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Les États-Unis plus que jamais isolés au G7 Finances

«C'est à eux de faire un geste désormais.»
Carlo Allegri / Reuters

Les ministres des finances du G7, réunis au Canada, vont achever leurs débats samedi avec des Etats-Unis plus isolés que jamais en raison de leur politique commerciale agressive qui suscite indignation et inquiétude pour la croissance mondiale.

Au moment où l'économie de la planète affiche un taux de croissance (+3,9%) solide et inédit depuis la crise financière de 2008, Allemagne, Canada, France, Japon, Italie et Etats-Unis auraient dû plancher, à Whistler (nord de Vancouver), sur les recettes pour faire en sorte que cette croissance soit partagée par le plus grand nombre.

Le chômage a baissé dans le monde entier. 120 sur 190 pays membres du Fonds monétaire international (FMI) participent à ce mouvement d'expansion, a ainsi rappelé cette semaine sa directrice générale Christine Lagarde qui participait au G7.

Pour autant, des efforts restent encore à faire pour inclure les pays les plus pauvres ou encore les femmes, ce qui devait être l'autre grande thématique de cette réunion.

"Malheureusement", ont déploré Canada, France et Allemagne, ces discussions ont été entièrement éclipsées par le spectre d'une guerre commerciale, l'administration Trump étant montée d'un cran dans son offensive contre ses alliés en mettant en oeuvre vendredi de nouvelles taxes douanières sur leurs importations.

Et le contraste est saisissant entre le lieu choisi pour ce G7, une station de ski chic et paisible, et la tension à peine contenue des participants.

Le ministre des Finances canadien Bill Morneau a ainsi signifié à son homologue américain Steven Mnuchin dans "des mots durs", selon ses propres termes, le "complet désaccord" d'Ottawa avec Washington qui a imposé des droits de douanes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium européen, canadien et mexicain.

"Cette réunion du G7 est plutôt un 'G6 + 1' avec des Etats-Unis seuls contre tous, qui font courir le risque de déstabilisation économique à la planète", a ainsi résumé vendredi le ministre français des Finances Bruno Le Maire.

Avant même le début des discussions, les pays avaient prévenu qu'il n'y aurait pas de "communiqué final", en d'autres termes, qu'ils ne seraient pas en mesure de trouver un consensus pour écrire une déclaration commune.

Des sources européennes et canadiennes ont en outre indiqué à l'AFP que Steven Mnuchin n'avait eu d'autre choix que de "prendre acte du mécontentement" et des récriminations des alliés américains sans toutefois être en mesure d'y répondre.

Le secrétaire américain au Trésor a en outre renvoyé la résolution du contentieux au sommet des chefs d'Etats qui se déroule la semaine prochaine au Québec.

La France a signifié que désormais "la balle était exclusivement dans le camp des Américaines" pour éviter une guerre commerciale qui pourrait compromettre la solidité de la reprise économique mondiale tirée par le volume des échanges de biens et services dans le monde (+4,9% en 2017).

"C'est à eux de faire un geste désormais" pour désamorcer la crise commerciale, ont estimé des sources européennes.

Le Canada a répété instamment que cette guerre ne ferait que des perdants et serait "nuisible pour l'économie canadienne, et nuisible pour l'économie américaine".

L'Union européenne et le Canada ont d'ores et déjà saisi l'Organisation mondiale du commerce tandis que le Mexique a pris des représailles sur des produits américains.

De l'avis de tous, la guerre commerciale n'est toutefois pas encore déclarée, tant que le président américain Donald Trump ne met pas à exécution ses menaces d'imposer des taxes sur l'automobile.

Si tel était le cas, les ondes de choc sur l'économie seraient bien plus incontrôlables, le secteur automobile étant au coeur des échanges du commerce mondial.

Reste à savoir aussi comment va évoluer l'autre grand front commercial ouvert contre la Chine par Donald Trump. Son secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, est arrivé à Pékin samedi pour trois jours de nouvelles discussions.

Les Etats-Unis réclament une ouverture accrue du marché chinois et la réduction de 200 milliards de dollars par an du déficit des échanges avec la Chine (375 milliards de dollars en 2017). Pour l'heure, Pékin n'a pas accepté ce montant jugé "irréaliste" par certains économistes.

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