investissement: entre 15 000 et 18 000 $ pour les billets d'avion des membres de mon équipe et la location d'une maison.

Qu'est-ce qui a changé entre ta première et ta huitième couverture du festival?

La première année, je pensais que j'aurais un accès privilégié à Xavier Dolan, parce que je suis québécoise. Mais c'était hyper compliqué. Il venait présenter Les amours imaginaires, son deuxième film, et il était en train de devenir une superstar. Tout le monde se l'arrachait. Ç'a pris quatre ou cinq jours pour que je puisse lui parler. J'ai passé toute la semaine à pleurer. J'essayais de trouver quelqu'un pour m'aider à rentrer dans ce cercle. Je me suis fait barouetter pas mal. Et j'ai fini par l'avoir en entrevue... Cannes a souvent été une expérience éprouvante. Mais, maintenant, les gens du festival me reconnaissent. J'ai une carte avec un accès privilégié qui facilite beaucoup mon travail. J'ai monté en grade.

Quand tu es devenue chroniqueuse au 98,5, as-tu été soulagée de faire partie d'une gang, au lieu de tout gérer seule?

Oh oui! J'ai une équipe et des collègues que j'adore. On bâtit un show ensemble. Avec Le Tapis Rose, il y a une coproduction avec Trio Orange, mais je suis quand même pas mal toute seule. À la radio, je travaille le week-end avec l'animateur Matthieu Beaumont et j'ai remplacé avec presque tous les animateurs de la station: Paul Arcand, Paul Houde, Isabelle Maréchal, Bernard Drainville, Marie-Claude Lavallée. Comme je dois m'adapter à leur style, je deviens très solide.

Qu'est-ce que tu aimes de la radio?

C'est la plus belle affaire qui me soit arrivée! Ça m'a décollé de ce que je fais avec Le Tapis Rose, en me permettant de goûter à un autre genre de contenu, la culture au sens large, et en me faisant faire des entrevues autrement. Comme ce n'est pas filmé, il faut donner plus de détails. Je ne pose pas les questions de la même façon. Ça m'a donné plus confiance en moi et ça m'a rendue meilleure animatrice télé.

Comment as-tu réagi à ta 12e nomination aux Gémeaux?

Après dix ans, et en considérant que le niveau de qualité web a crinqué grave, je n'en reviens pas d'être encore là! J'étais vraiment contente!

Pour suivre Le Tapis Rose de Catherine

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