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«Soupers de filles»: Pascale Wilhelmy écrit sur la puissance de l’amitié

Pascale Wilhelmy revient à la littérature avec un ton plus léger.
Courtoisie Pascale Wilhelmy

Après trois romans traitant de sujets délicats comme le suicide, l'inceste et les peurs, l'animatrice et écrivaine Pascale Wilhelmy revient à la littérature avec un ton plus léger. En s'inspirant d'un groupe d'amies qu'elle a rencontrées sur le tournage de Star Académie en 2003, elle a écrit le premier tome d'une série autofictive.

Courtoisie

Tu publies ton premier livre depuis 2015, après en avoir publié trois coup sur coup. Pourquoi cette attente?

Je n'avais plus rien à donner. Après le décès de mon père à l'été 2016, j'avais perdu l'envie d'écrire. Et je suis de celles qui croient qu'il ne faut pas pousser l'inspiration. Ça doit se faire naturellement, dans le bonheur. C'est étrange, parce que mon père enseignait le français et la littérature. Il avait une plume extraordinaire. C'était un poète inconnu, mais fantastique. C'est comme si une partie de ça était partie avec lui, mais que c'était revenu. Un matin, j'ai ouvert l'ordinateur, et l'inspiration est réapparue comme un cadeau. J'avais laissé le temps à ma peine.

Pourquoi voulais-tu explorer l'autofiction?

J'avais envie faire quelque chose qui ressemble davantage à ce que je suis profondément. Dans mes trois premiers romans, j'abordais le suicide, l'inceste, l'agression sexuelle et les peurs. Je n'ai rien vécu de ça, mais ça rejoignait la partie sombre de moi. Je l'ai complètement explorée. Là, j'avais besoin de montrer l'autre part de ce que la vie peut être pour moi. Les moments où je suis heureuse dans la vie, il y en a plein. Quand je suis avec ce groupe de femmes là, je trouve ça fantastique. Dans le livre, je ne raconte pas les soupers, mais la vie des femmes. Je voulais nous rendre hommage. Il y a beaucoup de solidarité dans nos soupers.

La thématique des soupers de filles peut sembler simple, mais ça dépend de ce que l'auteur en fait. Comment l'exploites-tu?

Je voulais pas quelque chose de simpliste justement. J'avais envie d'aller au cœur des préoccupations des femmes d'aujourd'hui. Certains soupers sont plus légers que d'autres, mais chaque rencontre abordait soit la solitude, les rêves déçus, nos déceptions, nos bonheurs. Je désirais illustrer tout ça et le pouvoir de l'amitié. Il n'y a pas un souper de filles dont je ressors sans être inspirée et énergisée. Ça finit rarement par du placotage. Je suis la spécialiste des tours de table, des questions sur leur échelle du bonheur, sur leur plus beau moment depuis qu'on s'est vues, etc.

On comprend que ton personnage, la narratrice, est celle qui rassemble les filles et qui les protège. Es-tu une amie-maman?

J'ai un côté maternel très développé, mais je trouve que le mot peut être péjoratif. Je préfère dire que je suis bienveillante avec les gens que j'aime. Je suis hypersensible, donc je suis capable de mesurer assez rapidement comment va quelqu'un. J'ai envie de prendre soin d'elles, de les accueillir et de les écouter. Je sais que si on est six autour d'une table, ce n'est pas vrai qu'on va toutes bien. Il y a beaucoup de souffrance autour de nous et je trouve qu'on devrait tous s'écouter davantage les uns les autres.

Est-ce que je me trompe si j'affirme que le livre n'a pas un arc dramatique avec la quête traditionnelle d'un personnage avec son début, son milieu et sa fin, mais que tu voulais installer une ambiance, un univers?

J'ai voulu installer un univers pour des suites. Le temps d'installer cinq filles pour les connaître et apprendre à les aimer, malgré leurs défauts, c'est particulier. Je l'ai fait maintenant. Le plus beau compliment qu'on puisse me faire sur mon livre, c'est qu'on aime les filles. Plus tard, je vais aller plus loin à travers ces personnages, sans me concentrer uniquement sur leurs soupers de filles.

Peux-tu décrire en une phrase chacune des filles que les lecteurs vont découvrir?

Lilie, c'est ma romantique, celle qui vit dans sa propre réalité et qui embellit les choses. Elle rêve vraiment du grand amour. Alex, c'est mon héroïne, qui fait une job tough physiquement, camérawoman. Elle en a beaucoup sur les épaules, elle voyage, elle est forte. Elle n'a pas peur. Elle peut sembler tough, mais c'est une grande sensible. Kim a été marquée par son enfance. C'est une insécure malgré ce qu'elle projette. Elle a une grande fissure non guérie qu'on va découvrir plus tard. Elle est pleine de contradictions. Juliette a plein de convictions. Elle ne veut pas d'enfants... et c'est ben correct comme ça. C'est une fille hyper organisée, mais elle va voir à quel point la vie peut nous surprendre.

Dirais-tu que la narratrice vit par procuration la vie amoureuse et sexuelle de ses amies, pendant qu'elle s'impose le célibat?

Même pas! Il n'y avait aucune procuration. Il n'y avait rien. J'avais besoin de me reconstruire. J'avais perdu confiance un peu. Il n'y avait plus de place pour les relations. J'avais besoin d'une pause. C'était ma première période de célibat depuis l'âge de 16 ans.

Tu écris que les cinq amies sont à la fois proches et étrangères. Qu'elles ne se disent pas tout. Pourquoi?

Au début, on commençait à se connaître. On ne mesurait pas à quel point cette amitié-là deviendrait importante. Et quand ça fait deux ou trois ans que tu fréquentes les mêmes amies, tu n'as pas tout traversé avec elles. Aujourd'hui, on s'en dit davantage. Par contre, j'ai peur au prochain souper qu'elles m'en disent moins, à cause du livre. Elles ne m'ont pas partagé leurs réactions encore. Je ne te dis pas que ça m'inquiète, mais...

Trouves-tu que ta plume a évolué depuis 2013?

J'avais un style très clair sans le savoir, dès le premier roman. Il vient de ma difficulté d'attention. Si les phrases sont trop longues dans un roman, je me perds complètement. J'écris de cette façon-là. J'écris de courtes impressions, comme du petit point. J'espère avoir évolué, mais sans rien forcer. Sans vouloir faire d'effets.

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