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L’égalité des sexes au G7 : pas question de pointer Donald Trump du doigt

«Les politiciens passent et les actions demeurent», note Isabelle Hudon, coprésidente du Conseil consultatif sur l’égalité des sexes.
Isabelle Hudon ne s'imagine pas que tous les leaders du G7 vont adhérer aux propositions du conseil, admet-elle en entrevue avec le HuffPost Québec.
HuffPost Québec
Isabelle Hudon ne s'imagine pas que tous les leaders du G7 vont adhérer aux propositions du conseil, admet-elle en entrevue avec le HuffPost Québec.

QUÉBEC – Le Conseil consultatif sur l'égalité des sexes, créé par le premier ministre Justin Trudeau, présentera l'ensemble de ses recommandations aux leaders du G7 samedi matin. Ce sera l'occasion de faire passer quelques messages à tous les dirigeants – pas seulement au président américain Donald Trump.

L'ambassadrice Isabelle Hudon, qui copréside le conseil de pair avec la philanthrope Melinda Gates, reste réaliste quant à ses attentes. «On fera consensus sur le sujet, mais on ne fera pas consensus sur les 102 recommandations. Et vous savez quoi? Je suis parfaitement à l'aise ainsi. Mais il n'y a aucun des sept leaders qui va pouvoir se faufiler», dit-elle en entrevue.

Le premier ministre Justin Trudeau, aux côtés de l'ambassadrice Isabelle Hudon et de la philanthrope Melinda Gates.
LA PRESSE CANADIENNE
Le premier ministre Justin Trudeau, aux côtés de l'ambassadrice Isabelle Hudon et de la philanthrope Melinda Gates.

Les 21 membres du conseil – dont font partie Malala Yousafzai, récipiendaire du prix Nobel de la paix, et Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international – ont le mandat de s'assurer que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes soient «à la fois un thème autonome et transversal dans toutes les délibérations du G7».

Mme Hudon s'attend-t-elle à ce que le président américain soit réceptif à son plaidoyer en faveur de l'égalité hommes-femmes? L'ambassadrice du Canada en France et à Monaco répond qu'elle ne va pas à La Malbaie pour «intimider» ni pour cibler directement M. Trump. Elle ajoute du même coup que les États-Unis ne se résument pas qu'à un seul homme.

On ne peut pas croire ou rêver que demain, les sept leaders vont dire oui à tout ce qu'il y a dans notre rapport.

«Les politiciens passent et les actions demeurent, laisse-t-elle tomber. Alors, je ne m'en vais pas nécessairement parler à Donald Trump. Je m'en vais parler à sept leaders de sept économies extrêmement industrialisées qui peuvent faire beaucoup pour leur pays et qui peuvent également avoir beaucoup d'influence auprès des leaders à travers la planète.»

Malgré tout, la coprésidente du conseil reste assez pragmatique dans ses attentes. «C'est la première fois qu'au G7, le sujet est discuté de cette façon. On ne peut pas croire ou rêver que demain, les sept leaders vont dire oui à tout ce qu'il y a dans notre rapport. Mais on veut réveiller et nourrir la compréhension et la conscience de ces leaders-là qu'il faut faire autrement et plus vite.»

Marie-Claude Bibeau, ministre canadienne du Développement international et de la Francophonie.
Bloomberg via Getty Images
Marie-Claude Bibeau, ministre canadienne du Développement international et de la Francophonie.

L'aide internationale, «toujours un défi»

Le conseil recommande, notamment, que les pays s'engagent à consacrer 0,7% du revenu national brut à l'aide publique au développement – environ la même cible que l'ONU – et que 20% de ces investissements fassent la promotion des droits des femmes et des filles.

Or, le gouvernement Trudeau est bien loin de cette cible. Il consacre plutôt la moitié de ce pourcentage, comme le gouvernement Harper avant lui. En revanche, les libéraux dépensent chaque dollar avec l'accord des femmes dans leur politique internationale dite «féministe».

«C'est toujours un défi, pour chaque gouvernement, à chaque année», admet Mme Hudon, qui est la seule membre liée à l'administration Trudeau dans le conseil. «J'ai déclaré dès le début que j'étais confortable à être inconfortable avec certaines recommandations parce que je n'ai pas voulu qu'on nivelle vers le bas.»

La parité sur les C.A. d'ici 2030?

Mme Hudon considère qu'il est «assez réaliste» d'espérer avoir la parité sur les conseils d'administration des organismes publics d'ici 2030 dans les pays du G7. Il s'agit d'une autre recommandation du Conseil consultatif sur l'égalité des sexes.

«Quand la volonté politique est là, on peut y arriver, dit-elle. Mais il faut s'activer, il faut accélérer, il faut rendre les femmes plus visibles, les candidatures féminines plus visibles, et il faut également pousser les femmes à ce qu'elles lèvent la main ou les deux mains pour se rendre disponibles et faire valoir leur expertise.»

L'ambassadrice considère que les femmes ont aussi une «responsabilité» pour s'assurer qu'elles sont bien représentées sur les conseils d'administration et les positions exécutives – et ce, même au privé.

La première ministre britannique Theresa May et la chancelière allemande Angela Merkel.
AFP/Getty Images
La première ministre britannique Theresa May et la chancelière allemande Angela Merkel.

Plus de femmes au sommet du G7?

À l'heure actuelle, Theresa May (Grande-Bretagne) et Angela Merkel (Allemagne) sont les deux seules femmes dans le club du G7. Mme Hudon laisse tomber qu'il serait «fort plaisant» de voir d'autres chefs d'État femmes dans un avenir rapproché.

«On a besoin de nos leaders d'aujourd'hui pour changer la direction de demain. Qui sont les leaders d'aujourd'hui? Majoritairement des hommes. Alors il ne faut pas qu'ils se sentent exclus et il faut également leur donner le goût et les moyens d'agir.»

Le conseil sur l'égalité des sexes devrait se poursuivre au G7 l'année prochaine, lors de la présidence de la France.

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